Le Gouvernement wallon doit s’opposer à la privatisation de VOO et non la préparer
Après des mois de discussion, l’assemblée générale de l’intercommunale Enodia a voté pour l’achat du câblo-opérateur Brutélé. « La vente de Brutélé est la première étape de la privatisation de VOO, affirme Germain Mugemangango, chef de groupe PTB au Parlement wallon. Le but est de rendre VOO plus attractif pour les investisseurs potentiels en lui cédant Brutélé. On fait miroiter des recettes directes aux communes alors qu’en fait nous allons perdre le contrôle d'un secteur crucial pour l'avenir, dans lequel on a investi beaucoup d'argent des citoyens. Il faut que le Gouvernement wallon PS - MR - Ecolo s’oppose à cette vente. Au lieu de ça, ces partis traditionnels votent dans les communes pour la première étape de cette privatisation. »
Pour le PTB, la fourniture d'Internet doit être un service public appartenant à la collectivité et non pas un secteur destiné à assurer fortune et rentabilité au secteur privé.
« À l’heure actuelle, l’accès à Internet est une vraie question d’intérêt général, note Germain Mugemangango. Avec le confinement, on a vu à quel point c’était un secteur stratégique pour la population. De plus en plus de voix s’élèvent pour demander, par exemple, un accès à Internet gratuit et de qualité pour les jeunes. Comment garantir un maximum d’accès et de services si on vend VOO à une multinationale cotée en bourse ? »
Le chef de file poursuit : « Le dernier rapport de l’Agence wallonne du Numérique, montre que 20 % des 15 ans et plus sont dans une situation de fracture numérique. Alors que, dans sa Déclaration de politique régionale, le gouvernement wallon a fait de l'accès des citoyens à Internet une de ses priorités. »
Il existe aussi un véritable enjeu économique derrière cette question. Il est essentiel pour un plan de relance de pouvoir avoir la maîtrise du digital. Germain Mugemangango explique : « C’est évidemment économiquement et démocratiquement plus intéressant pour la population que le digital soit dans les mains des pouvoirs publics que dans les mains d’une multinationale. Tout le monde reconnaît que le secteur numérique est stratégique pour l’avenir de la Wallonie. Et au cours de la crise sanitaire on a pu se rendre compte du soutien essentiel que sont les réseaux sociaux pour nos concitoyens. Comment imaginer dans ces conditions ne pas mettre l’intérêt général au-dessus de toute autre considération dans ce secteur ? Ce ne sera évidemment pas le point de départ d’une multinationale qui rachèterait Voo. »
« La question de l'emploi se pose également pour Brutélé, ajoute Germain Mugemangango. Les statutaires actifs resteront employés par Enodia, mais que va-t-il advenir de leur statut une fois vendus au privé ? En Irlande, la société nationale de télécommunication Eircom a été vendue à Providence. Bilan : 46 % des emplois ont été supprimés et le manque d’investissements dans le réseau a encore des conséquences aujourd’hui. L’Irlande a un des plus mauvais réseaux de télécommunication et l’État a dû injecter des millions d’euros pour faire face au désinvestissement. Dans le même temps, Providence a fait des centaines de millions d’euros de bénéfices. Est-ce ça que nous voulons ? »
Le député PTB conclut : « Il faut que le Gouvernement s’oppose à la privatisation de VOO. La meilleure option serait de fusionner VOO et Brutélé et de créer, à partir de cette fusion, une entreprise publique démocratique d’accès à Internet. Cette entreprise démocratique publique serait gérée par un conseil d'administration composé de représentants de la population et des actionnaires publics, de représentants des travailleurs de l'entreprise et de représentants d'associations de consommateurs. »