La SNCB doit gérer elle-même des trains de nuit
Si on veut s’appuyer notamment sur le train de nuit pour atteindre les objectifs climatiques de 2030, il faut prendre des décisions politiques dès aujourd'hui. « Il est clair que la libéralisation du trafic ferroviaire européen ne tient pas ses promesses, réagit la députée PTB Maria Vindevoghel, membre de la commission Mobilité. Les trains de nuit ne sont tout simplement pas viables sans subventions. »
L'Europe a désigné l'année 2021 comme « l'année du train », mais outre l’attribution de ce titre, elle ne met rien en place dans ce sens. Le train de nuit tant espéré entre Bruxelles et la ville suédoise de Malmö est abandonné. Aucune proposition d’exploitation de la ligne n’a été faite à la suite de l’appel d'offres européen. C’est mauvais signe.
Le PTB rappelle au ministre de la Mobilité Georges Gilkinet (Ecolo) sa promesse de faire de Bruxelles une véritable plaque tournante internationale du rail. Maria Vindevoghel souhaite que le ministre inclue l'extension du train de nuit dans le nouveau contrat de gestion de la SNCB, et lui fournisse dès lors les ressources financières suffisantes pour cela.
Le secteur du trafic ferroviaire international a été ouvert au libre marché il y a quinze ans. Le parti de gauche estime que le résultat de cette libéralisation est dramatique. « À l’exception de quelques trains à grande vitesse très coûteux, il existe très peu de lignes ferroviaires qui relient la Belgique à l’étranger, déplore Maria Vindevoghel. Pour le voyageur moyen qui doit parcourir quelque 1 000 kilomètres, le train n'est plus une option. La Commission européenne avait pourtant promis que la libéralisation conduirait à une augmentation de l’offre ferroviaire et à une réduction du prix des billets. Cette promesse s’avère fausse aujourd’hui. Les connexions internationales sont difficiles, les trains de nuit ont disparu, il n'y a pas de coordination internationale et les tarifs ont augmenté.
Ces dernières années, de plus en plus de gens ont pris conscience de l’anormalité de la situation : aujourd’hui, un billet d'avion pour l'autre côté de l'Europe coûte le même prix qu'une boîte de pralines, alors qu'il est devenu pratiquement impossible de se rendre en Grèce en train. Selon le PTB, la libéralisation a échoué, et pourtant, les responsables politiques continuent d’attendre en vain que de nouvelles initiatives privées remettent le train de nuit sur les rails. « Si nous voulons vraiment donner un nouveau souffle au train de nuit, les pouvoirs publics doivent eux-mêmes le prendre en main, en faire un service public, et lui fournir un financement adéquat. Nous pouvons parfaitement le faire par le biais de notre société nationale des chemins de fer, la SNCB », propose Maria Vindevoghel.
Via un nouveau contrat de gestion, qui se fait attendre depuis 2012, le gouvernement fédéral veut imposer des objectifs à la SNCB afin d'améliorer l'offre ferroviaire. « Le ministre Gilkinet a donc la possibilité d'obliger la SNCB à proposer des trains de nuit au départ de Bruxelles, par exemple à destination de Lyon et Rome. Qu'attend-il pour le faire ? se demande Maria Vindevoghel. Le libre marché ne s'intéresse qu'au profit que l'on peut tirer d'un service ou d'un produit. En tant que société, nous devons également prendre en compte les bénéfices écologiques que les trains de nuit peuvent apporter. Si nous voulons faire de ces trains de nuit un succès, nous devons les exploiter en tant que service public. M. Gilkinet pointe du doigt l'Europe, mais il oublie sa propre responsabilité. »