L'allongement des carrières ne convainc plus du tout
Plus de 9 travailleurs sur 10 ne veulent pas travailler jusqu'à l'âge de 67 ans. Et plus de 7 personnes sur 10 ne veulent pas non plus travailler jusqu'à 65 ans. C'est ce qui ressort d'une nouvelle étude réalisée par Securex. « Ces chiffres n'ont rien d'étonnant, déclare Kim De Witte, spécialiste Pension du PTB. Chaque sondage montre que la population s'oppose à la politique d'allongement des carrières. Même ceux qui y étaient favorables revoient aujourd'hui leur jugement. »
Le décalage de nos décideurs politiques par rapport à la réalité du terrain est énorme. Comme l'explique Kim De Witte, « la Commission européenne a prévu d'augmenter une fois encore l'âge légal de la pension. Selon elle, il devrait passer à 70 ans d'ici 2040, sauf si toutes les personnes de moins de 67 ans sont "activées" ».
Cette dernière solution est complètement irréaliste. Notre pays compte déjà un demi-million de travailleurs en maladie de longue durée, dont beaucoup âgés de plus de 55 ans. La pression au travail augmente un peu partout et fait des ravages sur la santé physique et mentale. « Nous sommes en train de démolir complètement notre plus importante source de prospérité, qui est le travail », déclare Kim De Witte, qui vient de publier un nouveau livre sur le sujet (Ils nous rendent fous, aux éditions EPO).
La Vivaldi avait promis une grande réforme des pensions. Or, jusqu'ici, tout ce que nous avons entendu, ce sont des propositions creuses de la part de la ministre des Pensions Karine Lalieux (PS). Mais la logique de la politique d'allongement des carrières est toujours bien là : le relèvement de l'âge de la pension à 67 ans reste d'actualité, de même que la nécessité d'avoir 42 ans de carrière pour pouvoir partir en pension plus tôt. Une infirmière qui étudie jusqu'à l'âge de 24 ans devra travailler jusqu'à l'âge de 66 ans, par exemple. C'est intenable.
« Nos pensions doivent faire l'objet d'un débat de fond, qui est systématiquement éludé. Que va faire le gouvernement par rapport aux métiers pénibles ? Qu'en est-il des femmes, dont les carrières sont toujours plus courtes ? Nous exigeons du gouvernement qu'il nous présente au plus vite, et très clairement, ses plans. Les citoyens de ce pays, les travailleurs et travailleuses, ainsi que les partenaires sociaux y ont droit. »