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Jobs deal : les métiers en pénurie, le mythe fabriqué pour s'attaquer à nos salaires

Les patrons en rêvaient. Le gouvernement l'a mis en place cet été : un nouveau plan pour s'attaquer à nouveau à nos salaires, à nos conditions de travail, à la mise en concurrence des travailleurs. Comment y est-il arrivé ? En créant le mythe des métiers en pénurie. Décryptage d'une stratégie bien orchestrée.

Mercredi 1 août 2018

Depuis plusieurs mois, le nouveau problème urgent à résoudre serait la croissance du nombre de métiers en pénurie. On ne trouverait personne pour remplir des métiers bien existants. Un comble quand on sait que notre pays compte encore plus de 350 000 chômeurs. Le 18 juin, la FEB (Fédération des entreprises de Belgique) tire à nouveau la sonnette d’alarme. Selon les patrons belges, « la pénurie qui frappe le marché du travail freine la croissance économique ». Ils s’inquiètent que la situation entraîne « des augmentations salariales incontrôlables (qui) pourraient menacer la compétitivité de nos entreprises ».1 Un mois plus tard, le ministre de l’Emploi Kris Peeters (CD&V), avec le reste du gouvernement, reprend le même discours : « La pénurie sur le marché du travail constitue une menace pour la croissance économique. »2 Ce n’est pas tout. Des experts proches de la FEB montent au créneau dans les médias pour soutenir l’urgence du problème et entretiennent ce qui s’apparente à une véritable campagne. Les métiers en pénurie sont dès lors au coeur du « jobs deal » du gouvernement. Au nom des métiers en pénurie, le gouvernement nous vend de nouveaux reculs sociaux. Mais le problème des métiers en pénurie est-il bien réel ? Non. Il s’agit d’une stratégie bien orchestrée pour s’attaquer aux salaires, aux conditions de travail et accentuer la mise en concurrence des travailleurs. Ce n’est pas au problème de pénurie que le gouvernement doit s’attaquer. C’est au problème du chômage – toujours bien présent – et des conditions de travail toujours plus intenables pour un nombre croissant de travailleurs.

Emplois en pénurie ou pénurie d’emplois ?

Il y aurait un peu plus de 140 000 jobs « vacants » dans le pays. Un « poste vacant » est selon la définition officielle « un emploi rémunéré nouvellement créé, non pourvu, ou qui deviendra vacant sous peu, pour le pourvoi duquel l’employeur entreprend activement de chercher un candidat ». Et il y a 350 000 chômeurs complets.* Même si tous les métiers « en pénurie » étaient donc comblés, il resterait plus de 200 000 chômeurs. Le problème majeur à résoudre reste donc le manque général d’emplois. 

Mais la question suivante est de savoir comment il est possible d’avoir autant de jobs qui ne trouvent pas preneur alors qu’il y a autant de chômeurs ? Les différents organismes pour l’emploi identifient trois types de causes à ce problème : 

1. La mauvaise qualité des emplois proposés : très bas salaires, travail stressant, pénible ou dangereux, horaires impossibles (travail du soir, de week-end, à temps partiels…), etc.

2. Les entreprises trouvent que les candidats pour le boulot ne sont pas assez compétents, expérimentés, etc. 

3. Il n’y a pas (suffisamment) de candidats ayant les diplômes requis pour la profession demandée : ingénieurs, médecins, informaticiens…

L’analyse des « causes » permet de comprendre où le gouvernement et le patronat veulent en venir. 

Plonger les chômeurs dans la pauvreté ou augmenter les salaires ? 

Un des métiers les plus en pénurie en Flandres est celui… de travailleur de call center. « Au début, beaucoup de jeunes rentrent dans le secteur. Ils se disent qu’ils s’y connaissent un peu dans l’IT (informatique et télécommunications, NdlR) et que ça peut être un métier pour eux. Mais ils ne restent jamais très longtemps. Ton salaire ? 1 250 euros nets par mois pour un temps plein de 38 heures. Et pour ce petit salaire, la pression est maximale. Tu as maximum 10 secondes entre chaque appel. A la fin de la semaine ma pression sanguine était chaque fois beaucoup trop élevée alors que je ne travaillais qu’à 4/5ème. Les trois premiers mois, les jeunes sont enthousiastes mais ils sont vite dégoûtés. En plus, ils se rendent compte rapidement qu’il n’y a en fait pratiquement aucune possibilité de promotion dans le métier. » Tel est le témoignage de Jan qui a travaillé plusieurs années dans le secteur. D’autres boites de call center sont quant à elles les championnes du travail intérims avec jusque 70 % des heures prestées sous formes de travail intérimaire…3

Réduire les allocations de chômage constituera « un stimulant pour chercher du boulot », déclarait Charles Michel.4 Quand on lit l’histoire de Jan, on comprend qu’il s’agira avant tout d’un stimulant pour forcer des travailleurs licenciés et qui gagnaient jusqu’ici 1 400, 1 500 ou 1 700 euros à, finalement, devoir accepter un job en « pénurie » comme celui de travailleur de call center. 

