« Le social, c’est vraiment phénoménal. Le changement est en route »
Le président du PTB, Peter Mertens, a présenté ses vœux à Anvers ce 18 janvier. Il a ainsi annoncé les priorités du parti de gauche pour les élections à venir : le pouvoir d'achat, le climat et l'unité du pays. Voici son discours.
Chers (chères) amis (es),
Tout d'abord je vous souhaite une année excellente et sociale. Levons notre verre à cela.
2019 sera de toute manière une année spéciale.
2019 sera l'année de la résistance, lancée de manière impressionnante par les étudiants et les élèves, qui ont défié les vieilles idées.
Quelle manifestation !
Plus de 14 000 élèves qui se rassemblent à Bruxelles, pendant les heures de cours, sous une pluie battante. Change the system, not the climate.
« C'est bien de défendre le climat, ont déclaré en chœur les ministres concernés, mais vous ne pourriez pas plutôt faire ça un dimanche ? »
« Been there, done that » (on y était, on l'a fait). Voilà la réponse de la génération du climat : « Nous avons déjà manifesté un dimanche, à 75 000, et vous n'avez rien voulu entendre. Nous continuerons à faire grève, chaque jeudi, jusqu'à ce qu'il y ait sur la table un plan contraignant pour ramener les émissions de CO2 à zéro d'ici 2050. » C’est ça le spirit.
Mais la vieille pensée a réagi. « Brosser les cours de cette manière peut gravement nuire au développement de ces jeunes. » Gravement nuire ? C'est ce que dit Peter De Roover, le chef de groupe de la N-VA, en agitant un index pédant et autoritaire.
Qui dit que ces jeunes n'ont rien appris ? À l'école de la vie ? Dans le feu de l'action sociale ?
J'ai vu des jeunes travailler ensemble, s'organiser, argumenter, discuter, animer et mobiliser. J'ai vu des jeunes fraterniser avec ceux d'autres écoles. J'ai vu des jeunes néerlandophones parler avec des élèves francophones, j'ai vu des pancartes en anglais et une solidarité internationale.
J'ai vu des jeunes se bouger, pour la planète, pour tous les autres.
La vérité, c'est qu'en une demi-journée, ces 14 000 jeunes ont plus appris que ce que certains séparatistes aigris ont appris au cours de toute leur vie.
Et peut-être pouvons-nous, nous les adultes, aussi apprendre de ces jeunes.
Peut-être que notre société a plus que jamais besoin de cette ambition radicale.
D'un vent rebelle qui balaie la poussière des idées usées.
Peut-être que notre société a plus que jamais d'une nouvelle génération qui défie l'establishment et déclare sans gêne aucune : « Nous voulons changer le monde. »
Laissez-les parler, les ministres, les autorités, les gardiens du système. Ils agitent un doigt moralisateur à l'encontre des jeunes en grève et les qualifient de « brosseurs du climat ».
Mais les vrais « brosseurs du climat », chers amis, ce sont les responsables politiques. Ce sont les quatre ministres en charge du climat dans notre pays qui refusent de rejoindre la High Ambition Coalition des pays qui exigent des actions rapides et énergiques pour endiguer le réchauffement du climat.
La génération climat a raison.
Nous ne venons pas mendier, dit Greta Thunberg, la jeune Suédoise de 15 ans qui a allumé le feu de la grève des élèves dans le monde entier. Le changement arrive, que vous le vouliez ou non.
Applaudissez-les chaleureusement : les élèves en action, la génération sociale du climat !
Chers amis,
Le PTB a le vent en poupe.
On l’entend dans la rue. On le sent, on le voit, et on le constate aussi aux résultats des élections communales.
Pour la première fois, nous avons obtenu des élus à Bruxelles-Ville, à Gand, à Louvain, à Hasselt, à Malines, à Turnhout, Geel, Vilvorde, Sint-Niklaas, Anderlecht, Ixelles, Namur, Verviers, et encore ailleurs.
Nous voulions avoir 150 élus. Nous en avons eu 167. C'est trois fois plus qu'il y a six ans.
Aujourd'hui, nous avons percé dans toutes les grandes villes. Demain, nous allons percer au Parlement fédéral.
Et c'est plus nécessaire que jamais.
Je ne veux pas un seul Raoul Hedebouw au Parlement, j'en veux dix. Parce que nous allons devoir parler avec la force de dix Raoul pour réveiller tout le monde.
En mai, nous allons faire une percée, chers amis. Depuis la Wallonie, depuis Bruxelles et depuis la Flandre.
C'est nécessaire, parce que le PTB est la locomotive vers la gauche, le brise-glace de gauche qui ose rompre le rigide consensus de droite, et lancer de nouvelles idées sociales.
