#LetCubaLive : Cuba touchée par une panne de courant, l'ouragan Oscar et 60 ans de blocus américain

Que se passe-t-il à Cuba ?

Depuis vendredi dernier, les 10 millions d'habitants de Cuba étaient privés d'électricité. La cause : une panne qui a touché la principale centrale thermoélectrique du pays, ce qui a entraîné la paralysie complète du réseau. L'île toute entière a été plongée dans l'obscurité.

Ce n'est qu'au bout de trois jours que l'alimentation en électricité a été plus ou moins rétablie, principalement dans la capitale, La Havane. 

Pendant ce temps, l'île a également dû faire face à l'ouragan Oscar. Il a touché terre dimanche soir, avec des rafales de vent de plus de 120 kilomètres par heure. Des arbres et des lignes électriques ont été arrachés, tout comme les toits de nombreuses maisons. Le long de la côte, les vagues ont atteint quatre mètres de haut. 

De fortes précipitations, parfois supérieures à 254 millimètres, ont provoqué des glissements de terrain et des inondations dans l'est du pays. Les dégâts sont encore en cours d'évaluation, mais au moins six personnes ont déjà perdu la vie, les intempéries ayant provoqué des affaissements de terrain dans des villages situés dans les montagnes de la Sierra Maestra. Une situation inédite.

L'approvisionnement en électricité est encore loin d'être stable, notamment parce que les réparations sont très complexes et qu'un seul poteau électrique renversé pourrait entraîner des complications à grande échelle. 

De plus, la saison des ouragans se poursuit jusqu'en novembre. Les Cubains retiennent donc leur souffle, en attendant que leur incroyable résilience soit une nouvelle fois mise à l’épreuve.

Quelles sont les causes de la panne de courant ?

Pourquoi l'alimentation électrique de Cuba est-elle de si piètre qualité ? Derrière ce déficit se cache un ensemble de causes qui se renforcent les unes les autres. C'est ce concours de circonstabces, cette tempête parfaite, qui a plongé Cuba dans sa plus grande crise depuis 30 ans.

• Le blocus américain

Le premier et principal facteur, d'où découle tout le reste, est le blocus économique, financier et commercial imposé par les États-Unis. En raison de ce blocus, l'île ne connaît pas de développement économique normal depuis plusieurs décennies.

Les pays et les entreprises européens, ainsi que ceux du Sud global, sont en réalité obligés de se plier aux lois américaines sur le blocus. Autrement, ils s'exposeraient à de lourdes amendes de la part du gouvernement des USA, ou à des représailles de la part des actionnaires américains de leur entreprise. 

Après tout, les États-Unis et leur dollar dominent toujours le marché économique et financier mondial, et les multinationales américaines ont déployé leurs tentacules dans les entreprises du monde entier.

En outre, l'ancien président Donald Trump a réinscrit Cuba sur la liste américaine des pays soutenant le terrorisme dans les derniers jours de son mandat, rendant impossible la réalisation de transactions financières internationales normales.

En raison du blocus, depuis des années, Cuba connaît une pénurie chronique de devises fortes pour réaliser des investissements dans les différents secteurs de la société. 

La qualité des soins de santé est par exemple soumise à une pression énorme en raison de pénuries de médicaments et de matériel de soins. De plus, la modernisation indispensable des infrastructures de production et de transport d'électricité ne peut pas non plus être mise en œuvre. Seule une maintenance limitée des installations très vétustes est abordable.

• La pénurie de carburant

L'électricité cubaine est produite par huit centrales thermoélectriques vieillissantes, et par plusieurs centrales flottantes louées à des entreprises turques et situées au large des côtes cubaines. L'électricité de toutes ces centrales est produite à partir de combustible, dont Cuba ne dispose pas et qu’elle doit importer. Avec des devises étrangères qu'elle possède à peine.

Les pannes d'électricité dues aux pénuries de carburant étaient déjà plus fréquentes sur l'île. Il y a quelques années encore, Cuba pouvait bénéficier d'accords commerciaux avantageux avec le Venezuela, producteur de pétrole. Mais ceux-ci sont tombés lorsque ce pays a lui aussi été soumis à une série de sanctions imposées par le gouvernement américain à partir de 2014. Les sanctions des USA imposées aux fournisseurs d’énergie de Cuba nuisent donc également à l’île. 

Depuis lors, l'approvisionnement en carburant est précaire et il y a des pénuries occasionnelles, mais la dernière panne totale remonte à septembre 2022, après le passage d'un énième ouragan.

• La crise climatique

Pour couronner le tout, en raison de conditions météorologiques difficiles, un certain nombre de navires d'approvisionnement en pétrole n'ont pas pu appareiller. Le gouvernement a d’ailleurs annoncé la semaine passée qu'il faudrait quelques jours pour assurer une distribution d’électricité suffisante. 

Cuba sera encore en pleine saison des ouragans jusqu'en novembre, et le mauvais temps dans les eaux caribéennes compromet les approvisionnements. 

Cette livraison prévue et payée, mais qui n'a pas pu avoir lieu, a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Cuba ne dispose d’aucune marge d'erreur en matière d'approvisionnement en énergie.

Comment le gouvernement aborde-t-il cette situation complexe ?

Pour faire face à l'urgence, le gouvernement a déclaré la suspension de toutes les activités non essentielles. Les écoles, les restaurants et les administrations ont fermé. Seuls les hôpitaux et les magasins d'alimentation proposant des produits périssables sont restés ouverts. Les hôpitaux et d'autres secteurs vitaux fonctionnent avec des générateurs d'urgence.

Pendant ce temps, Cuba travaille d'arrache-pied pour rétablir la production et l’approvisionnement d'électricité. La population est informée en continu et en détail des progrès et des revers de cette mission, par des personnes sur le terrain et par le biais des réseaux sociaux. 

Des soupes populaires sont organisées pour proposer des repas chauds aux personnes qui sont dans le besoin parce qu’elles ne parviennent plus à conserver leurs aliments. Face à cette énième épreuve, les Cubains se donnent la main et font preuve d’une solidarité exemplaire.

Mais les efforts du gouvernement pour rétablir la situation sont comme un plâtre sur une jambe de bois tant que les grands investissements nécessaires ne sont pas mis en œuvre. Le mécontentement des Cubains est donc très élevé, et il est alimenté par les rumeurs et par tous ceux qui préféreraient voir disparaître la société socialiste unique de Cuba.

Renforcer l'opposition mondiale au blocus

L'urgence ne pourra être résolue structurellement qu’avec la levée du blocus américain. L'ensemble de la communauté internationale s'est prononcée en ce sens à plusieurs reprises. 

La semaine prochaine, le 30 octobre, de nombreux votes s’opposeront à nouveau au blocus américain à l’Assemblée générale de l’ONU. Ce sera déjà la 32ème fois.

Nous demandons à la Belgique et à l'Union européenne de réitérer leur ferme condamnation des sanctions unilatérales imposées à Cuba, afin d'envoyer un signal clair aux États-Unis. Nous leur prions également de joindre l’acte à la parole.

L'une des forces de Cuba réside dans la solidarité internationale dont elle fait l’objet. En effet : de nombreux pays, organisations et citoyens sont aujourd'hui solidaires avec l'île en détresse. Le PTB est lui aussi solidaire avec Cuba.