Le programme en 10 points du PTB pour une révolution climatique sociale
Imaginez : un pays qui ne contribue pas au réchauffement climatique. Un pays avec un air plus pur, qui tourne à 100 % à l'énergie renouvelable. Nous en sommes convaincus : il est possible d’y arriver d’ici 2050. À une condition : lancer dès aujourd’hui une révolution climatique ambitieuse et sociale, qui fasse payer les super-riches. Avec des mesures qui ne pressent pas les gens comme des citrons mais qui permette d’avoir des logements mieux isolés, qui assure la gratuité des transports en commun et des tarifs abordables pour l'énergie.
« Si nous ne changeons pas le cours des choses avant 2020, nous risquons un bouleversement climatique incontrôlé aux conséquences désastreuses pour les êtres humains et pour tous les systèmes naturels dont nous dépendons. » Ce sont les mots du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Un constat qui récolte le consensus dans la communauté scientifique et qui est sans cesse confirmé par les nouveaux rapports et études du GIEC, le groupe d’experts climatiques de l’ONU.
Pour limiter le réchauffement de la Terre à 1,5°C, nous devons fixer un objectif contraignant : 60 % d'émissions en moins d'ici 2030, et non pas 35 %, le chiffre actuellement sur la table. Nous devons créer un département spécial du Bureau du plan qui calcule les investissements nécessaires pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre. Jusqu'à atteindre la neutralité climatique en 2050. L'objectif est ainsi d’avoir 50 % d'économie d'énergie et 100 % d'énergie renouvelable.
Deux. Le climat ne connaît pas de frontières : un seul ministre du Climat, de l'Énergie et de la Mobilité
Les derniers chiffres montrent que la Belgique est à la traîne et qu'elle n'atteindra même pas ses objectifs climatiques, pourtant limités, pour 2020. Aujourd'hui, nous avons donc quatre ministres du Climat, payés très cher, mais aucune politique climatique.
Nous soutenons la revendication des jeunes « grévistes climatiques » de n'avoir qu'un seul ministre compétent pour le climat. Nous voulons un seul ministre qui soit responsable d'une seule politique climatique cohérente. Nous transférons toutes les compétences en matière d'environnement, d'énergie et de climat au niveau fédéral. C'est une des conditions nécessaires à l'élaboration d'une planification efficace, et pour éviter les éternelles chamailleries entre les différentes entités de notre pays.
Trois. Si le climat était une banque, il serait déjà sauvé : investissons chaque année 5 milliards d'euros publics supplémentaires
Lorsque la crise bancaire a éclaté, des dizaines de milliards ont tout de suite été trouvés pour voler au secours des banquiers-rapaces. Aujourd'hui, nous voulons cette même volonté politique pour affronter la crise climatique.
Nous voulons créer une banque d'investissements pour le climat afin de financer la planification écologique. Une banque qui investirait chaque année 5 milliards d'euros dans la récupération de chaleur, l'énergie renouvelable, les transports publics, un réseau intelligent, l'isolation, la recherche et d'autres leviers. Ce montant doit être progressivement porté à 10 milliards d'euros par an. Avec un tel montant, nous portons à nouveau la taille des investissements publics au niveau des années 1980.
Quatre. Faire payer les gros pollueurs : des normes d'émissions contraignantes pour les grandes entreprises
Impossible de passer à côté : 300 grands pollueurs sont aujourd'hui responsables de 45 % des émissions totales de la Belgique. Mais le système européen du commerce des émissions (ETS), par lequel les quotas d'émissions peuvent être achetés et vendus, est un échec complet. Non seulement cela ne diminue pas les émissions, mais cela fait carrément de celles-ci un objet de spéculation. Plus fort encore : ces mêmes multinationales utilisent ce système pour s'enrichir encore davantage sur le dos du climat et de la collectivité.
La Belgique doit se retirer du système européen du commerce des émissions. Nous devons instaurer des normes d'émissions contraignantes par secteur pour les gros émetteurs de gaz à effet de serre, en concordance avec nos ambitions d'atteindre 60 % d'émissions en moins en 2030. Les gros pollueurs sont obligés d'investir dans l'économie d'énergie et les sources d'énergie renouvelable. Ces investissements pour le climat offrent de nombreuses opportunités de nouveaux emplois. Nous voulons une transition sociale en concertation avec les syndicats, dans laquelle les travailleurs de ces entreprises bénéficient d'une protection maximale et sont formés à l'adaptation des processus de production.
Cinq. Power to the people : une énergie payable dans des mains publiques
Nous devons investir nous-mêmes dans l'énergie du futur. Au lieu de faire confiance à Engie, à EDF et aux autres multinationales de l'énergie, qui veulent aujourd'hui à nouveau construire des centrales à charbon, nous voulons un secteur public de l'énergie, qui soit aux mains de la collectivité et sous contrôle démocratique.
Nous fermerons définitivement les vieilles centrales nucléaires. Au lieu d'investir 50 milliards pour une nouvelle centrale nucléaire qu'il faudra en plus attendre au moins dix ans, nous devons créer une entreprise publique d'énergie pour concrétiser rapidement les investissements à grande échelle dans l'énergie renouvelable et à un prix abordable. Nous facilitons également les entreprises communales d'énergie, publiques, et les coopératives citoyennes, pour développer localement le système d'énergie de demain.