Dans une interview de fin d'année, Meyrem Almaci, de Groen, a déclaré qu'elle préférerait que Groen gouverne avec les libéraux de l'Open Vld.
Un moteur bleu-vert, comme Mme Almaci appelle cela. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Nous n'avons vraiment pas besoin d'encore plus de libéralisme bobo en politique.
Car nous savons ce que cela signifie, un moteur bleu-vert. Cela signifie être taxé à la bleue dans une politique antisociale vernie de vert.
Nous voulons une politique climatique juste et sociale.
Nous ne voulons pas de taxe carbone qui fait payer la facture du réchauffement climatique aux ménages pendant qu'on laisse les grandes multinationales bien tranquilles.
Nous ne voulons pas d'une taxe au kilomètre pour les gens qui sont obligés de prendre leur voiture pour aller au boulot parce que ce gouvernement impose l’austérité sur les transports publics.
Nous voulons de meilleurs transports publics, et des bus et des trams gratuits, comme au Luxembourg.
Ça, c'est une politique de mobilité de gauche et sociale. Et c'est de cela dont nous avons besoin.
Chers amis,
Nous avons un bourgmestre à Anvers. Qui fuit. Un bourgmestre déserteur.
Ce bourgmestre veut à présent régner sur la Flandre. Pour diviser le pays. Et il veut éventuellement bien accomplir cette mission en collaborant avec les socialistes du sp.a. Comme il le fait à Anvers.
Ce que Bart De Wever ne fera « en aucun cas », comme il l'a déclaré dans une interview cette semaine, c’est « gouverner avec le PTB ». Bart De Wever ne gouvernera pas avec le PTB.
Tant mieux. Nous ne gouvernerons pas avec lui non plus.
Notre cœur bat à gauche et nous ne vendrons pas notre âme contre quelques mandats ministériels ou d’échevins.
Non, chers amis du sp.a, vous ne pouvez pas promettre la « sécurité » aux travailleurs et travailleuses si vous vous embarquez avec un parti qui a la ferme intention de démanteler tous les acquis sociaux que nous avons obtenus.
Vous ne pouvez pas promettre la « sécurité » si vous voulez rejoindre un parti qui nous fait travailler plus longtemps pour moins de pension, un parti qui organise la chasse aux malades de longue durée, un parti qui ne considère plus les Droits de l'homme comme les droits de tous les êtres humains.
Non, cher John, vous ne pouvez pas renforcer la gauche en gouvernant avec la droite dure.
Nous continuerons à nous opposer de tout notre être à un parti qui s’en prend aux personnes qui font preuve de solidarité envers les réfugiés, et qui autorise dans le même temps un système permettant de profiter dans ses propres rangs du trafic d'êtres humains en vendant des visas humanitaires pour 10 000 euros au détriment des plus faibles. Ces pratiques ne sont pas acceptables. Jamais.
Suivons donc l'exemple de Zelzate. Une vraie gouvernance de gauche, entrée en fonction hier. Voilà où est l'avenir.
Bart De Wever veut continuer à diviser le pays.
Et bien, continuer à diviser le pays ne résoudra rien.
Honnêtement, que nous ont apporté les réformes de l'État ?
Nous avons quatre ministre de l'Énergie. Notre facture énergétique est la plus élevée de toute l'Europe.
Nous avons quatre ministres du Climat. Les émissions de CO2 sont plus importantes que jamais.
Nous avons quatre ministres de la Mobilité. Les embouteillages restent notre lot quotidien. Et nous devrons bientôt payer encore plus pour tout ça.
Combien tout cela nous coûte-t-il ? Tous ces cabinets, cette concertation, tous ces postes et ces ministres ? Cette paralysie politique ?
Nous en avons assez du modèle de gaspillage confédéral. Nous voulons à nouveau un ministre fédéral du Climat, un ministre fédéral de l'Énergie et un ministre fédéral de la Mobilité. Dites que c'est le PTB qui le demande.
C’est plus logique et plus efficace. Pourquoi la N-VA ressort-elle de ses cartons le spectre du communautarisme ? C'est la question.
Chers amis, la réponse est simple. M. De Wever sait très bien que son gouvernement de droite n'a rien réalisé.
Pour beaucoup, la coupe est plus que pleine.
Peut-être Bart De Wever pense-t-il que les gens ont oublié le saut d'index ?
La hausse du taux de TVA à 21 % sur l'énergie ?
La chasse aux malades de longue durée ?
La loi sur la transaction financière pour les grands fraudeurs ?
Les centrales nucléaires défectueuses ?
Le Premier ministre de l'ombre fuit en Flandre parce que son gouvernement fédéral n'a rien réalisé.
