Les 10 mesures Arizona que vous devez connaître
Les partis du gouvernement Arizona ont enfin sorti leur accord. L’accord d’un gouvernement de casseurs. Avec comme chantiers de démolition : nos pensions, nos salaires et nos services publics. Avec l’Arizona, comme le dit Bart De Wever, tout le monde doit faire des sacrifices. Tout le monde ? Non. Pas le 1 % le plus riche et pas les politiciens. Le seul budget dans lequel l’Arizona veut investir largement, c’est celui des dépenses militaires. Le budget de nos pensions partira littéralement en fumée dans des systèmes de missiles et des avions de chasse F-35. Sentant le vent de la contestation, les partis de l’Arizona veulent aussi limiter le droit de protester. Explication des 10 mesures de l’Arizona que vous devez connaître.
22 milliards d’austérité sur les services publics, la sécurité sociale et la classe travailleuse. Le 1 % le plus riche épargné
1. L’Arizona veut faire 22 milliards d’austérité
Bart De Wever et son gouvernement « exigent des sacrifices de la part de tous les acteurs de notre société ». De tous ? Pas vraiment. Le 1 % le plus riche sera épargné des sacrifices. Plus de 90 % de l’effort sera porté par la classe travailleuse. La promesse « que les efforts soient honnêtement répartis » est passée à la trappe.
Oui mais ils ont quand même introduit une taxe sur les plus-values qui va toucher les plus riches ? Cette taxe est une arnaque.
Tout d’abord, son apport sera minime par rapport au reste de l’effort qui sera porté par les économies dans nos pensions, dans les soins de santé et dans les services publics. La promesse que les épaules les plus larges porteraient les efforts les plus grands n’est pas du tout remplie. C’est l’inverse qui est vrai.
Ensuite, cette taxe ne touchera pratiquement pas les ultra-riches. Les multimillionnaires et milliardaires gèrent la plupart de leurs actions via des sociétés. Or, ces sociétés ne sont pas soumises à la taxe sur les plus-values du plan Arizona. L’une des principales échappatoires fiscales pour les ultra-riches reste donc grand ouvert. Les 1 % les plus riches sont ainsi épargnés. En revanche, cette taxe sur les plus-values touchera aussi les petits investisseurs (petit capital).
La seule option pour faire contribuer les ultra-riches est une véritable taxe sur la fortune, une taxe des millionnaires. Elle doit cibler exclusivement le 1 % le plus riche et ne toucher qu’eux. C'est ce choix que les partis de l’Arizona ont refusé de faire.
Un carnage dans nos pensions
L’Arizona veut réaliser un carnage dans nos pensions. Ils veulent nous faire tous travailler jusqu’à 67 ans et économiser des milliards. Parmi les mesures concrètes qu’ils veulent prendre :
2. Malus pension : jusqu'à 404 euros de moins par mois en cas de pension anticipée
Plus d’un travailleur sur trois risque un malus sur sa pension en cas de pension anticipée, avec une perte pouvant aller jusqu’à 404 euros par mois. Ce sont surtout les travailleurs exerçant un métier pénible qui seront touchés, car ils sont plus souvent contraints de prendre une pension anticipée et risquent également plus de ne pas atteindre le nombre requis de jours effectivement travaillés en raison de périodes d'incapacité de travail au cours de leur carrière. De leur côté, les femmes risquent d'être désavantagées en raison d'un travail à temps partiel plus fréquent et des responsabilités familiales qu’elles assument.
3. Durcissement de la pension anticipée : pratiquement tout le monde devra travailler un an de plus
Une année de carrière ne sera désormais comptabilisée qu’après six mois de travail, contre quatre mois auparavant. Concrètement, un jeune de 18 ans qui commence à travailler en septembre après ses études secondaires ne pourra plus faire compter ces quatre mois comme une année de carrière et devra donc travailler au moins un an de plus avant de pouvoir partir à la pension, par rapport aux règles actuelles.
Les travailleurs pourront partir en retraite anticipée dès 60 ans, mais uniquement s’ils ont travaillé au moins 234 jours par an (l’équivalent d’un 3/4 temps) pendant 42 ans. Cela exclut de nombreux travailleurs exerçant un métier pénible dans le bâtiment, les soins de santé, le nettoyage, etc. Ce qui est présenté comme un progrès est en réalité un durcissement des règles.
4. Suppression quasi totale des règles pour les métiers pénibles, dans le privé comme dans le public
Dix ans après les promesses faites de faire des exceptions pour les métiers pénibles, il n’y a toujours rien. Pire encore, le régime des métiers pénibles dans le secteur privé est supprimé (notamment pour les travailleurs du bâtiment et ceux ayant effectué 30 ans de travail en horaires alternés ou de nuit, qui avaient jusqu’à présent droit à un départ anticipé via le régime de chômage avec complément d’entreprise – RCC, ex-prépension).
Dans le secteur public, le personnel roulant de la SNCB et les militaires ne pourront plus obtenir une pension complète qu’après 45 ans de carrière. Les enseignants, les policiers et les pompiers perdent également une partie des avantages limités qu’ils avaient et verront donc leur pension diminuer.
5. Diminution drastique de la pension des fonctionnaires
Actuellement, la pension des fonctionnaires nommés à titre définitif est calculée sur base des dix dernières années, ce qui leur permet d’obtenir une pension raisonnable de 2 000 à 2 200 euros net – juste de quoi payer une maison de repos. L’Arizona veut supprimer ce calcul et aligner le régime sur celui du secteur privé, où les pensions sont calculées sur l’ensemble de la carrière. Dans le privé, les pensions sont bien plus basses : en moyenne seulement 1 467 euros net.