L'énergie est un droit, pas un luxe. La TVA sur le gaz et l'électricité doit passer de 21 % à 6 %. Nous voulons instaurer un tarif d'énergie abordable pour les particuliers et régulé par les pouvoirs publics, comme le « tarif bleu » en France. Le coût de l'énergie verte ne doit pas être reporté sur la facture d'énergie des ménages, et il faut supprimer les profits exorbitants réalisés par les parcs de panneaux solaires des très grosses entreprises comme celles de Fernand Huts & Co. Au lieu de faire payer le coût des subsides aux panneaux solaires par les consommateurs, nous voulons que ce soient Electrabel et compagnie qui portent les charges les plus lourdes.
Six. Place à la révolution de l’hydrogène
Le soleil ne brille pas toujours et le vent ne souffle pas toujours avec la même intensité. Si l’on veut pouvoir garantir une disponibilité totale et permanente de l’énergie renouvelable, il faut pouvoir la stocker. Pour compenser les irrégularités de production, nous voulons donc investir dans le stockage des excédents en période de pic. Nous rejetons la piste des batteries, et faisons le choix de la piste hydrogène. L’objectif est de transformer les excédents d’énergie en hydrogène par électrolyse de l’eau. Cet hydrogène peut être stocké et à son tour transformé en électricité ou utilisé comme carburant pour des transports (trains, navires, bus, camions et voitures) neutres en carbone. Nous voulons développer la pétrochimie circulaire pour fixer le CO2 en produits durables grâce à l’hydrogène renouvelable.
Sept. Masterplan isolation : bon pour le climat, mais aussi pour le portefeuille
Les gens moins aisés sont aussi ceux qui, le plus souvent, vivent dans des logements mal isolés. Grâce à un régime du tiers payant, la Banque d’investissement pour le climat permettra aux ménages précaires d’avoir accès à une bonne isolation et autres mesures visant à économiser l’énergie.
En collaboration avec les communes, nous procéderons à un recensement et une analyse de la situation en matière d’isolation des logements et proposerons des rénovations de groupe. Cela sera notamment possible grâce à l’octroi de prêts adaptés par la Banque d’investissement pour le climat. Notre masterplan prévoit d’ici 2030 la neutralité climatique de tous les édifices publics et logements sociaux. Nous voulons investir dans des réseaux de chauffage et de refroidissement urbains qui utilisent la chaleur résiduelle de l’industrie et substituent les systèmes de chauffage et climatisation individuels.
Huit. Une feuille de route 2030 : tripler le taux d’utilisation des trains, trams, bus & métros pour les déplacements
Ecomobilité est un terme qui revient sans cesse dans la bouche de nos dirigeants, mas cela ne les a pas empêchés d’économiser plus de 3 milliards sur le budget de la SNCB. Ils obligent de cette manière les gens à utiliser leur voiture et empêchent la mise en place d’alternatives. Avec notre Feuille de route 2030, une vision nationale sur les transports publics, notre objectif est de tripler d’ici 2030 le taux d’utilisation des trains, trams, bus et métros pour les déplacements. Autrement dit, nous voulons d’ici 2030 assurer une liaison de quatre trains par heure entre les grandes villes du pays et sur les lignes de et vers les agglomérations et environs. Pour garantir la ponctualité des trains, nous voulons procéder à des investissements supplémentaires en personnel et matériel.
Neuf. Oser la gratuité des transports publics
Fin 2019, le Luxembourg sera le premier pays au monde à disposer de transports publics entièrement gratuits. En Europe, 56 villes expérimentent la gratuité des transports en commun. Nous voulons suivre cet exemple et rendre tous les services des TEC, de la STIB et de De Lijn gratuits.
Plutôt qu’une taxe kilométrique, nous voulons instaurer la gratuité des trains pour les déplacements domicile-travail, pour les pensionnés, les demandeurs d’emploi, les mineurs et étudiants. Nous voulons également faire du train le moyen de transport standard pour les déplacements de moins de 1000 km à l’intérieur de l’Europe. Plutôt que d’instaurer de nouvelles taxes sur les billets d’avion, nous voulons rendre les trains à grande vitesse et trains de nuits accessibles comme alternative durable et abordable par rapport au déplacement en avion.
Dix. Pas de taxe carbone. La révolution climatique doit être socialement juste
« Certains prétendent que la crise climatique est une chose que nous avons tous créée, or c’est faux, car si nous sommes tous coupables, alors personne n’est responsable ». C’est en ces termes que la courageuse Greta Thunberg, âgée d’à peine 16 ans, s’est adressée aux CEO des plus grandes banques et multinationales du monde réunis à Davos. Elle dénonce également le fait qu’une petite élite continue d’engranger chaque année d’énormes profits en ne faisant rien pour contrer le réchauffement climatique. Et elle n’a pas peur d’ajouter : « Et je pense que beaucoup des personnes présentes ici aujourd’hui appartiennent à ce groupe. »
La révolution climatique sera à la fois durable et sociale. Nous ne voulons pas d’une taxe carbone, qui fait payer aux consommateurs le coût d’un approvisionnement énergétique durable, et est par ailleurs inefficace. Pour financer la révolution climatique, les taxes doivent être prélevées sur les super-riches dont la fortune s’élève à plus de 2 millions d’euros. Ce sont les principaux responsables du réchauffement de la planète, mais aussi les moins vulnérables aux répercussions.
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