Les gardiens de prison envoient un signal : « les promesses doivent être tenues »
La surpopulation reste un grand problème en prison alors qu’il manque de personnel. Cela rend la situation difficilement tenable et dangereuse. Et quelle est la réponse du gouvernement ? Imposer un service minimum et une réquisition des agents en cas de grève. Or, dans plusieurs prisons le nombre d’agents nécessaire pour répondre au service minimum est plus élevé que le nombre d’agents disponible pendant une journée de travail ordinaire. Le front commun syndical a annoncé une journée de grève nationale dans les prisons belges ce jeudi 12 décembre.
Il s’agit d’un signal d’avertissement que les gardiens lancent au ministre et au prochain gouvernement : il faut accorder des moyens à la justice et aux prisons, et arrêter de s’en prendre au droit de grève !
Nos prisons sont une bombe à retardement
Durant des années, le gouvernement a surtout économisé sur les budgets. La situation est devenue de plus en plus intenable. Il y a 10 600 détenus dans les prisons belges alors qu’il y a normalement de la place que pour 9 200. Une de surpopulation de 15 % en moyenne. Dans certains établissements pénitentiaires, notamment les maisons d’arrêt, les détenus sont à trois dans des cellules prévues pour deux. Tout cela alors qu’il manque de personnel depuis des années. Manque d'eau courante ici, bâtiments décrépits là-bas, fuites dans les toitures ailleurs .. il manque aussi d’investissement dans les infrastructures ou encore dans le matériel de base comme les uniformes.
Le manque du personnel combinée à l’infrastructure vétuste et à la surpopulation carcérale ne permet pas d’assurer les droits de base des détenus. Cela amène à des situations très tendues pour les gardiens et empêche de faire un travail correct avec les prisonniers. C’est aussi dangereux pour la société, car les prisons deviennent alors des lieux dont les gens ressortent plus dangereux que quand ils sont entrés.
La situation est intenable. Mi-novembre plusieurs agents ont encore été ainsi agressés et blessés à la prison de Ittre. Tandis qu’une grève a éclaté également à la prison d’Anvers début octobre pour dénoncer le sous-effectif. Le manque d’investissement est une bombe à retardement. C’est pour cela que les travailleurs ont mené de nombreuses actions ces dernières années. Avec à chaque fois la même revendication : qu'on leur accorde le personnel et les moyens nécessaires pour pouvoir faire leur travail.
Les promesses non-tenues du gouvernement
En 2016, le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V) avait promis d’engager du personnel, d’investir dans les infrastructures et de limiter la surpopulation en faisant descendre le nombre de détenus sous les 10 000. Aucune de ces promesses n’a été tenue.
Le ministre Geens dit aujourd’hui qu’il n’arrive pas à trouver du personnel à cause du manque de candidats. Mais les syndicats le disent depuis longtemps : il faut revaloriser le métier pour le rendre plus attractif. Vu les conditions actuelles de travail, peu de gens veulent travailler dans nos prisons.
Le gouvernement ne trouve les droits des détenus importants que pour limiter le droit de grève
La seule mesure que le gouvernement a prise depuis 2016 pour les prisons, c’est le service minimum et la réquisition des agents en cas de grève. Il s’agit d’une très lourde attaque contre le droit de grève que le ministre Geens justifie au nom du droit des détenus. Une hypocrisie complète dénoncée par de nombreux représentants syndicaux qui expliquent que « Geens ne s'intéresse qu'au service minimum pendant les grèves, alors qu’il faudrait quotidiennement un service maximum et des bonnes conditions de travail pour les gardiens et les détenus ».
En voulant imposer le service minimum, les partis de droite (soutenus par les verts et le cdH) ne résolvent rien aux maux des prisons et cassent le thermomètre permettant d’en mesurer l’ampleur. Ils parlent d’imposer 80 % de présence des effectifs en service minimum, mais il arrive régulièrement des jours normaux qu’on ne dépasse pas ce chiffre dans certaines prisons. C’est en fait le service minimum tous les jours mais ça, le gouvernement n’en dit rien.
L’esprit des blouses blanches pour refinancer la justice
Les agents pénitentiaires ont raison de se mettre en action et de défendre le refinancement de la justice. C’est un combat qui unit tous les travailleurs du Nord et du Sud du pays, et qui concerne l’ensemble de la société. Les blouses blanches ont montré que c’était possible d’aller chercher une victoire : en se mobilisant sur la durée et en gagnant le cœur de l’opinion public.