La vérité, chers amis, c'est que l'empereur est nu. C'est ce que nous allons expliquer dans toutes les villes, à travers tout le pays, au cours des prochaines semaines.
Notre campagne s'articule autour du social. Le social, c'est le ciment de la société et l'ADN de notre parti. Le social, c’est vraiment phénoménal.
Cela signifie que nous voulons accorder une place centrale à la lutte contre la pauvreté, augmenter les pensions, investir dans des emplois de qualité, réduire drastiquement la facture énergétique et rendre les logements abordables pour tous et toutes.
Cela signifie que nous voulons rendre la Belgique neutre au plan climatique d'ici à 2050, investir dans l'électricité durable et des réseaux de chaleur publics. Nous voulons davantage de transport public, un transport public confortable et gratuit pour lutter contre la pollution atmosphérique et le réchauffement climatique.
Cela signifie qu’il faut cesser d'inciter à la haine, de monter les gens les uns contre les autres et vouloir diviser le pays. Cela signifie qu’il faut travailler ensemble. Comme nous le faisons avec le PTB, le seul parti national de ce pays.
Le social, c’est vraiment phénoménal. C'est ce dont nous avons besoin, plus que jamais.
Chers amis,
Connaissez-vous la nouvelle mode sur Facebook, le #tenyearschallenge ? Vous postez l'une à côté de l'autre une photo actuelle de vous et une photo d'y il a dix ans.
C'est très déstabilisant. Ne comptez pas sur moi pour le faire.
En dix ans, beaucoup de choses ont changé. Nous avons tous vieilli de dix ans et pris dix kilos.
Mais ce n'est pas le poids de notre portefeuille qui nous a alourdi. Parce que, lui, n'a pas pris un gramme.
Si l'on tient compte de l'augmentation des prix, le salaire réel des Belges a diminué de 2,3 % ces deux dernières années. C'est ce qu'il ressort d'une étude de l'Organisation internationale du travail (OIT).
À droite, on tweete que ces chiffres sont faux. Souvent, ceux qui aiment pointer des doigts réprobateurs se chamaillent entre eux.
Laissons-les donc tweeter. Qu'ils descendent seulement une fois de leur tour d'ivoire.
Qu'ils écoutent les femmes de ménage. Épuisées, le dos en compote, et pour un salaire qu'aucun ministre ne pourrait même jamais envisager de toucher.
Qu'ils écoutent les bagagistes d'AviaPartner, qui portent chaque jour des tonnes de bagages et sont sous-payés pour leur travail.
Qu'ils écoutent les postiers, debout à 5 heures du matin, distribuant notre courrier, qu'il pleuve ou qu'il vente, pour un salaire minimum d'à peine 9,86 euros de l'heure.
Cela ne peut plus continuer. La coupe est pleine !
De plus en plus de travailleurs vivent sous le seuil de pauvreté. Nous ne l'acceptons pas.
Nous voulons augmenter le salaire minimum à quatorze euros de l'heure. Nous allons nous battre pour cette mesure, comme la FGTB.
Cela signifie plus de pouvoir d'achat, ce qui est bon pour tout le monde.
Quand les patrons déclarent aujourd'hui qu'il n'est possible d'augmenter les salaires que de 0,8 % maximum, c'est de la provocation.
Les bénéfices sont en hausse, des dividendes colossaux sont versés et les CEO gagnent des sommes astronomiques. C'est ça que les libéraux comme la présidente de l’Open VLD, Mme Rutten, appellent la « liberté ».
Mais lorsqu'il s'agit d'augmenter les salaires, plus question de liberté pour les libéraux. Non. Il faut plafonner les montants. À un niveau ridicule de 0,8 %. Il faut que cela s'arrête.
Nous voulons que les travailleurs et leurs organisations syndicales puissent librement négocier des augmentations des salaire. Et la loi de 1996 ne le permet pas, il faut supprimer cette loi. Oui. Bien sûr.
Le printemps social sera chaud.
Et nous le savons : il n'y aura pas de cadeau.
Les gilet jaunes le savent. Ils sont dans la rue depuis des mois.
Les écoliers le savent. Ils sont dans le rue tous les jeudis.
Les syndicats le savent. Ils seront prochainement à nouveau dans la rue.
Les gilets jaunes, les gilets verts, les gilets rouges : tous unis !
Nous voulons de l'oxygène pour la planète, de l'oxygène pour le pays, de l'oxygène pour les familles.
Et nous avons besoin de vous pour mener avec le PTB ce combat pour le pouvoir d'achat, pour climat et pour l'unité nationale.
Sautez dans le train du futur et devenez membre de la locomotive à gauche.
Emmenez une affiche, soutenez-nous, aidez-nous.
Le social, c’est vraiment phénoménal. Le changement est en route !