Le PTB dénonce l’offensive de la Commission européenne contre les salaires du personnel soignant
Dans son évaluation du projet de budget belge, la Commission européenne remet en cause l'augmentation des salaires dans le secteur des soins de santé. C’est très dangereux, estime le syndicat européen des services publics. Le PTB rejette cette critique de la Commission européenne et demande au gouvernement belge non seulement d'agir rapidement pour assurer une fiscalité équitable, mais aussi de mettre en œuvre un plan d’urgence pour les soins de santé.
Des mois de lutte du personnel soignant ont forcé le gouvernement belge à permettre la création d’un fonds d'urgence ainsi que des augmentations de salaire dans le secteur. Bien que la Commission ait applaudi le personnel soignant en avril, elle remet maintenant en question ces augmentations de salaire. « C'est une gifle au visage de toutes celles et ceux qui se battent depuis des mois en première ligne contre le Covid-19 pour sauver des vies, dans des circonstances particulièrement difficiles », réagit Marc Botenga, député européen PTB.
« La Commission européenne n'en est pas à son coup d’essai, poursuit Marc Botenga. Entre 2011 et 2018, elle a conseillé à 63 États membres de réduire leurs dépenses dans le secteur de la santé. Nous avons tous vu les conséquences catastrophiques de cette politique lors du déclenchement de la crise du Covid-19. Dans de nombreux hôpitaux, on a tout simplement manqué de moyens et de personnel ».
Pour son évaluation, la Commission s’appuie sur les critères prévus par les traités européens, notamment ceux relatifs à la dette publique et à l'équilibre budgétaire. Ces mêmes critères d’austérités que la Commission a elle-même précédemment suspendus pour faire face à la crise. En outre, la Commission se montre encore une fois particulièrement sélective dans sa critique. Au lieu de dénoncer l'absence de nouvelles recettes, qui pourraient se concrétiser par le biais d'une taxe des millionnaires, elle choisit de s'attaquer aux salaires du personnel soignant, ainsi qu’à plusieurs autres mesures sociales.
La Fédération syndicale européenne des services publics (FSESP) note que la Commission veut également s'attaquer aux salaires dans les soins de santé en France. Il s'agit, selon la fédération syndicale, d'un retour à la politique d'austérité coordonnée menée par la Commission. En plus de cela, la FSESP constate que cette dernière outrepasse son rôle. Elle n'est en effet pas compétente en matière de formation des salaires dans les États membres.
Le PTB rejette cette critique de la Commission européenne et demande au gouvernement belge non seulement d'agir rapidement pour assurer une fiscalité équitable afin d’augmenter les recettes, mais aussi de mettre en œuvre un plan d’urgence pour les soins de santé. En effet, si on n’augmente pas les salaires et si on n’améliore pas les conditions de travail dans ce secteur, il sera impossible d’y attirer à nouveau les 19 000 infirmières et infirmiers qualifiés travaillant actuellement dans d'autres secteurs, ce qui est indispensable pour renforcer correctement les soins de santé.