Gouvernement Arizona : tout le monde doit travailler plus longtemps pour moins de pension… sauf les ministres et les députés ?
Si cela ne tenait qu’au ministre Jan Jambon et au gouvernement Arizona, tout le monde devrait travailler plus longtemps pour une pension plus basse — sauf eux-mêmes ? Alors que ce gouvernement annonce des économies drastiques qui touchent durement les pensions des travailleurs, des indépendants et des fonctionnaires, c’est le silence total sur les privilèges de pension des ministres et députés.

Notre député et spécialiste des pensions Kim De Witte réagit : « Ceux qui veulent voter pour forcer tout le monde à travailler plus longtemps pour une pension moindre bénéficient eux-mêmes de généreux privilèges de pension. Et là-dessus, pas un mot. Ce qui serait soi-disant insoutenable pour les travailleurs ne poserait aucun problème pour les politiciens ? Je me demande alors : qui vit réellement au-dessus de ses moyens dans ce pays ? »
Nous avons examiné en détail les pensions des ministres et députés, qui contiennent toujours de nombreux avantages comparés à celles des travailleurs, indépendants et fonctionnaires. Voici les cinq principaux privilèges identifiés :
- Départ à la retraite plus tôt : de nombreux ministres et députés peuvent partir à la retraite dès 60 ou 62 ans, même avec une carrière incomplète. Pour le reste de la population, un minimum de 42 années de travail est requis pour prendre une pension anticipée.
- Pension calculée sur le dernier salaire : la pension des ministres et députés est calculée sur leur dernier salaire (actuellement 9.464 euros brut). Pour les fonctionnaires, c’est la moyenne des 10 dernières années qui compte ; pour les salariés et les indépendants, la pension est calculée sur le salaire moyen de toute la carrière (45 ans).
- Indemnité de départ assimilée : les ministres et députés continuent à accumuler des droits à pension pendant toute la durée couverte par leur indemnité de départ. Cette période est aussi considérée comme "prestée" pour le calcul du malus pension. À l’inverse, un salarié dont le contrat à durée déterminée prend fin ne reçoit pas d’indemnité de départ, mais une allocation de chômage, qui n’est pas prise en compte pour la malus.
- Pécule de vacances disproportionné : chaque mois de mai, les ministres et députés reçoivent 92 % de leur pension parlementaire en pécule de vacances — soit plus de 6.000 euros brut. Les travailleurs pensionnés reçoivent environ 1.200 euros (≈ 72 % de leur pension brute moyenne), les fonctionnaires environ 350 euros (≈ 10 %). Les indépendants n’ont aucun droit à un pécule de vacances.
- Cumul avec pension de survie : les ministres et députés peuvent cumuler une pension de survie avec un salaire ou une pension parlementaire jusqu’au plafond Wijninckx. Les fonctionnaires ont des limites de cumul beaucoup plus strictes. En outre, les cohabitants légaux de députés peuvent aussi percevoir une pension de survie.
Il reste encore un sixième privilège : les pensions des ministres et députés restent indexées à 100 %, tandis que, dès le 1er juillet 2025, l’indexation sera arrêtée pour les fonctionnaires au-dessus du maximum de pension des salariés. Le ministre Jambon a déclaré en commission des Affaires sociales le 2 avril 2025 que cette mesure s’appliquerait aussi aux ministres et députés. Mais reste à voir si une majorité existe réellement au sein du gouvernement pour l’imposer.
Il faut stopper ces privilèges et garantir le droit à une pension décente pour tous les travailleurs et travailleuses de ce pays, sans malus et sans devoir travailler plus longtemps.
Responsable organisation et député à la Chambre
Kim De Witte conclut : « Lundi, des milliers de travailleurs ont fait grève partout en Belgique, notamment contre les projets de pension de ce gouvernement et notamment l’instauration d’un malus pension. Et ils ont raison, car une grande partie de la population va être obligée de travailler plus longtemps, et pour moins de pension - alors même que les pensions sont déjà beaucoup trop basses en Belgique. Le fait que les ministres et les députés bénéficient de régimes privilégiés les déconnectent complètement de cette réalité d’une grande partie de la population. Il faut stopper ces privilèges et garantir le droit à une pension décente pour tous les travailleurs et travailleuses de ce pays, sans malus et sans devoir travailler plus longtemps. »