La pénurie sur le marché du travail est due au fait que les employeurs rémunèrent trop peu les postes pour lesquels ils ne trouvent personne

L’histoire de Jan montre également qu’une bonne partie des métiers en « pénurie » ne sont en fait… pas en pénurie. Ce qui est en pénurie, ce sont les emplois de qualité qui respectent le travailleur. Comme l’explique Sacha Diercks, chercheur au centre d’études progressiste Minerva : « Selon l'économiste américain Dean Baker, la pénurie sur le marché du travail est due au fait que les employeurs rémunèrent trop peu les postes pour lesquels ils ne trouvent personne. S'ils payaient un salaire suffisant, ils trouveraient bel et bien des candidats pour travailler chez eux. La question est donc : où place-t-on la responsabilité, chez le travailleur ou chez le patron ? »5

Pénurie d’emploi ou obliger les entreprises à investir dans l’humain ?

Les entreprises se plaignent que pour beaucoup de métiers, les gens ne sont pas suffisamment formés, pas assez expérimentés, etc. Mais cela a toujours été le cas et c’est normal. Par exemple, pour devenir conducteur de train, il faut un an de formation. La SNCB ne se « plaint » pas qu’elle ne trouve pas des conducteurs ou des accompagnateurs de train déjà formés. Elle les forme. Par contre, le privé ne veut plus faire aucun effort dans ce sens. Un jeune est trop « jeune », il n’est pas assez formé ou manque d’expérience. Un vieux est trop « vieux », trop lent et trop cher. Rien n’est jamais bon dès qu’il faut investir dans l’être humain. Les entreprises veulent des travailleurs directement exploitables et ne rien devoir faire pour la formation. Même la FEB est obligée de dire à ses adhérents qu’elles ne doivent pas toujours attendre des candidats qui correspondent à « 100 % » (!) de leurs attentes. Pour le monde patronal, tous les efforts de formations sont transférés sur le secteur public ou sur le travailleur même qui doivent s’adapter à tous les besoins les plus particuliers du monde de l’entreprise. 

Il manque d’ingénieurs mais on maintient un examen d’entrée pour accéder à ces études

Là encore, on voit que les problèmes de pénurie sont en fait très limités. On ne doit pas parler dans ce cas de « pénurie » mais bien de manque d’investissement des entreprises dans l’humain : formation, aménagement du temps pour garder les anciens, etc. 

Pénurie d’emploi ou manque d’investissement dans l’enseignement ? 

Pour certaines professions particulières, il manque effectivement des travailleurs formés. Tous les services régionaux pour l’emploi pointent par exemple le manque de médecins. Et c’est une réalité. Pourtant, le gouvernement maintient le numérus clausus qui limite drastiquement l’accès aux études de médecine. Il manque d’ingénieurs mais on maintient un examen d’entrée pour accéder à ces études. Il manque de certains autres métiers nécessitant une formation supérieure mais on augmente les droits d’inscription au lieu de démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur.

Là encore, on devrait parler moins de problèmes de « pénurie » et plus de problèmes de manque d’investissement dans l’enseignement.

La pénurie cache une stratégie pour casser les salaires

Nous sommes le 22 mars 2017, au Brussels Expo. Le magazine économique Trends-Tendance organise sa grande soirée de remise des prix des « Trends Gazelles » nationales. Le gratin patronal (petit et grand) du pays est réuni. Il s’agit de récompenser les entreprises qui dans chaque région ont connu la plus forte croissance. Pour Bruxelles, c’est l’entreprise Ikanbi Belgium qui est récompensée. Le siège social de l’entreprise est à Bruxelles mais son implantation réelle se situe en fait à Herstal. Il s’agit d’un service de « gestion clients » qui gère les clients de manière numérique pour plusieurs autres boites. An Meers, la général manager de l’entreprise, est très fière de recevoir ce prix. Son chiffre d’affaire a plus que doublé en 5 ans. Ce qui n’est pas dit lors de cette soirée, c’est qu’Ikanbi emploie près de 70 % de travailleurs intérimaires. Et quand on demande à An Meers si l’entreprise n’a pas connu de problèmes pour trouver du personnel, elle répond: « Vu le taux de chômage assez élevé que connaît la région de Herstal, nous avons jusqu’à présent toujours réussi à trouver les travailleurs qu’il nous fallait. »6

