Le PTB condamne l’envoi de F-16 en Irak et en Syrie, voté sur proposition du gouvernement et grâce au soutien du Vlaams Belang
Aujourd’hui, la commission Défense de la Chambre a voté une résolution qui soutient la décision du gouvernement de renvoyer des F-16 en Irak et en Syrie. Tous les partis du gouvernement sont en faveur d’une intervention. Ils sont également soutenus par les autres partis de droite, ainsi que le Vlaams Belang. La résolution a en effet été approuvée grâce aux deux votes du parti d’extrême droite. La députée PTB Nadia Moscufo réagit : « Notre pays traverse la pire crise économique depuis les années 1930. Dans un tel contexte, décider de se lancer dans une énième guerre extrêmement coûteuse est d’un cynisme inouï. »
Le gouvernement enverra quatre avions F-16 en Irak et en Syrie, à la demande des États-Unis. « Donald Trump ne se soucie pas des droits humains, mais du pétrole dans la région. Il l’a d’ailleurs avoué lui-même », dénonce Nadia Moscufo. En outre, cette opération va à l’encontre du droit international. « Une partie de l’opération se déroulera en Syrie, mais ce pays ne nous a absolument pas donné l’autorisation d’intervenir militairement sur son territoire. Une intervention militaire réclame également une grande implication du Conseil de sécurité des Nations unies. Or le Conseil n’a absolument pas été impliqué jusqu’à présent et l’intervention enfreint la Charte de l’ONU. » La coalition internationale qui mène cette opération sous la direction des États-Unis n’a aucun mandat légal.
Par ailleurs, la crise du coronavirus met en évidence qu’il nous faut investir de toute urgence dans d’autres domaines. « Notre pays traverse la pire crise économique depuis les années 1930. Dans un tel contexte, décider de se lancer dans une énième guerre extrêmement coûteuse est d’un cynisme inouï, déplore Nadia Moscufo. Cette opération coûtera vingt millions d’euros. Avec vingt millions, on pourrait engager 645 infirmières pour nos hôpitaux. » En ce moment, nous avons d’autres priorités à régler. Une priorité d’ordre sanitaire, d’une part, avec un secteur des soins de santé aux abois, qui exige plus de moyens. Une priorité d’ordre social, d’autre part, car si aujourd’hui, on voit clairement que ce sont les travailleuses et travailleurs qui font tourner notre pays, beaucoup ont perdu une partie de leurs revenus ou n’en ont plus du tout, ce qui fera augmenter la pauvreté en Belgique.
Le Vlaams Belang est pour la guerre, mais contre les réfugiés
Les partis du gouvernement ont dû compter sur le soutien du Vlaams Belang pour faire approuver leur résolution. Les groupes parlementaires des verts et des socialistes ont finalement rejoint l’avis du PTB, qui, dès le départ, s’est opposé fermement à cette intervention. Le PTB a en effet été le seul parti à voter contre la première intervention en 2014. Sans le soutien du Vlaams Belang, il n’y aurait pas eu de majorité cette fois-ci. « Le Vlaams Belang est toujours le premier parti à s’opposer aux réfugiés et à monter différents groupes de la population les uns contre les autres. Mais, lorsqu’il s’agit de faire la guerre et de bombarder d’autres pays, il vote pour. » S’il nous faut tirer une leçon de nos précédentes interventions au Moyen-Orient, c’est qu’elles ont justement complètement dévasté la région, et provoqué des catastrophes qui ont créé davantage de réfugiés. La Libye, par exemple, est un État en faillite, dominé par des milices terroristes, où différentes factions se battent pour le pouvoir, où le commerce d'esclaves est aujourd'hui une réalité. La Syrie et l'Irak ont été anéantis.
Pour une paix négociée
Le PTB demande au gouvernement de ne pas se lancer dans un redéploiement des F-16, mais de privilégier la voie d’une paix négociée. La résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies pose les jalons d'un processus de paix en Syrie. Celle-ci stipule que ce processus de paix doit être mené dans le respect de la souveraineté, de l'indépendance, de l'unité et de l'intégrité territoriale de la Syrie. La Belgique peut se servir de sa position au Conseil de sécurité pour parvenir à une paix négociée, et préconiser une solution similaire en Irak. Nous devons promouvoir une politique de paix active, et non une politique d'intervention agressive.