Frédéric Gillot, bilan d’un ouvrier au Parlement wallon
L’ancien syndicaliste et ouvrier métallo Frédéric Gillot a intensément travaillé pour défendre les points de vue du PTB et les travailleurs qui l’ont élu au Parlement wallon. Petit aperçu de son travail à Namur.
« Partir de la réalité, du concret, de l’avis et de la volonté de changement des Wallon-ne-s, les porter au Parlement, faire sortir et influencer les débats de cette tour d’ivoire pour enfin, revenir vers eux et poursuivre la construction d’un rapport de forces visant à transformer la société actuelle. Cette société où les dividendes passent d’abord, où les emplois disparaissent comment des feuilles au vent et où les riches détruisent la planète. Cette société qui devrait être, et sera un jour, une société des gens d’abord. C’est ça, ce que nous appelons le “rue- Parlement-rue” », expliquait le député wallon du PTB Frédéric Gillot il y a un peu plus de deux ans (lire ici)
Ce « rue-Parlement-rue », les élus du PTB l’appliquent au quotidien. En dehors du Parlement wallon, l’ex-syndicaliste d’ArcelorMittal a activement soutenu (et le fait toujours d’ailleurs) les mouvements sociaux. Manifestations, visites de solidarité aux piquets de grève, etc. font partie des activités de nos élus. L’autre face de leur activité se situe bien évidemment au sein même des Parlements. Alors qu’il fait partie des pionniers du PTB en la matière (la législature qui s’achève étant la toute première pour le PTB, rappelons-le), un petit tour du côté des activités au Parlement wallon par Frédéric Gillot est éclairant sur le travail abattu depuis presque cinq ans.
Taux de présence de 100 %
Le travail réalisé au Parlement wallon se compose de séances plénières et de séances de commission. Frédéric Gillot a un taux de présence de près de 100 % aux séances plénières et a fait le maximum pour participer aux commissions. Il y a 21 commissions, sous commissions et groupes de travail qui se réunissent au Parlement wallon. Donc, l’ex-métallo devait faire chaque semaine un choix de commission en fonction des questions posées par les travailleurs, par le monde associatif ou syndical ou encore en fonction de l’actualité.
Pour s’inquiéter du sort des travailleurs de Carrefour, Caterpillar, Zalando, NMLK Ittre ou d’autres entreprises dans la tourmente, Frédéric Gillot s’est régulièrement rendu à la commission « Emploi, économie et formation » dirigée par le ministre Pierre-Yve Jeholet (MR). Lorsqu’il s’agissait de se battre pour plus de logements sociaux, pour un plus grand contrôle des loyers sur le marché privé ou pour une meilleure gouvernance dans les communes, c’était alors à la commission des pouvoirs locaux, du logement et des infrastructures sportives de la ministre Valérie De Bue (MR) qu’il se rendait. Il s’est aussi régulièrement rendu à la commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et des travaux publics du ministre Carlo Di Antonio (cdH), à la commission de l’agriculture, du tourisme et du patrimoine du ministre René Collin (cdH) ou à la commission du budget, de l’énergie et du climat du ministre Jean-Luc Crucke (MR).
Plus actif que certains députés aguerris
Lors des échanges en commission ou en séance plénière, le député du PTB a bien sûr interrogé les ministres à de nombreuses reprises. Tous les chiffres sont d’ailleurs disponibles sur le site du Parlement de Wallonie. Les chiffres que l’on peut y trouver démontrent que Frédérique Gillot a été plus productif qu’un certain nombre d’autres députés pourtant plus expérimentés.
Sur ce site, on découvre ainsi que le député du PTB totalise 274 actes parlementaires au cours de sa législature. En ne tenant compte que des députés qui ont occupé leur siège durant l’ensemble de la législature (52 sur 75), il a ainsi été plus « actif » sur ce point que Savine Moucheron (cdH), Magali Dock (MR), Christianne Vienne (PS), Christine Poulain (PS), Maurice Mottard (PS), Jean-Charles Luperto (PS), Mauro Lenzini (PS) ou Latifa Gahouchi (PS).
Il est évident que chaque député investit son mandat en fonction de ses compétences et préférences. Un ex-délégué syndical comme Frédéric Gillot est plus habitué au bruit des assemblées générales qu’au silence des salons feutrés. Sans surprise, Frédéric Gillot marque une préférence pour l’expression orale.
