L’entreprise privée SAVE a-t-elle pu augmenter ses parts dans BSCA sans dépenser un euro ? Le ministre Crucke refuse de répondre
Le plus grand actionnaire de l’aéroport de Charleroi a vu son pouvoir de décision augmenter sans avoir dû payer le moindre euro. En avril, l’entreprise Save International est devenue le plus grand actionnaire dans BSCA, avec 48 % des parts. C’est près de deux fois les parts qu’elles possédaient avant. « SAVE devait mettre sur la table 20 millions d’euros pour recapitaliser l’aéroport en difficulté, explique le député PTB Germain Mugemangango. Maintenant, nous apprenons que cette entreprise n’a toujours rien déboursé. Elle demande pourtant déjà aux travailleurs de faire des sacrifices importants. » Cet après-midi, le député PTB Germain Mugemangango a interpelé le ministre wallon des Aéroports Jean-Luc Crucke (MR).
Alors que la direction de l’aéroport de Charleroi presse les travailleurs comme des citrons, nous avons appris que le principal actionnaire de BSCA a vu ses parts doublées sans avoir dû débourser le moindre euro jusqu’à aujourd’hui. « Ce qui signifie que, depuis sept mois, SAVE a la possibilité d’imposer ses orientations sans avoir entrepris la moindre recapitalisation », note le député de gauche. Aujourd’hui, au Parlement, il a demandé à deux reprises au ministre s’il confirmait ou non cette information. « Il a tout simplement refusé de répondre, explique Germain Mugemangango. Pourquoi ce refus de transparence ? Pourquoi le Gouvernement wallon PS-MR-Ecolo a-t-il accordé un tel cadeau à cette multinationale ? »
Aujourd’hui, cette même direction qui se voit offrir des cadeaux par la Région wallonne, s’attaque aux salaires et aux acquis sociaux des travailleurs. « Ils veulent imposer aux travailleurs une baisse de salaire ou une diminution forcée du temps de travail, explique Germain Mugemangango. D’une manière ou d’une autre, ça signifie une perte salariale située entre 5 % et 15 %. Alors que le prix de l’énergie, du diesel, des produits de première nécessité augmentent… Comment peuvent-ils contraindre les travailleurs de l’aéroport de Charleroi à perdre 200 à 300 euros par mois ? Lorsque vous gagnez 18 000 euros par mois comme directeur de cet aéroport ou 11 000 euros comme ministre, vous ne sentez pas passer ce type de diminution. Mais ce n’est pas le lot des travailleurs de l’aéroport de Charleroi. Par-dessus le marché, le CA proposerait de ne pas payer de primes salariales aux travailleurs, alors que cette prime permet de sortir un peu la tête de l’eau. »
« Que ce soit pour des raisons écologiques ou pour des raisons sociales, privatiser l’aéroport de Charleroi comme le fait le ministre Crucke et son gouvernement n’est pas une bonne option, poursuit le député de gauche. Donner plus de pouvoir à cette multinationale privée est encore moins envisageable si, en plus, elle ne satisfait même pas à ses obligations financières. Un tel cadeau sur le dos des travailleurs et des pouvoirs publics est tout simplement inacceptable. »