L'autre vol de Stéphane Moreau : la poule aux oeufs d'or Elicio
Il faut tout faire pour empêcher la privatisation de Elicio, l'entreprise spécialisée dans la production d'énergie appartenant au groupe Nethys/Enodia. D'abord, car c'est une poule aux oeufs d'or en voie d'être bradée pour le plus grand profit de Stéphane Moreau et ses copains millionnaires. Ensuite, car c'est un levier important qui peut permettre aux pouvoirs publics d’assurer, avec ambition, la transition énergétique, sans la répercuter financièrement sur le dos des citoyens.
Elicio est une société de pointe spécialisée dans la production d’énergie renouvelable, principalement en mer du Nord où ses éoliennes produisent actuellement de l’électricité pour plus de 100 000 ménages. C’est une filiale du groupe Enodia. Elle est actuellement en voie d’acquisition par Pierre Meyers, François Fornieri et Stéphane Moreau. Pour Damien Robert, administrateur PTB d’Enodia, il faut empêcher cette privatisation : « Cette société est un véritable joyau, elle ne doit pas être privatisée ni vendue à qui que ce soit, elle doit rester dans les mains du secteur public. Ce secteur est stratégique pour assurer la transition écologique et il est nécessaire que les pouvoirs publics aient les leviers pour le faire si on veut y arriver ».
Pierre Meyers, a justifié le rachat en présentant Elicio comme une société en difficulté financière présentant un lourd endettement. « C’est un écran de fumée qui permet à Meyers, Fornieri et Moreau de faire un véritable hold up en mettant la main sur l’entreprise pour l’euro symbolique », explique Damien Robert. Et ce dernier de développer : « En fait, cette entreprise est une véritable poule aux œufs d’or pour deux raisons. D’abord parce que le secteur éolien maritime a le vent en poupe puisque le gouvernement a pris l’engagement de développer et de soutenir l’éolien en mer du Nord. Ensuite parce que les parcs éoliens maritimes déjà existants d’Elicio (Northern et Rentel) ont la particularité de bénéficier, pour une durée de 19 ans, de subsides beaucoup plus importants que les parcs éoliens actuellement en construction. Pour les deux parcs d’Elicio, ses propriétaires bénéficient d’un subside fédéral de 124 et 129,8 EUR/MWh. C’est beaucoup plus que dans les parcs éoliens maritimes hollandais. Mais c’est aussi beaucoup plus que dans les futurs parcs éoliens en mer du Nord belge car entretemps, le mécanisme de subsides a été modifié». « Il est donc évident que les concessions Rentel et Norther profitent donc d’un régime de faveur qui est privatisé par le trio Meyers, Fornieri et Moreau », dénonce Damien Robert.
En effet, selon une étude de la CREG, si on appliquait le mécanisme appliqué en Hollande aux parcs Rentel et Norhster d’Elicio, ceux-ci ne seraient plus subsidiés qu’à 78,27 EUR MW/h (voire à 84,27 EUR en fonction de corrections possibles) au lieu de 124 et 129,8 EUR/MWh en vigueur. De plus, Le prix de production des éoliennes descend très vite, de sorte que le système de soutien pour les dernières concessions, celles de Northwester 2, Mermaid et Seastar (Seamaid) a déjà été revu. Le subside a été abaissé à 79 EUR/MWh et la période de soutien a été fixée à 17 ans. Et pour les parcs à construire après 2020, un système d’appel d’offre devrait permettre d’abaisser drastiquement les subsides.
Il est aussi évident qu’en étant respectivement président du conseil d’administration de Nethys, administrateur délégué et président du comité de rémunération de ce même conseil d’administration, Pierre Meyers, Stéphane Moreau et François Fornieri ont joué un rôle pour fixer le le prix de la vente de cette filiale de Nethys à eux-même. Il semblerait d’ailleurs qu’Elicio ait été valorisé par Nethys pour l’euro symbolique… « Le conflit d’intérêt est évident. On aurait pu en rire si on ne parlait pas d’une privatisation d’un joyau public par un petit groupe qui s’offre, pour son profit personnel, une société qu’ils ont d’abord administré au nom d’actionnaires publics », constate amèrement Damien Robert.
« Pour toutes ces raisons, Pierre Meyers, François Fornieri et Stéphane Moreau ne prennent aucun risque et les bénéfices sont garantis », constate Damien Robert. La privatisation de cette société, qui s’est apparemment négociée à un prix bradé, permettra donc à ses acquéreurs de faire le maximum de bénéfices en la revendant à un concurrent ou en exploitant directement l’infrastructure.
Il est fort à parier que dans les jours qui viennent, d’autres groupes ou multinationales privées, vont réclamer leur part du gâteau pour privatiser l’entreprise à place de la clique de capitalistes liégeois. « Cette option serait tout aussi néfaste pour les citoyens que celle qui est en cours actuellement », anticipe Damien Robert.
Et l’administrateur PTB d’Enodia de conclure : « Le gouvernement wallon et le conseil d’administration d’Enodia doivent empêcher la privatisation d’Elicio. Cette société doit rester dans les mains du public et être intégrée à un projet global, qui permet aux pouvoirs publics d’assurer, avec ambition, la transition énergétique, sans la répercuter financièrement sur le dos des citoyens. »