La ville d'Anvers transforme son entreprise publique de soins aux personnes âgées en « businessmodel »
Le jeudi 6 mai dernier, au soir, le Conseil d'Administration de la Zorgbedrijf Antwerpen (les anciennes maisons de repos publiques du CPAS d'Anvers) a donné son feu vert à une privatisation. Zorgbedrijf Antwerpen va ainsi créer une ASBL et trois sociétés, et leur transférer toutes ses activités et biens immobiliers. Une première pour la Belgique.
C’est un fait inédit dans notre pays car, à l’heure actuelle, la constitution de sociétés par un établissement public de soins n'est pas légale en Belgique. La Zorgbedrijf attend maintenant du Parlement flamand qu'il apporte les modifications nécessaires au décret pour rendre tout cela légal.
« Le Collège communal d'Anvers veut faire du profit sur les soins aux personnes âgées, réagit Lise Vandecasteele, conseillère communale PTB. N'avons-nous rien appris de la crise du coronavirus ? Les soins aux personnes âgées doivent être une priorité, et non les actionnaires de multinationales comme Aedifica. Apparemment, aux yeux du Collège communal anversois, les soins doivent devenir un modèle économique. Il y a quatre ans, la ville avait déjà essayé de commercialiser le refuge pour sans-abris. Aujourd’hui, elle tente de remettre le couvert avec les soins aux personnes âgées. »
Pour Lise Vandecasteele, la privatisation de la Zorgbedrijf n’améliorera pas la qualité des soins. « Les expériences à travers le monde démontrent que la privatisation n'est pas synonyme de meilleur service. Au contraire, elle entraîne à chaque fois une hausse des prix et une augmentation de la charge de travail du personnel. Alors que la Zorgbedrijf Antwerp est par ailleurs déjà le groupe public de maisons de repos le plus cher de Flandre. Je ne comprends pas comment les sociaux-démocrates de Vooruit (qui, eux aussi, ont approuvé la privatisation jeudi soir) peuvent appuyer ce projet. »
Le PTB s'interroge également sur la manière dont cette réforme est mise en œuvre. « Toute cette opération frise l'illégalité, dénonce Lise Vandecasteele. D'abord, la Zorgbedrijf prévoit une privatisation, et ensuite, elle attend que la loi soit modifiée. C’est le monde à l'envers. Ce groupe a obtenu l’introduction d'un décret de privatisation au Parlement flamand, par le biais de l’Open Vld, de la N-VA et du CD&V. Pourtant cette proposition n'a même pas encore été discutée, et encore moins votée. »
« De plus, la création de cet assemblage d'ASBL et de sociétés n’est pas sans rappeler le scandale qui entoure Let's Go Urban et les sociétés privées de Sihame El Kaouakibi. Ce montage entravera, lui aussi, la transparence sur les flux de l'argent des contribuables, indique la conseillère communale. En outre, l’Échevin anversois Koen Kennis est le président de la Participatiemaatschappij Vlaanderen, l'un des partenaires avec lesquels la Zorgbedrijf Antwerpen veut collaborer via les nouvelles sociétés. Qu'il s'agisse de notre système de soins aux personnes âgées ou de la transparence sur l’utilisation de l'argent public, le Collège de la ville d'Anvers n'a vraiment tiré aucune leçon. »