Cette réponse résume assez bien la stratégie patronale : pour pouvoir engager à des bas salaires et dans de mauvaises conditions de travail (des intérimaires par exemple), le patronat a besoin d’un taux de chômage « assez élevé ». 

L’expert pro-patronat, Jan Denys, explique ce mécanisme avec beaucoup de cynisme: « L’augmentation du chômage et la diminution du nombre d’emplois vacants modifient le comportement de recrutement des entreprises et le comportement de recherche des demandeurs d’emploi. Les entreprises, qu’elles le veuillent ou non, placeront la barre plus haut. Il s'agit là d’une conséquence logique du fait que des candidats plus nombreux et meilleurs poseront également leur candidature pour un emploi vacant spécifique. (...) La façon de postuler des demandeurs d’emploi est, bien sûr, en train de changer tout autant. Les exigences qu’ils fixent pour un emploi sont en cours de révision à la baisse, que ce soit au niveau du contenu de l’emploi ainsi que du type d’entreprise, du salaire et des avantages sociaux supplémentaires. Par exemple, les candidats auront moins d’exigences en matière d’équilibre travail-vie personnelle. Les travailleurs seront également moins préoccupés par le fait de déménager loin de chez eux pour se rendre au travail. »7 Dans la suite de son texte, écrit en 2010 déjà, il met en garde le monde patronal que c’est le « mécanisme inverse qui joue » quand le chômage diminue. Il y a un vrai rapport de force sur le marché du travail, explique l’expert pro-patronat.

Plus de chômage, c’est plus de concurrence entre les chômeurs pour accepter n’importe quel boulot

Plus de chômage, c’est plus de concurrence entre les chômeurs pour accepter n’importe quel boulot. Et la baisse actuelle du chômage inquiète donc le monde patronal. Les gouvernements successifs ont créé de nombreux jobs de mauvaises qualités (intérims, temps partiels, bas salaires…) mais ils ne trouvent pas toujours preneur car le taux de chômage n’est plus « assez élevé ». En plus, le patronat craint qu’avec moins de chômeurs, la pression sur les salaires devienne « incontrôlable ». 

Selon cette logique patronale, il faut donc d’urgence deux choses : remettre sur le marché du travail beaucoup plus de gens et augmenter la pression sur les chômeurs pour les forcer à accepter n’importe quel boulot. La FEB exige : « Il est crucial que tous les niveaux de pouvoir misent (…) sur une politique effective de contrôles et de sanctions, et sur une activation efficiente des chômeurs, des malades de longue durée, des bénéficiaires du RIS (Revenu d’intégration sociale, NdlR) et autres inactifs. »8 Le gouvernement exécute: « Le jobs deal a pour but d'activer rapidement le groupe (en baisse) des chômeurs (actuellement 345 000) et la réserve de 1,8 million de gens qui n'exercent pas de travail rémunéré », déclare Kris Peeters.9 Ces 1,8 million de personnes sont les malades, les étudiants, les prépensionnés, les handicapés… On va puiser chez eux de quoi agrandir « l’armée de réserve », comme Marx appelait dans « Le Capital » l’armée de chômeurs qui font pression sur les salaires : « L'armée de réserve industrielle pèse sur les travailleurs actifs, pour en refréner les prétentions pendant la période de haute prospérité. »10

Pourrir la vie des travailleurs âgés, malades et sans emploi pour baisser les salaires

Pour élargir l’armée de réserve et la forcer à accepter n’importe quel job, on va pourrir la vie des chômeurs mais aussi celle des travailleurs âgés et des travailleurs malades. 

Pourrir la vie des travailleurs âgés

Le gouvernement avait déjà pris les mesures suivantes : pension à 67 ans, recul de la pension anticipée à 63 ans après 42 ans de carrière, les prépensionnés doivent être disponibles sur le marché du travail, baisse du montant de la prépension, etc. Toutes ces mesures ont entre autre pour but de ralentir la baisse du chômage qui aurait provoqué ce que la FEB appelait dès 2005 une « pression inflatoire sur les salaires ». En d’autres mots, ce qui aurait provoqué une pression à la hausse sur les salaires. On retarde donc la sortie du marché du travail. 

