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Hanne Bosselaers, de retour du Liban : « Des images dures, mais on se laisse emporter par l’incroyable courage des gens »

Hanne Bosselaers, de Médecine pour le Peuple (MPLP), est allée au Liban juste après les violents bombardements qui ont frappé le pays. Elle a vu un pays accablé par les attaques israéliennes, mais aussi un pays avec une solidarité et une résilience incroyables.

Vendredi 27 décembre 2024

Hanne Bosselaers stapt langs verwoeste gebouwen in Libanon

Hanne Bosselaers devant des bâtiments détruits au Liban.

Pourquoi un médecin de MPLP se rend-il au Liban ?

Hanne Bosselaers. Le Liban est depuis septembre lourdement attaqué par Israël. Dans le sud du pays, des villages entiers ont été détruits par les bombardements. Avec MPLP, nous sommes en contact avec le Secours populaire libanais. Ils possèdent, entre autres, un grand hôpital à Nabatiye, une petite ville du sud du pays. Nous leur avons rendu visite.

La solidarité internationale est l’un des principes importants de MPLP et du PTB. Le droit à la santé est un droit pour tous. Les Palestiniens, les Libanais et les Syriens souffrent énormément des attaques israéliennes, et c’est pourquoi nous défendons également leur droit à la santé et leur témoignons notre solidarité.

L’importance d’une telle mission sur place est de voir comment les gens s’organisent. Et des organisations comme le Secours populaire libanais, que nous soutenons, prennent leur destin en main et s’engagent pour leur communauté.

Qu’avez-vous vu là-bas ?

Hanne Bosselaers. Beaucoup de destructions... Le sud du Liban a été le plus durement bombardé. Et même à Nabatiye, les dégâts sont énormes. Le souk, le cœur commercial où les gens font leurs courses, a été complètement anéanti. Et ce n’était pas un objectif militaire. Nous avons vu un vendeur de chaussures qui essayait encore de récupérer ses marchandises au milieu des décombres.
 

Le souk, le cœur commercial où les gens font leurs courses, a été complètement anéanti. Et ce n’était pas un objectif militaire.

Dans le sud de la capitale Beyrouth, des immeubles entiers ont été réduits en ruines. Des quartiers entiers – pauvres et très peuplés – ont été détruits. 

Que ressentez-vous en voyant cela sur place ?

Hanne Bosselaers. Ce sont des images dures, mais on ne peut pas s’empêcher de se laisser emporter par l’incroyable courage des gens.

Vernielde gebouwen in Libanon

 Bâtiments détruits au Liban.

Ils prennent leur vie en main. Lorsque nous avons fait une visite dans un quartier au sud de Beyrouth – avec plusieurs immeubles rasés – nous avons rencontré des jeunes qui organisaient une cuisine populaire. Ils faisaient partie de l’organisation de jeunesse du Parti communiste libanais.

Ils préparaient 350 repas par jour pour les gens du quartier qui revenaient réparer leurs maisons. Ils distribuaient des lampes solaires aux familles qui n’avaient toujours pas d’électricité. Ils aidaient aussi aux réparations. C’était un peu comme les SolidariTeams chez nous. C’était impressionnant à voir.

Dans l’un des centres de santé que nous avons visités, le personnel était également temporairement parti se réfugier, mais il était revenu aussi vite que possible pour reprendre son travail afin de s’occuper des autres qui étaient aussi revenus après les bombardements.

D’un côté, l'ambiance est positive, mais de l’autre côté, la menace est toujours présente. Elle plane littéralement, car des drones israéliens continuent de survoler la ville tous les jours.

On pourrait penser que les gens, dans une telle situation de guerre, sont paralysés. Mais ce n’est absolument pas ce que nous avons vu là-bas. Ils sont très actifs et bien organisés. Et des jeunes aux personnes âgées, tout le monde s’entraide.

Hanne Bosselaers en andere leden van Secours Populaire Libanais op bezoek bij de jongeren die 350 maaltijden per dag klaarmaken voor mensen die terugkeren na de bombardementen

 Hanne Bosselaers et des membres du Secours populaire libanais rendent visite aux jeunes qui préparent 350 repas par jour pour les personnes qui reviennent après les bombardements. 

C’est aussi un sentiment ambivalent. Cette solidarité et cette résilience sont très encourageantes, mais en même temps, on voit les destructions. Et ce double sentiment, on le voit aussi sur les panneaux publicitaires, par exemple. Les entreprises y affichent des slogans comme « Joyeux Noël, célébrons quoi qu’il arrive » ou « Tout va bien se passer ».

C’est un peu l’ambiance : d’un côté, énormément de positivité, mais de l’autre côté, la menace est toujours présente. Elle plane littéralement, car des drones israéliens continuent de survoler la ville tous les jours. C’est comme si tout pouvait recommencer à tout moment.

Il y a pourtant un cessez-le-feu, qui court jusqu’à fin janvier...

Hanne Bosselaers. La question est de savoir dans quelle mesure ce cessez-le-feu sera respecté. Depuis le début de celui-ci, fin novembre, plus de vingt personnes ont été tuées côté libanais. Il y a encore des bombardements. Israël occupe toujours une bande de terre au sud. Et il y a peu d’espoir que ce cessez-le-feu tienne après cette période de soixante jours.
Il y a actuellement une petite pause. La vie quotidienne se déroule relativement normalement. Mais l’impact des bombardements sur les travailleurs de la santé est bien sûr énorme.

Comment fonctionne le Secours populaire libanais ?