Blocage de nos salaires et suppression progressive de nos primes de nuit et du sursalaire pour les heures supplémentaires
6. Le blocage des salaires est prolongé jusqu’en 2027 au moins
L’accord de gouvernement indique cyniquement : « L’un des plus grands défis réside dans les coûts salariaux trop élevés (...). Nous maintenons le principe de la loi sur la norme salariale de 2017 afin de garantir la compétitivité de nos entreprises à long terme. »
Selon les prévisions de la Banque nationale, cela signifie qu’il n’y aura pas d’augmentation salariale avant au moins 2027.
Les entreprises côtées en bourse prévoient des dividendes records en 2025, plus de 6,4 milliards, mais le gouvernement s’arroge le droit d’interdire l’augmentation de nos salaires au-delà de l’index, y compris dans les grandes entreprises qui reversent beaucoup de dividendes.
7. Suppression progressive des primes et sursalaires liés au travail de nuit, du dimanche et des heures supplémentaires
« L’interdiction du travail de nuit est supprimée », juste comme le jour de fermeture légale obligatoire. Pour la coalition Arizona, il n’y a plus de jour ni de nuit, plus de semaine ni de dimanche : le travail doit être possible en tout temps. Aujourd’hui, le travail de nuit est interdit sauf accord avec les syndicats – conclusion d’une convention collective de travail – et souvent avec des primes compensatoires. En supprimant cette interdiction, le gouvernement remet en cause tout ce système.
Dans le secteur de la distribution et du e-commerce, la définition du travail de nuit sera même modifiée : au lieu de commencer à 20h, il ne débutera plus qu’à minuit. Conséquence ? Les travailleurs qui travaillent entre 20h et minuit risquent de perdre leur prime de nuit.
Ce n’est pas seulement les primes de nuit qui sont menacées, c’est aussi le sursalaire pour les heures supplémentaires. Le gouvernement permet aux employeurs d’imposer aux travailleurs jusqu’à 240 heures supplémentaires par an, sans l’accord des syndicats et sans rémunération supplémentaire. Cela représente plus de cinq heures supplémentaires par semaine. Plus de flexibilité, mais sans compensation. Prenons l’exemple de Marie, une coordinatrice de chantier avec une semaine de travail de 40 heures. Aujourd’hui, si elle travaille 45 heures pour terminer un projet, elle reçoit un sursalaire de 50 % ou des heures de récupération. À l’avenir, cette compensation risque de disparaître.
Limiter notre droit à protester
Sentant le mécontentement arriver avec leurs mesures anti-sociales, les partis de l’Arizona veulent aussi limiter notre droit à la protestation
8. L’Arizona veut rendre possible d’attaquer en justice et de faire condamner les syndicats
Pour tous les mouvements « spontanés », pour toute action qui n’est pas prévue ou annoncée : « La protection juridique des syndicats » ne sera plus assurée que pour « les manifestations et les grèves avec un préavis de grève ». C’est un premier pas dans le sens de donner une « responsabilité juridique » aux organisations syndicales. Leur but est d’arriver à limiter le droit de grève et de forcer le syndicat à dévoiler leur caisse de grève afin de pouvoir anticiper la durée de leur résistance.
9. Instauration d’une loi anti-manifestation
Le gouvernement a peur des réactions contre sa politique de casse sociale.
C’est pourquoi ils ressuscitent une proposition du gouvernement Vivaldi qui avait été rejetée il y a deux ans : l’interdiction de manifester. Les juges pourraient interdire à quelqu’un de participer à des manifestations (marches, piquets de grève, actions) pendant plusieurs années. Cette loi est totalement inutile pour lutter contre les casseurs, mais elle vise à dissuader les manifestants pacifiques, les syndicalistes et les militants, et à museler le mouvement social.
Investir massivement dans les canons plutôt que dans nos pensions
10. Le gouvernement Arizona veut faire en sorte que la Belgique dépense 2 % de nos richesses dans les budgets militaires
En 2025, il est prévu de dépenser 1,39 % du PIB, ce qui correspond à 7,340 milliards. Arriver à 2 % en 2029 (2,07 % sur base du tableau budgétaire provisoire de l’Arizona), cela amène à un budget de 11,567 milliards pour des avions de chasse, des tanks et des obus. Ce qui signifie qu’on va dépenser 4,227 milliards en plus pour des canons et des milliards en moins pour nos pensions et notre sécurité sociale. Cela en dit long sur les priorités des partis du gouvernement Arizona.
En outre, ces dépenses ne vont pas nous apporter plus de sécurité. Une course aux armements apporte plus d'insécurité, ici et dans le reste du monde. Ces dépenses sont là pour venir en appui aux politiques agressives de l’Otan et des USA.
Les militaires ne sont quant à eux une nouvelle fois pas respectés. Le gouvernement veut les obliger à travailler jusqu'à 67 ans.
Ce n’est qu’un premier aperçu
Ces dix mesures ne sont qu’un aperçu de l’agenda antisocial et antidémocratique. Ce gouvernement veut aussi taper fort vers le bas, vers les travailleurs malades de longue durée qui seront contrôlés, chassés et forcés de revenir au travail, vers les jeunes sans emplois dont une grosse partie sera privée d’allocations de chômage, vers les réfugiés qui seront un peu plus dans la rue et un peu plus sans droits...
Dans les jours qui viennent, le PTB décortiquera toutes les autres attaques de l’Arizona.