Les gens n’en peuvent plus mais on supprime la mesure la plus efficace permettant un travail faisable en fin de carrière

Mais ce n’est pas suffisant pour le patronat qui réclamait des mesures supplémentaires. Ce que le gouvernement veut faire à la rentrée : en mettant un terme à la possibilité de prépension avant 60 ans même en cas de restructuration. Et il faudra avoir cumulé 41 ans de carrière. 

Les crédit-temps à 55 ans sont supprimés. Il faudra attendre 60 ans pour en bénéficier. Ce qui constituait la seule bouffée d’oxygène pour de nombreux travailleurs de 55 ans qui pouvaient terminer leur carrière à 4/5 temps est supprimée. Les gens n’en peuvent plus mais on supprime la mesure la plus efficace permettant un travail faisable en fin de carrière. Cette mesure est aussi une claque dans la figure des 70 000 travailleurs qui ont manifesté le 16 mai dernier et qui réclamaient le retour de la pension à 65 ans, la défense d’un droit à la prépension et la généralisation des crédits-temps à 55 ans. 

Pourrir la vie des travailleurs malades

Le nombre de travailleurs malades de longue durée explose. Plus de 400 000. Pourquoi ? Parce que de nombreux travailleurs âgés ne tiennent plus le coup. Parce que de nombreux jeunes sont en burn-out à cause de la pression au boulot. Au lieu de permettre aux travailleurs malades de se réinsérer, au lieu de ralentir le rythme en défendant les crédits-temps de fin de carrière ou les possibilités de prépension, etc. le gouvernement a déjà pris des mesures facilitant le licenciement sans indemnité des travailleurs malades. Et ce n’est pas fini. Il veut faire voter à la rentrée parlementaire une loi qui sanctionnerait – sous forme de baisse de l’allocation de maladie – ceux qui ne participeraient pas à un parcours de réinsertion. Comme si appauvrir des malades allait les guérir. Comble du cynisme, après avoir facilité le licenciement des travailleurs malades, il veut dépenser des moyens pour les forcer à reprendre un job « normal ». L’employeur qui a rendu malade le travailleur est épargné. Il a pu licencier son travailleur sans aucune indemnité. Et toute la pression et la sanction est mise sur le salarié. 

Et c’est dans la même veine qu’il s’en prend aux jours de maladie des fonctionnaires. Le gouvernement veut réduire le nombre de jours de maladie où ils gardent leur traitement plein. Comme pour le privé, il active la double peine : celle d’être malade et ensuite celle de voir sa rémunération réduite de 40 %. Avec un discours où le problème n’est plus la maladie mais le malade qu’il faut forcer à revenir sur le marché du travail en baissant ses allocations.  

Pourrir la vie des chômeurs

Et pour que cette stratégie « marche », il faut mettre la pression maximale sur le chômeur en le plongeant plus rapidement dans la pauvreté. Après 6 mois de chômage, ses allocations seront très vite amputées pour se retrouver au minimum. Pourtant, diminuer les allocations pousse davantage de gens dans la pauvreté mais ne contribue pas à mettre davantage de gens au travail. Quelqu’un qui doit survivre avec un revenu sous le seuil de pauvreté ne peut plus se permettre d’avoir une voiture, supprime son abonnement Internet et n’a plus de budget pour une formation, pour la crèche ou pour avoir une vie sociale. Comment trouver ainsi du travail ? Au contraire, les gens trouvent plus vite du travail lorsqu’on leur garanti un revenu décent. Mais ce gouvernement fait exactement le contraire.

Et ce n’est pas tout. Le gouvernement a également décidé « de rendre possible un service communautaire pour les chômeurs de longue durée ». Il s’agit de tâche réalisée quasi gratuitement par le chômeur deux fois par semaine. Cette mesure augmente encore plus fortement la pression pour accepter n'importe quel job. La personne qui ne trouverait pas de job convenable pourrait bientôt devoir aller balayer les rues en tant que chômeur. Aux Pays-Bas, où un tel service communautaire a été instauré, le travail obligatoire des chômeurs s’est fait au détriment des emplois stables. Des balayeurs de rue salariés sont remplacés en partie par des balayeurs de rue réalisant gratuitement un « service pour la communauté ». 

