Le lobbyiste en chef de GSK à la tête des investissements publics de l’État belge ? Le PTB dénonce une nouvelle affaire de conflit d’intérêt
Alors que la multinationale GSK entend supprimer 935 emplois en Belgique, le PTB dénonce la présence du lobbyiste en chef de la multinationale à la tête d’un porte-feuille d’investissements publics. Ce conflit d’intérêt est insupportable pour le PTB, qui exige qu'il soit démis de ses fonctions.
Pascal Lizin est en effet à la fois « Directeur des affaires extérieures et publiques » (lisez : responsable du lobbying) chez GSK et président de la SFPI, la Société fédérale de participations et d'investissement, qui est le principal holding public fédéral.
« La SFPI joue un rôle essentiel en matière de gestion des participations de l’État et donc de la politique économique du pouvoir fédéral, explique le député fédéral PTB Marco Van Hees. Il s’agit d’énormes actifs publics qui doivent être gérés dans l’intérêt de la collectivité. »
Or, dans le cadre de ses fonctions chez GSK, il a notamment contribué au lobbying pour la loi de déduction fiscale sur les revenus des brevets, un cadeau fiscal écrit sur commande de GSK et qui contribue à ce que la multinationale ne paie que 0,1 % d’impôt.
« Toute la politique menée par Pascal Lizin au service de GSK et de l’Union wallonne des entreprises montre qu’il n’offre pas les garanties d’une présidence exempte de conflits d’intérêts, dénonce Marco Van Hees. Que du contraire : sa carrière est une accumulation d’instrumentalisation du monde politique ou académique au profit de la multinationale qui l’emploie. Celle-là même qui aujourd’hui a décidé de supprimer 935 emplois en Belgique, malgré de plantureux bénéfices et une avalanche de cadeaux fiscaux. »
Le député PTB pointe aussi l’influence de Pascal Lizin dans la politique économique régionale wallonne : « En 2016, le ministre de l’Économie Jean-Claude Marcourt (PS) a créé le Conseil wallon de l’industrie. Ce Conseil est composé des dirigeants des entreprises les plus importantes de Wallonie. C’est Pascal Lizin qui y siège pour GSK. L’objectif de cet organe est de "fournir des recommandations concrètes d’actions au gouvernement pour renforcer sa politique industrielle." Sans surprise, ses recommandations seront des recettes typiquement patronales : plus de flexibilité, moins de salaire, plus de cadeaux fiscaux pour les entreprises, moins de libertés syndicales… »
Début 2019, le ministre Pierre-Yves Jeholet (MR), successeur de Marcourt, crée le Conseil wallon des exportation. Parmi ses neuf « sages » désignés pour y siéger, on retrouve à nouveau l’incontournable Lizin.
Pour le PTB, cette double casquette, qui place Pascal Lizin à la direction d’un organe public majeur et à un poste clé d’une multinationale sans scrupule, est insupportable. Le parti de gauche exige qu’il soit mis fin le plus rapidement possible à son mandat de président de la SFPI.
« Le dernier rapport du Greco (Groupe d'États contre la corruption) sur la Belgique (janvier 2020) pointe, comme les précédents, les manquements de la Belgique en matière de lutte contre les conflits d’intérêts, conclut Marco Van Hees. Pour le PTB, le combat contre ces conflits d’intérêts est un enjeu majeur. »