Les assurances engrangent des profits malgré les inondations : le PTB veut les faire payer pour créer un fonds pour les sinistrés
Le service d’études du PTB a montré que les grands groupes d’assurances ont continué à engranger des profits malgré les inondations. « C’est 1,2 milliard de profits net en 2021 pour les quatre groupes d’assurance les plus exposés aux inondations. Cela veut dire que les assurances continuent à s’en mettre plein les poches alors qu’un grand nombre de sinistrés n’ont pas encore été remboursés ou l’ont été insuffisamment. Ça n’est pas acceptable », déclare Julien Liradelfo, député PTB au Parlement wallon. Le PTB veut instaurer une taxe exceptionnelle sur les bénéfices du secteur en 2022 pour financer un Fonds de soutien aux sinistrés.
En Belgique, l'assurance habitation couvre les dommages causés par les catastrophes naturelles depuis le début des années 2000. Toutefois, il existe un plafond pour limiter le versement des indemnités par les compagnies d’assurance. C’est au nom de ce plafond que, suite aux inondations, le ministre-président wallon Elio Di Rupo a conclu un deal secret avec le secteur, qui fait porter la plus grosse partie de l’effort sur les finances publiques. « Les partis traditionnels prétendent que ce plafond sert à maintenir un coût raisonnable pour les primes d’assurance. On constate surtout qu’il permet de garantir les plantureux profits du secteur », dénonce Julien Liradelfo.
En 2021, malgré les inondations, une série d’assurances comme AG insurance et Belfius ont même réalisé des bénéfices supérieurs à l’année précédente. AG Insurance annonce déjà des résultats à la hausse pour 2022. Le député liégeois poursuit : « Les assurances prétendent que l’augmentation des catastrophes naturelles pourrait porter préjudice à leurs affaires, alors qu’elles réalisent des milliards d’euros de bénéfices. Ce qu’elles veulent, c’est que les pouvoirs publics socialisent leurs pertes afin qu’elles puissent générer toujours davantage de profits. »
Au mois d'août, Elio Di Rupo jurait que les primes d’assurance n'augmenteraient pas. Six mois plus tard, elles ont augmenté de 5,6 %, la plus haute augmentation en 15 ans. Et il est probable qu’une deuxième augmentation ait lieu cette année. « Les assurances prennent le beurre, l’argent du beurre et les derniers sous des sinistrés, pointe Julien Liradelfo. Ce qui est d’autant plus grave, c’est que cela se fait avec la complicité des autorités wallonnes et fédérales. »
Le PTB s’oppose à cette logique qui vise à protéger les profits au détriment des citoyens. « Ce n’est pas normal que les assurances fassent autant de profits lorsqu’il y a une telle catastrophe. Nous voulons que les assurances contribuent avec l’introduction d’une taxe exceptionnelle de 50 % sur leurs bénéfices net après impôts de 2022 pour financer un Fonds d’aide aux victimes des inondations. Ce fonds de 600 millions permettra de soutenir les sinistrés qui n’ont pas été remboursés ou ne l’ont pas encore été suffisamment », défend le député PTB.
« Les ministres socialistes Pierre-Yves Dermagne et Elio Di Rupo sont d'une complaisance interpellante avec les assurances. Un an après les inondations, 15 % des victimes n’ont toujours pas reçu la totalité de leurs indemnités et 10 % n’ont même rien reçu du tout. Parmi les personnes considérées comme totalement indemnisées, nombreuses sont celles pour qui les indemnités versées sont ridicules par rapport aux dégâts subis et aux coûts de la reconstruction réelle. Ça ne peut plus durer, les victimes des inondations doivent être dédommagées », conclut Julien Liradelfo.