« Les résultats des élections aux Pays-Bas sont douloureux, mais pas inattendus »
Ce 22 novembre, l’extrême droite du parti PVV et de son président Geert Wilders, est arrivée en tête des élections aux Pays-Bas. Peter Mertens, secrétaire général du PTB, partage son analyse
Le cocktail de dizaines d’années d’austérité aveugle, de bureaucratie et de marchandisation avait déjà montré ses conséquences lors des élections provinciales du 15 mars dernier.
Aucune leçon n’en a été tirée. Au contraire. On a couru après l’extrême droite qui tape toujours vers le bas. Peut-être faudrait-il plutôt regarder vers le haut ?
Les services publics ont été privatisés et ceux qui sont restés publics ont été dépouillés ; l'éducation et les soins de santé sont passés aux mains managers professionnels ; l’accueil de la petite enfance est devenue une cible pour les fonds d'investissement privés ; les logements sociaux sont devenus l'ombre de ce qu'ils ont été ; et le marché du travail néerlandais est devenu le plus flexible de toute l'Union européenne : un travailleur sur trois bénéficie d'un contrat de travail flexible ou précaire.
Les salaires n’ont pas bougé et les profits ont explosé. Une terrible pauvreté s’est installée de plus en plus, à côté d’une obscène richesse. Près d’un million de Néerlandais est passé sous le seuil de pauvreté. D’après les derniers comptages, 32 000 personnes sont sans abri. Les banques alimentaires, qui comptaient en 2008 quelque 6000 clients, ont vu ce nombre augmenter jusqu’à 120 000. Dans le même temps, le nombre de millionnaires a atteint un record : 317 000 citoyens possèdent une fortune de plus d’un million d’euros.
C’est le résultat de la politique de ces vingt dernières années. Une politique menée par tous les partis du centre. Si on veut arrêter l’extrême droite, il faudra rompre avec ces politiques néolibérales, plutôt que de continuer à prêcher ces mêmes recettes.
Et oui, c’est possible. Si on ose regarder vers le haut au lieu de taper vers le bas.
(*les chiffres sont basés sur l’excellent texte d’ Ewald Engelen dans De Groene Amsterdammer)