La moitié des entreprises contrôlées ne respectent toujours pas totalement les mesures sanitaires
Lors de la deuxième vague de coronavirus, près de la moitié des entreprises contrôlées n'étaient toujours pas en ordre avec les mesures sanitaires. C'est ce qui ressort des chiffres que le PTB a demandés au ministre Pierre-Yves Dermagne (PS). Depuis le mois d'octobre, il y a eu davantage d'inspections sur le terrain, en comparaison avec la première vague. Pourtant, le nombre d'infractions n'a pas vraiment diminué. Si la plupart des entreprises n'ont reçu qu'un avertissement, 37 ont été mises à l'arrêt tant les manquements aux mesures sanitaires étaient flagrants.
Une étude récente de Sciensano montre deux personnes sur cinq attrapent le coronavirus sur leur lieu de travail. « C'est tout à fait logique, estime Nadia Moscufo, députée fédéral PTB. Alors que tous les autres aspects de nos vies sont en suspens, garantir la sécurité au travail reste un tabou. De nombreuses entreprises sont bien trop laxistes en ce qui concerne les mesures sanitaires, comme le confirment les chiffres issus des inspections. Les organisations patronales ont prétendu que ce pourcentage élevé d'infractions relevées était dû au fait que les contrôles étaient principalement faits sur demandes. Mais, bien que les contrôles se multiplient, les infractions ne baissent que légèrement. »
« Les entreprises ont eu des mois pour prendre les mesures nécessaires, poursuit la députée de gauche. Il y a donc un véritable problème. Nous recevons des témoignages de personnes qui nous disent qu’il y a de plus en plus de relâchement dans le respect des règles sanitaires au sein de leur entreprise. C'est particulièrement irresponsable compte tenu des plus de 10 000 victimes du Covid-19. Et, pendant ce temps, le gouvernement s'évertue à incriminer les contacts sociaux des gens… »
Selon Nadia Moscufo, les chiffres montrent à quel point il est important de lutter pour la sécurité au travail. « Il est clair que c'est sur le lieu de travail qu'il faut prendre des mesures pour réduire davantage les taux de contamination », souligne-t-elle.
Lorsque des infractions sont constatées, 98 % des entreprises s'en tirent avec un avertissement. « Ce sont souvent de petites infractions, mais nous devons vraiment rester particulièrement vigilants, ajoute Nadia Moscufo. 37 entreprises ont encore été mises à l'arrêt depuis le mois d'octobre. 44 PV ont été dressés. Ce sont des sanctions lourdes que l'inspection n'appliquerait pas si les manquements n’étaient pas sérieux. De plus, dans une entreprise de 600 travailleurs, même des infractions mineures peuvent engendrer des risques majeurs. Il est clair que le variant britannique du coronavirus, particulièrement contagieux, ne va pas s'arrêter à la porte des usines. »
Les chiffres du ministre montrent que les infractions ne se limitent pas à un seul type d'entreprise. On en constate dans les grandes entreprises comme dans les petites. Nadia Moscufo : « Les grandes entreprises se font aider par des conseillers en prévention bien formés. Elles ont les ressources nécessaires pour prendre toutes les mesures possibles pour contenir la propagation du virus. Comment peuvent-elles justifier ce laxisme, bien trop fréquent ? »
Le PTB réclame une augmentation du nombre d'inspecteurs au sein des services de Contrôle du bien-être au travail, tout en se réjouissant de l'augmentation du nombre de contrôles effectués. « Attention, on est encore loin du compte, déclare Nadia Moscufo. Les contrôles doivent impérativement être renforcés. Jouer avec la santé des travailleurs, c'est jouer avec la santé publique. Cela doit cesser immédiatement. »
Pour la députée de gauche, ces chiffres indique qu’un contrôle accru du respect des mesures par les syndicats est nécessaire : « Les mesures doivent pouvoir être appliquées par les représentants des travailleurs présents au sein des Comités pour la prévention et la protection au travail. C'est le meilleur moyen de garantir que les mesures de sécurité prises soient adéquates et respectées par tout le monde. »
Chiffres* :
* Les totaux diffèrent parfois, de sorte que le nombre de constats ne correspond pas toujours au nombre de mesures.