La peur allemande du chômage pour baisser les salaires

Toute la stratégie du gouvernement suit la même logique que celle mise en place par le gouvernement rouge-vert allemand début des années 2000 : faire peur aux travailleurs qui ont un emploi « stable ». Comment ? En rendant la vie impossible aux chômeurs et aux malades ainsi qu’en créant tout un pan du marché du travail fait de jobs précaires. Avec comme idée que la peur de tomber au chômage ou de tomber malade permettra de nouvelles attaques contre les salaires et les conditions de travail. Et cela a marché pendant quelques années. Les gens avaient tellement peur de tomber au chômage que les travailleurs ont accepté pendant plusieurs années des baisses importantes de leurs salaires. 

La peur peut changer de camp

Après des années de défaites, les travailleurs allemands ont commencé à relever la tête. Jamais le pays n’a connu autant de grève pour des meilleurs salaires et des meilleures conditions de travail. Les salaires reprennent une courbe ascendante. Le mouvement social a aussi pu imposer il y a quelques années l’introduction d’un salaire minimum qui a poussé les salaires à nouveau vers le haut. 

En Belgique, toute la mobilisation pour les pensions a fait reculer le gouvernement sur la pension à points. Il a dû retarder son projet de loi sur les métiers pénibles qui était en fait une nouvelle supercherie pour nous faire travailler plus pour moins de pensions.11 Le gouvernement craint la mobilisation sociale. En particulier avant les élections qui arrivent. Même s’il prétend le contraire, il craint que cette mobilisation sociale se transforme également en sanction électorale en octobre 2018 et mai 2019. Et il a raison d’avoir peur. La crainte du gouvernement est d’autant plus forte que son jeu est de plus en plus clair. Même le journal économique l’Echo est obligé de constater que « depuis le début de la législature, les efforts demandés par le gouvernement reposent presqu'exclusivement sur les épaules des travailleurs. »12

Le gouvernement et le patronat tentent de nous faire peur. Mais la peur peut rapidement changer de camp. Si nos ministres sentent arriver la mobilisation sociales et la sanction électorale. S’ils sentent que les gens n’acceptent plus leur cadre et veulent imposer une autre logique : celle du respect des travailleurs en permettant de s’arrêter plus tôt, en permettant de travailler moins ; celle de l’activation des fortunes via une taxe des millionnaires et celle de l’honnêteté politique où des politiciens payés plus de 5 000 euros nets ne pourront plus baisser le salaire de ceux qui en gagnent 1 000. 

 

* Et ce chiffre ne tient pas compte des jeunes en stage d’attente, des demandeurs d’emploi qui dépendant du revenu d’intégration, les demandeurs d’emploi non indemnisé. Si on tenait compte de toutes ces catégories, on devrait parler de 490 000 chômeurs...

1. http://www.vbo-feb.be/en/business-issues/labour-market--jobs/marche-du-travail--emploi/moins-de-postes-vacants-pour-metiers-en-penurie-plus-de-croissance-economique/ • 2. https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_suivez-en-direct-la-conference-de-presse-sur-le-budget-federal?id=9979546#anchor-pdf • 3. https://ptb.be/articles/exclusif-dans-10-grosses-entreprises-plus-de-la-moitie-des-heures-sont-prestees-par-des • 4. « De Tijd », 28 juillet 2018 • 5. https://solidaire.org/articles/la-penurie-sur-le-marche-du-travail-est-une-fable • 6. « Trends », « Gazelles 2017 Bruxelles - Lauréate pour les Grandes Entreprises: iKanbi », 01/02/2017. http://trends.levif.be/economie/magazine/gazelles-2017-bruxelles-laureate-pour-les-grandes-entreprises-ikanbi/article-normal-607209.html • 7. Jan Denys, Free to work, Houtekiet, février 2010 • 8. http://www.vbo-feb.be/en/business-issues/labour-market--jobs/marche-du-travail--emploi/leconomie-de-penurie--les-propositions-de-la-feb-sont-pretes/ • 9. https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_suivez-en-direct-la-conference-de-presse-sur-le-budget-federal?id=9979546#anchor-pdf • 10. Karl Marx, « Le Capital, livre premier, Chapitre XXV : Loi générale de l’accumulation capitaliste » • 11. https://www.pastoucheanospensions.be/m_tiers_p_nibles_le_ptb_entre_en_campagne_pour_soutenir_le_plan_65_60_55• 12. « L’Echo », 28 juillet 2018