Hausse des prix du carburant : comment l’index manipulé nous a fait perdre 300 euros cette année
Les prix de l’essence et du diesel grimpent en flèche. Un coup dur pour le revenu des travailleurs, puisque cette hausse n’est pas prise en compte dans l’indexation des salaires. Le PTB veut le rétablissement du véritable indice des salaires qui prend en compte le prix de l’essence et du diesel, ainsi qu’un plan climat ambitieux qui fait payer les géants du pétrole.
L'indice des prix à la consommation doit être pris en compte pour les salaires, et cela doit inclure la forte augmentation de cette dernière année
Il est hypocrite de faire payer lourdement les travailleurs pour leur mobilité et pas les grandes entreprises pétrolières qui font des milliards de profit grâce aux très hauts prix des carburants
En une seule année, entre octobre 2017 et octobre 2018, le diesel et l'essence ont augmenté respectivement de 20,8 % et de 10,2 %. « L'ancien indice des salaires aurait partiellement amorti cette augmentation, explique Raoul Hedebouw, le porte-parole du PTB. Ce que ne fait plus l'indice actuel, qui a été manipulé, puisque le diesel et l'essence n’en font plus partie. »
« Les travailleurs paient à nouveau la facture de l'augmentation des prix des carburants. Ils paient le prix d'une rentrée d'argent facile pour le gouvernement. Celui-ci augmente les taxes sur le diesel et l'essence mais n'a pas l'ombre d'un plan climatique ambitieux. Nous voulons le retour à un véritable indice des salaires et la mise en œuvre d'un plan climat digne de ce nom. Les géants du pétrole doivent aussi contribuer. Il est hypocrite de faire payer lourdement les travailleurs pour leur mobilité et de ne pas faire contribuer les grandes entreprises pétrolières qui font des milliards de profit grâce aux prix très élevés des carburants. »
Besoin d’un véritable index
Le service d'études du PTB a calculé ce que l'indice manipulé – « l'indice santé » dans lequel les prix du diesel, de l'essence, du tabac et de l'alcool ont été retirés – a coûté en un an à un travailleur payé au salaire médian : plus de 300 euros.
« La crise du prix des carburants touche directement tout le monde, souligne Raoul Hedebouw. C'est le travailleur qui paie la facture d'un indice manipulé. En effet, l'indexation des salaires ne suit plus le coût réel de la vie depuis 1994, lorsque le gouvernement CD&V, sp.a, PS et cdH en ont retiré quatre éléments. C'est pourquoi le PTB veut le rétablissement du véritable index : l'indice des prix à la consommation doit être pris en compte pour les salaires, et cela doit inclure la forte augmentation de cette dernière année. »
« Il n'est pas normal que Catherine, qui travaille dans le gardiennage et doit être à 6 heures à son poste, doive payer de plus en plus pour arriver à son boulot car elle n'a pas d'alternative à la voiture », illustre le porte-parole du PTB.
La double hypocrisie du gouvernement
En plus du côté simplement injuste socialement de l’indice-santé, le gouvernement fait preuve d’une double hypocrisie. Cela fait des années qu’il est à la traîne pour mettre en œuvre des solutions écologiques. Il n’y a aucune mesure concrète et radicale pour assurer la transition vers les énergies renouvelables et la mobilité douce. Et, quand il s’agit de taxer les grandes entreprises pétrolières, toutes les excuses sont bonnes pour ne pas toucher à ces multinationales, pourtant les principales responsables des problèmes environnementaux.
À l’inverse, quand il s’agit d’augmenter les taxes sur le diesel et l'essence, qui touchent directement le porte-monnaie des travailleurs, là, le gouvernement n’hésite pas et utilise même l’argument écologique. Une bonne excuse pour une rentrée d’agent facile dans les caisses de l’État.
Pourtant, ces taxes-là n'ont aucun effet pour l'environnement. Car, si Catherine doit arriver à son boulot à 6h, taxes ou pas, elle devra bien prendre sa voiture.
C’est là l’autre volet de l’hypocrisie du gouvernement, qui désinvestit dans les transports en commun plutôt que de développer une mobilité durable et accessible. Il est temps d’offrir des alternatives crédibles et avantageuses, comme instaurer les transports en commun gratuits dans les grandes villes.
« C’est pourquoi, outre un véritable index des salaires, nous voulons un plan climat digne de nom. Et les géants du pétrole doivent y contribuer. Il est hypocrite de faire payer lourdement les travailleurs pour leur mobilité et de ne pas faire contribuer les grandes entreprises pétrolières qui font des milliards de profit grâce aux très hauts prix des carburants », conclut Raoul Hedebouw.
Ce jeudi 8 novembre, Raoul Hedebouw est intervenu à ce sujet à la Chambre.