Hanne Bosselaers. C’est une organisation qui ressemble beaucoup à MPLP en ce qui concerne sa vision de la santé. La santé va au-delà de l’accès aux soins. Pour mener une vie saine, les gens ont aussi besoin d’une maison décente et d’un environnement sain, et dans leur cas, ils ont aussi besoin de paix. Le Secours populaire gère un réseau de centres médicaux et possède un hôpital moderne à Nabatiye, qui est très bien ancré dans le tissu social de la région. Ils ont également des équipes de protection civile avec des bénévoles qui ont aidé à transporter les blessés.
Les centres du Secours populaire dans le nord du Liban sont submergés par les besoins des familles entières qui ont été déplacées. Et les centres dans le sud font face directement aux blessés et aux morts de la guerre.

La directrice de l’hôpital a demandé à tout son personnel : « Vous restez ici pendant les bombardements ou vous partez ? » Plus de la moitié du personnel est restée. C’est impressionnant.

Certains centres médicaux ont également été attaqués et ont dû fermer. À un moment donné, l’hôpital du Secours populaire était le seul à être encore opérationnel et capable de recevoir les blessés. Le rôle de cet hôpital dans cette région est donc crucial.

Een medische ruimte vernield door een bombardement

 Une salle d'un hôpital détruite par les bombardements.

Lors des bombardements de la ville, l’équipe de 120 personnes du personnel est restée constamment à l’hôpital, jour et nuit. Pour s’occuper des victimes de la guerre. 

Pour la directrice de l’hôpital, c’était déjà la troisième fois qu’elle était empêchée de quitter l’hôpital à cause des bombardements. Elle avait demandé à tout son personnel : « Vous restez ici pendant les bombardements ou vous partez ? » Plus de la moitié du personnel est restée. C’est impressionnant. Et on ne sait même pas combien de temps cela va durer. Une semaine ? Un mois ? Dans ce cas, ils sont restés là-bas pendant soixante jours.

Pourquoi le Liban est-il bombardé par Israël ?

Hanne Bosselaers. Israël veut déstabiliser tout le Moyen-Orient et repousser ses frontières. Ils font cela depuis 1948 avec la Palestine et maintenant aussi en Syrie et au Liban. Cela passe par une violence croissante et des bombes financées par les États-Unis.

Israël et ses alliés ont tout intérêt à maintenir une situation instable au Liban, en Syrie, en Irak et en Palestine.

Et ce qui est cynique au Liban, c’est qu’il y a énormément de réfugiés palestiniens là-bas. La génération précédente a dû fuir la Palestine à cause de la violence israélienne, et maintenant, ils ne sont pas en sécurité au Liban face aux bombes israéliennes. Ils en sont encore une fois les victimes.

Hanne Bosselaers in gesprek met een medewerkster van Secours Populaire Libanais.

Hanne en conversation avec une travailleuse du Secours populaire libanais.

Ils peuvent le faire parce qu’ils ont des alliés puissants qui veulent contrôler la région. Israël et ses alliés ont donc tout intérêt à maintenir une situation instable au Liban, en Syrie, en Irak et en Palestine.

Cela se voyait aussi bien en Syrie après la chute du régime d’Assad. La première chose qu’Israël a faite a été de bombarder et d’occuper une plus grande partie du pays.

Le Liban peut-il encore gérer toutes ces attaques et ces réfugiés ?

Hanne Bosselaers. Cela devient de plus en plus difficile. En plus des Palestiniens, le Liban accueille 1,5 million de réfugiés syriens. Le Liban est le pays qui accueille proportionnellement le plus grand nombre de réfugiés au monde. C’est une situation difficile pour un pays qui traverse une crise économique profonde. Ajoutez à cela l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020, dont le pays ne s’est toujours pas complètement remis, et maintenant cette agression israélienne. Donc oui, le Liban a beaucoup de mal à tenir le coup avec tous ces réfugiés.
Les habitants eux-mêmes ont de plus en plus de difficultés. Dans un centre médical qui avait été créé pour les réfugiés et la population plus pauvre, on nous a dit qu’ils voyaient de plus en plus de Libanais « normaux », avec un emploi, venir là. Ils ne peuvent plus se permettre des médicaments ou une consultation chez le médecin.

Le pays est confronté à de nombreux problèmes, d'où l'importance de la solidarité.

Que pouvons-nous faire ici en Belgique ?

Hanne Bosselaers. Nous voulons appeler à une solidarité active et concrète. En tant que Belges, nous avons le plus d’impact sur notre propre gouvernement, donc nous voulons exercer une pression sur lui.
L’une des choses que nous demandons depuis longtemps, c’est un embargo militaire contre Israël : ne plus fournir d’armes, mais aussi interdire le transport d’armements.

Il est possible d’isoler et d’affaiblir Israël avec des sanctions. Certains pays le font déjà, mais la Belgique pourrait en faire plus. Une grande manifestation est d’ailleurs prévue pour le dimanche 26 janvier.

Il faut aussi imposer des sanctions économiques. Israël commet un génocide à Gaza et ne respecte aucune convention internationale. Il est grand temps de mettre fin à l’impunité.

Il est possible d’isoler et d’affaiblir Israël avec des sanctions. Certains pays le font déjà, mais la Belgique pourrait en faire plus. Donc, nous continuerons à nous battre pour cela, au niveau politique, mais aussi en manifestant dans la rue. Une grande manifestation est d’ailleurs prévue pour le dimanche 26 janvier (toutes les infos ici).

Nous, avec Médecine pour le Peuple, allons continuer à maintenir les contacts avec les organisations locales. C’était très motivant de les voir à l’œuvre, et nous voulons garder vivante cette solidarité.

Soutenez le Secours populaire libanais

Le Secours populaire libanais fait un travail incroyable dans des conditions extrêmement difficiles. L’organisation de santé a lancé une collecte de fonds pour pouvoir acheter du matériel médical afin de pouvoir continuer à remplir son rôle et aider les personnes qui ont fui.

Soutenez l’organisation et faites un don via GoFundMe.