Les coursiers méritent dʼêtre reconnus comme les salariés quʼils sont
Travail au noir. Chauffeurs sans permis. Mineurs d'âge au travail. Ce sont quelques-unes des révélations du secteur de la livraison qui ont fait grand bruit ces dernières semaines. « De l'esclavage moderne », disent à juste titre les syndicats. Que faire pour aider les coursiers ?
« Le politique fait comme si ça tombait du ciel, mais cela fait déjà dix ans que les syndicats tirent la sonnette d'alarme. Cela fait dix ans que la législation est inadaptée. » La députée PTB Maria Vindevoghel a relayé la colère des coursiers et des syndicats au Parlement. Des syndicats qui ont même intenté une action en justice contre ce qui ressemble très fort à de l'esclavage moderne chez les sociétés Post NL et GLS. Mais, du côté des politiques, silence.
Les esclaves obtiennent une voix
Pour les personnes travaillant dans le secteur, il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Prenons l'exemple de Brahim : il travaillait à plein temps pour Post NL, mais n'a reçu qu'un contrat à temps partiel et n'a été payé que pour la moitié. « Tout le monde ici connaît ces pratiques, pourquoi le gouvernement n'a-t-il jamais écouté ? »
Des journées de travail de seize heures. Gagner quatre euros par heure. Des contrats qui mènent les coursiers à la pauvreté. Les menaces des patrons envers des coursiers sans droits. Se sentir traité moins bien qu'un chien. Les témoignages des travailleurs et travailleuses du secteur de la livraison sont choquants, mais nécessaires pour comprendre ce qui se passe.
Pendant longtemps, les décideurs politiques ont ignoré le problème. Ensuite, ils en ont rigolé. Maintenant, les coursiers se lèvent et réclament leurs droits.
Leur part (équitable) du gâteau
Le secteur de la livraison de colis connaît un boom sans précédent. Les bénéfices d'Amazon ont doublé en pleine pandémie, et les profits d'autres entreprises de coursiers comme Post NL et UPS atteignent des sommets. Or les personnes qui font le travail, les coursiers, ne voient rien de tout cela. Il est frappant de constater que l'inspection sociale n'est passée à l'action que lorsqu'une enquête journalistique choquante sur le secteur des coursiers a été publiée. Pendant des années, la Belgique a été à la traîne du peloton européen, avec encore à peine 128 inspecteurs sociaux. Cela représente un inspecteur pour 2 194 entreprises.
Au lieu d'un travail de faux indépendant, les coursiers méritent des contrats fixes bien rémunérés et des horaires réalistes. Sans contrat fixe, les coursiers ne peuvent pas se constituer une pension et se retrouvent sans revenu lorsqu'ils sont malades. Il faut lutter contre cela. Dans le secteur, ce sont les conditions de travail chez DHL International qui sont les meilleures. Là, un syndicat fort et combatif a réussi à faire en sorte qu'au moins 70 % des travailleurs obtiennent un contrat fixe. Le chiffre de 70 % devrait être le minimum pour l'ensemble du secteur.
Enfin, les travailleur doivent eux-mêmes prouver qu'ils ne sont pas des indépendants mais devraient être reconnus comme salariés. Inversons la charge de la preuve. Quand, dans les faits, on travaille pour une entreprise, on mérite un contrat fixe et les avantages qui vont avec celui-ci.