La ministre De Block cache les problèmes de disponibilité du médicament contre le cancer du sein Femara
Les révélations de l’étude du PTB sur l’indisponibilité du médicament contre le cancer du sein Femara ont suscité beaucoup de controverse. La ministre de la Santé, Maggie De Block, a déclaré ce 5 septembre que le problème était complètement résolu. Rien n’est plus faux. Sofie Merckx, députée PTB et co-auteure de l’étude, a reçu, après les révélations, des mails du producteur et du distributeur du Femara montrant que le problème de disponibilité du Femara reste non résolu. Le producteur Novartis dispose même d’une ligne d’assistance téléphonique pour les pharmaciens spécialement pour cela.
Interpellé par divers témoignages de patientes, le PTB a étudié l’indisponibilité du Femara, un médicament contre le cancer du sein. L’étude montre que la pénurie n’est pas une coïncidence, mais plutôt le résultat d’une stratégie consciente de l’industrie pharmaceutique, qui joue avec les stocks de médicaments pour augmenter au maximum les marges bénéficiaires. Sofie Merckx : « Après nos révélations, le producteur Novartis m’a envoyé un mail. Ils admettent qu’il y a effectivement une pénurie et que celle-ci ne sera résolue que la semaine prochaine. Début juillet, le ministre a déclaré que le problème serait résolu le 26 juillet. Il s’est avéré que ce n’était pas vrai. Hier, elle a déclaré qu’il n’y avait plus de problème. Ce n’est pas vrai non plus. Elle nie tout simplement le problème et ne peut donc pas le résoudre. »
Le PTB demande à la ministre De Block de cesser de minimiser le problème, et encore moins de le nier, et de prendre immédiatement les mesures nécessaires pour obliger Novartis à remédier à l’indisponibilité de Femara. Le parti de gauche exige la transparence sur les vraies causes de la rupture de stock et interrogera les acteurs du dossiers lors d’une audition prévue dans le courant du mois au sein de la commission santé de la Chambre, dont Sofie Merckx est membre.
En attendant, l’explication de la cause de la pénurie reste floue. « Dans un rapport publié cet été, le cabinet de la ministre De Block parle d’un problème de production chez le fabricant Novartis, poursuit Sofie Merckx. Le distributeur, Febelco, a également rejeté la faute sur Novartis dans un message adressé à tous les pharmaciens le 5 septembre.1 Dans son courriel, Novartis explique que le problème de production est lié à la pénurie de variantes génériques du Femara, ce qui a entraîné une augmentation du besoin de production du Femara. Mais la "rupture de stock inattendue" de la variante générique, le Letrozol, était le fait de la société Sandoz, elle-même une filiale de Novartis elle-même. »
Le fait que ces différents acteurs se renvoient la balle de la sorte ne fait que confirmer ce que l’étude du PTB a déjà montré : il y a une pénurie de Femara et ni le producteur Novartis ni le grossiste Febelco ne peuvent en donner une explication convaincante. « Cela ne fait qu’accroître le soupçon qu’il y a réellement un but de profit derrière tout cela, analyse Sofie Merckx. Et, cerise sur le gâteau, Novartis pointe également du doigt dans son e-mail les patientes qui sont censés constituer eux-mêmes des stocks de Femara. Comme si les patientes étaient responsables des pénuries que l’industrie elle-même a créées ! »
Dans le courant du mois, des auditions sur les pénuries de médicaments sont prévues devant la commission santé de la Chambre. Le PTB - qui préside cette commission avec le député Thierry Warmoes - a pris l’initiative de ces auditions en raison de l’indisponibilité de l’antibiotique Clamoxyl. « Compte tenu de l’actualité, nous voulons maintenant étendre ces audiences au cas du Femara, conclut Sofie Merckx. Nous voulons connaître la vérité. Les patients ont droit à la transparence. »