Il est absurde d'exploiter les centrales nucléaires 20 années de plus
Prolonger de 20 années supplémentaires la durée de vie de 3 centrales nucléaires ? Aberrant. « Les centrales nucléaires sont conçues pour une durée de vie de 40 ans », affirme Thierry Warmoes (PTB), membre de la commission Climat du parlement fédéral. « En 2025, Doel 1 et 2 seront en fonctionnement depuis... 50 ans ! »
Le PTB estime que la proposition de prolonger de 20 années supplémentaires la durée de vie de 3 centrales nucléaires dans notre pays est aberrante. Cette idée a été suggérée par le nouveau président d'Electrabel, Johnny Thijs. Selon le parti de gauche, une nouvelle prolongation est irresponsable. « Les centrales nucléaires sont conçues pour une durée de vie de 40 ans », affirme Thierry Warmoes (PTB), membre de la commission Climat du parlement fédéral. « Doel 1 et 2 seront en fonctionnement depuis 50 ans en 2025, tout comme Tihange 1. L'hiver dernier, nous étions à la limite d'un black-out en Belgique, parce que ces réacteurs avaient des problèmes. Et maintenant, Electrabel propose d’utiliser certains réacteurs pendant 60 ans ? Ce n’est pas comme ça qu’on assurera la sécurité d’approvisionnement dans notre pays, bien au contraire. »
Le PTB appelle à ne pas investir dans une prolongation. Selon le Parti du Travail de Belgique, tous les investissements doivent être tournés vers les énergies renouvelables. Il estime que c’est le seul moyen de garantir la sécurité d’approvisionnement sur le long terme.
Warmoes critique aussi Thijs sur la question des coûts. Le président d’Electrabel a affirmé qu’une prolongation de moins de 20 ans ne serait pas rentable. « Monsieur Thijs parle d’un investissement d’1,3 milliard d’euros. Dans un rapport de 2018, le bureau fédéral du plan a calculé qu’une sortie du nucléaire générerait à Electrabel un bénéfice de 850 millions d’euros par an », explique Thierry Warmoes. « Même avec moins de réacteurs, on rentabiliserait cet investissement à très court terme. En 20 ans, on réaliserait même de gigantesques bénéfices. »
Selon le député PTB, Electrabel ne pense qu’à maximiser ses profits, alors que les coûts sont imputés à la collectivité. « Je me demande si les coûts relatifs aux déchets nucléaires sont bien couverts, poursuit Warmoes. Selon un récent rapport de Greenpeace, le traitement de ces déchets coûterait plus de 10 milliards d’euros. Si on décide de maintenir en fonction les centrales nucléaires 20 années de plus, ce montant sera évidemment encore plus élevé. Le fait que monsieur Thijs ne prenne pas ces coûts en considération est assez préoccupant. »
D'après Thierry Warmoes, le risque que le PDG d'Electrabel se trouve des alliés au parlement est bien réel. « Le lobby d’Engie-Electrabel y est très actif, affirme-t-il. Dans le cabinet de la ministre de l'énergie Marghem, ils se sentaient comme chez eux. Au début de l’année 2016, la ministre a élargi les garanties de l’état sur les réacteurs, et fin 2016 ils ont encore trouvé un très beau cadeau fiscal sous leur sapin de Noël. C'est le lobby d’Electrabel qui ralentit la sortie du nucléaire depuis des années. »
Thierry Warmoes estime que l'entreprise met en œuvre une stratégie de sabotage depuis des années. En outre, le plan de la sortie du nucléaire est retardé, car Engie veut prolonger coûte que coûte la durée de vie des centrales nucléaires au maximum. « Avec le PTB, nous continuerons à nous opposer fermement à cela. L'intérêt général doit passer avant celui des actionnaires d’Engie », conclut-il.