Le personnel de Lidl en grève pour cause de charge de travail intenable
Mercredi 13 octobre, beaucoup de travailleuses et travailleurs de Lidl sont partis en grève. En 2018, le personnel a fait grève pendant plusieurs jours pour obtenir le droit à des heures supplémentaires. Sa lutte a porté ses fruits. Maintenant, la direction veut à nouveau supprimer ces heures, alors que la chaîne fait face à une pénurie de personnel. Plus de 100 magasins de tout le pays sont restés fermés en guise de protestation. La grève se poursuit ces vendredi et samedi.
Après une année marquée par le coronavirus, au cours de laquelle l'ensemble du secteur de la grande distribution a fait des affaires en or, les patrons souffrent apparemment d'amnésie chronique. Ils ont oublié que ce sont les vendeuses et vendeurs et le personnel de logistique qui, par leur travail, leur ont permis de réaliser des profits records. Aujourd'hui, du respect pour les personnes qui ont assuré l'approvisionnement et les ventes, il ne reste rien. On l'avait déjà vu lors du débat sur les salaires, où la direction avait clairement dit que le personnel ne devait s'attendre à rien d'autre qu'une éventuelle augmentation de 0,4 % et un chèque-consommation. Et encore, à négocier. Aujourd'hui, même de ces miettes ont disparu : la direction de Lidl souhaite également diminuer son personnel, tout en augmentant la quantité de travail effectuée.
Un seul travailleur pour faire tourner un supermarché…
Dans les magasins, c'est de pire en pire : le personnel travaille presque continuellement en sous-effectif, jusqu'à se retrouver dans des situations extrêmes. Un travailleur a ainsi expliqué que, la semaine dernière, un collègue avait dû garder le magasin ouvert tout seul. On parle ici d'un supermarché de plusieurs centaines de mètres carrés. Une autre collègue a fait 7 heures supplémentaires en plus de ses 35 heures hebdomadaires alors qu'elle était malade et aurait dû rester chez elle sur ordre de son médecin. Il y a trop peu de personnel, qui est soumis à une pression énorme pour travailler coûte que coûte. Résultat, même les managers des magasins sont épuisés... Sur les piquets, les témoignages sur la charge de travail et la flexibilité se multiplient. Les employés doivent enchaîner des tâches multiples, tout au long de leur journée. Et si un magasin ne fait pas assez de chiffre d'affaires ce jour-là, les travailleurs sont renvoyés chez eux ou dans un autre magasin de la région. Alors qu'il y a trop peu de personnel partout. La direction cherche les limites… pour les dépasser.
La fortune du propriétaire ? 41,8 milliards d’euros
Lidl prétend chercher du personnel mais ne pas en trouver. Et, pour les travailleuses et travailleurs, c'est compréhensible : la direction ne propose que des contrats de 24 heures aux nouveaux employés. Qui peut vivre de cela aujourd'hui ? Rien d'étonnant, donc, à ce que ces personnes préfèrent trouver ailleurs un emploi plus convenable. Si Lidl proposait des emplois corrects, des horaires suffisants, des contrats décents, les gens se bousculeraient au portillon.
Et pourtant, ce n'est pas l'argent qui manque chez Lidl. Dieter Schwarz, le propriétaire de la chaîne de magasins, est assis sur une fortune de 41,8 milliards d'euros, ce qui fait de lui l'homme le plus riche d'Allemagne. Mais il exige de celles et ceux qui font réellement tourner l'entreprise plus de productivité, en moins d'heures et avec moins de personnel.
Leur travail mérite le respect
Le personnel de Lidl, en grève dans tout le pays, mérite donc un soutien total. Ils et elles ont précisément mis le doigt sur la plaie qui est à l'origine de l'épidémie de maladie de longue durée auquel fait face notre pays : des emplois impossibles à réaliser, où les gens doivent travailler plus longtemps, mais aussi de manière plus dure et plus flexible, pour un salaire gelé depuis des années. Et un gouvernement qui laisse aux multinationales la liberté totale de mener leurs affaires comme bon leur semble. Le PTB soutient pleinement le personnel de Lidl. Parce qu'il est temps d'inverser cette logique. Leur travail mérite le respect, et ce respect, c'est : plus de personnel, des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail.