Le PTB, un parti financé par ses membres
Les rapports financiers des partis politiques de l’année 2016 publiés cet été confirment que ces derniers vivent sous perfusion des subsides de l’État et que la contribution de leurs membres n’y joue qu’un rôle minime. Une exception : le PTB.
Les partis traditionnels tirent à 85-90 % leurs revenus de l’État. Les revenus du PTB, eux, proviennent majoritairement des cotisations de ses membres ainsi que des rétrocessions de ses élus, qui vivent tous d’un salaire moyen de travailleur.
Clubs d’investissement
Les partis traditionnels nagent dans l’argent. D’après les calculs de Jef Smulders, chercheur à la KUL, et le politologue Bart Maddens, depuis les élections de 2014, les partis reçoivent ensemble 69 millions d’euros d’argent de l’État par an répartis en fonction du nombre de voix obtenues. C’est énormément d’argent. Bien plus que ce qu’ils peuvent dépenser.
Ils mettent donc tout simplement une partie de cet argent de côté. En 2013, la fortune totale des partis a grimpé jusqu’à 127 millions euros, soit 83 % de plus qu’en 1999. D’ici 2018, la fortune totale des partis montera jusqu’à 188 millions d’euros, soit une augmentation d’environ 15 millions d’euros par an. On se croirait dans des clubs d’investissement.
La N-VA décroche le jackpot. L’an dernier, ce parti a pu mettre de côté au moins 5 millions d’euros de subside de l’État et ajouter cette somme à ses réserves. Sa fortune a doublé en quelques années, passant de 18,4 millions d’euros en 2013 à une estimation de 43,29 millions d’euros en 2018. Peu de clubs d’investissement peuvent se vanter d’une telle augmentation.
Au PTB, chacun participe
Le rapport financier du PTB montre tout autre chose. En 2016, les rentrées du parti n’étaient constituées que pour 24,5% de subsides de l’État. 66 % de tous les revenus (1,6 million d’euros) provenaient des membres et des élus. Comment cela fonctionne-t-il ?
Au PTB, chacun participe. Les 10 000 membres paient au moins 20 euros de cotisation par an. En 2016, cela a représenté une rentrée d’environ 200 000 euros. Les membres de groupes, c’est-à-dire ceux qui participent activement à un groupe de base du PTB, paient toutefois plus : 5 euros par mois ou 60 euros par an.
Les élus continuent à vivre avec le même revenu qu’avant leur élection. C’est pourquoi, par exemple, les conseillers communaux rétrocèdent leurs jetons de présence au parti. Et chaque parlementaire remet une grande partie de son salaire de député.
Responsabilités plus élevées, règles plus strictes
Plus les responsabilités sont grandes, plus les règles concernant les cotisations sont strictes. On ne vient pas au PTB pour faire carrière. Le journal De Standaard a qualifié cela de « pare-feu contre les arrivistes ». C’est exactement le contraire de ce qui se passe dans les autres partis où l’on peut s’enrichir en faisant carrière dans la politique.
Comment faisons-nous en sorte que les cotisations plus importantes proviennent des membres qui ont les revenus les plus élevés ? Nous fonctionnons avec un « montant de référence ». C’est un budget qui indique différents montants sur lesquels les cadres et les militants qui ont des responsabilités peuvent s’appuyer. Ils calculent eux-mêmes leur budget en fonction de leur situation familiale. Il s’agit de montants indicatifs car nous tenons comptes des besoins et de la situation de chacun.
À combien s’élève ce montant de référence ? Pour un isolé sans enfant, c’est à partir de 1 755 euros, ce qui est très proche du salaire médian temps plein. Avec des enfants, ce budget est bien sûr plus haut. Il ne s’agit pas d’un plafond maximum. Au contraire, c’est un seuil minimum. Toute personne ayant un revenu inférieur paie tout simplement 5 euros de cotisation par mois.
Avec ce système, chaque membre qui prend des responsabilités compare son budget familial au montant de référence et décide de verser sous forme de cotisation une partie ou l’entièreté de la différence. C’est un choix individuel et volontaire.
Dans la réalité, près de la moitié de nos responsables ont un revenu qui n’excède pas le montant de référence. Ces camarades ne peuvent pas se permettre de payer une cotisation plus importante. En effet, les membres du PTB sont également frappés par les mesures du gouvernement qui touchent les travailleurs et mettent leurs revenus sous pression. Ils paient donc 5 euros par mois et n’en sont pas moins cadre ou militant que leurs camarades.
La différence avec les partis traditionnels est à nouveau frappante. Chez eux, un chômeur paie la même cotisation qu’un député. Chez nous, le premier paie 5 euros par mois et le second quelques milliers d’euros. Et cela ne détermine en rien l’importance de leur voix au sein du parti.
Les membres au centre du parti
La conséquence de ce système est double. Premièrement, au niveau des militants et des cadres, celui-ci fait en sorte que chacun reste les pieds sur terre, proche des revenus de la grande majorité des ménages. En effet, celui qui ne vit pas comme il pense finit par penser comme il vit. Et, pour les ministres, cela signifie penser à 11 000 euros nets par mois, pour les parlementaires, à 6 000 euros par mois, avec un jeton de présence par-ci, un conseil d’administration par-là et une grasse prime de départ en plus.
Nous voulons maintenir le principe d’un revenu moyen de travailleur pour nos responsables, et nos futurs élus ne tireront pas non plus d’avantage financier de leur mandat. Ils continueront à vivre avec le même salaire que celui qu’ils gagnent aujourd’hui.
Deuxièmement, en tant que parti, nous sommes très fiers de notre système de financement qui est le garant de notre indépendance. En 2016, grâce aux cotisations des membres et aux rétrocessions, nous avons pu financer nous-mêmes près de 70 % de notre budget. Pour nous c’est fondamental, parce que nous voulons développer notre parti sans dépendre entièrement de la perfusion des dotations de l’État. C’est un principe de base que nous voulons maintenir. Nous sommes un parti de membres actifs qui rend des comptes à ses propres membres car ils sont au centre de notre fonctionnement.