Il a ainsi posé 73 questions orales et est intervenu 93 fois dans les débats au cours de la législature. Ce qui le place dans les meilleurs du Parlement du point de vue de ces critères. Concernant les questions orales, il est par exemple plus productif que des députés expérimentés comme Jean Paul Wahl, député depuis 20 ans et chef de groupe MR au Parlement wallon qui en totalise... 3. Ou encore plus productif que Nicolas Martin (PS) ou que Philippe Courard (PS), parlementaire depuis 15 ans qui en totalisent 20 de moins. Concernant les interventions en débat, il intervient plus que des députés expérimentés comme Nicolas Tzanetatos (MR), Dominique Simonet (MR) ou Christie Morreale (PS).
Une autre manière d’intervenir est possible
Une autre manière d’intervenir oralement existe. Ce sont les « questions d’actualité ». Les partis qui constituent un groupe parlementaire ont le droit de poser des questions d’actualité lors de chaque séance plénière. Ce n’est pas le cas des partis qui n’ont pas assez de députés pour constituer un groupe. Ces derniers disposent d’un nombre limité de questions et pour le PTB c’est… quatre questions d’actualité… par an. De plus, si notre question d’actualité arrive après celle d’Ecolo ou d’un autre député ne faisant pas partie d’un groupe parlementaire, la question du PTB saute.
On peut aussi introduire des textes au Parlement wallon. Des décrets mais aussi des résolutions ou des motions sur lesquelles le Parlement doit se prononcer. Le PTB a ainsi introduit huit textes durant cette législature. Des textes concernant le rejet du CETA ou du TTIP ou encore la protection de l’environnement. Seulement, si vous introduisez un décret, par exemple, et que vous n’êtes pas un groupe parlementaire, vous ne pouvez pas décider quand ou si ce texte sera à l’ordre du jour d’une commission. Par exemple, les propositions de loi introduites par le PTB au Parlement fédéral n’ont ainsi jamais été ne fût-ce que discutés. Et si jamais il arrivait qu’un autre parti constitué en groupe parlementaire propose que votre texte soit mis à l’ordre du jour, vous pouvez en discuter mais vous ne pouvez pas voter dessus... C’est d’ailleurs ce qui est arrivé au décret que nous avons introduit – via notre autre député Ruddy Warnier* – au Parlement wallon proposant un encadrement contraignant des loyers. Nous avons défendu ce texte mais nous n’avons pas pu voter dessus. Notons au passage que le PS, qui a pourtant mis cette revendication dans son programme électorale, n’a pas soutenu cette mesure au moment où il en avait pourtant l’occasion…
Cette absence de possibilité de discuter ou de voter ses propres textes en commission est une des raisons pour lesquelles les partis les moins représentés optent plutôt pour le travail de contrôle parlementaire de l’action gouvernementale via des questions et des interventions plutôt que pour le travail de production législatif qui peut facilement être anéanti par les plus gros partis.
Frédéric Gillot a aussi fourni un gros travail à l’occasion de sa participation à deux commissions emblématiques de cette législature parlementaire. En premier lieu au sein de la commission « CETA ». Voici ce que disait le célèbre quotidien britannique « Financial Times » du 21 octobre 2016 sur le travail de notre député sur ce dossier : « Après avoir passé cinq ans à négocier un traité commercial avec le Canada, les officiels européens ne s’attendaient pas à prêter beaucoup d’attention aux points de vue de gens comme Frédéric Gillot. Ancien sidérurgiste de 54 ans représentant le Parti du Travail de Belgique au Parlement de Wallonie, Monsieur Gillot est l’un des participants du drame qui a vu une assemblée régionale menacer l’accord Union Européenne-Canada. » Il est effectivement impossible de comprendre la résistance du gouvernement de Paul Magnette (PS) au CETA sans la forte mobilisation de la société civile, mais aussi sans la montée en puissance du PTB. Ce sont d’ailleurs les députés PTB qui ont déposée une proposition de résolution sur le CETA le 7 mai 2015, dans la foulée de leur proposition de résolution sur le TTIP, déposée quelques jours avant.
« Une remarque qui frappe les esprits, une question qui fait mal »
Frédéric Gillot s’est aussi investi sans compter dans la commission « Publifin » du nom du scandale survenu au sein de l’intercommunale liégeoise. Avec de nombreuses questions pour contribuer à lever le voile sur ce dossier. Comme le mentionnait un journaliste : « Après les gros bras qui dominent ce cénacle très fermé, il demande presque systématiquement la parole pour une remarque qui frappe les esprits ou une question qui fait mal. »1
Pour nous, le travail parlementaire ne se résume bien sûr pas à une course entre celle ou celui qui est intervenu le plus souvent, qui a déposé le plus de textes, etc. Si un critère doit mesurer de manière pertinente la valeur du travail parlementaire, c’est celui de savoir si ce travail a amélioré la vie des gens ou pas. En se battant pour réduire la pauvreté et pour plus de logements sociaux. En intervenant contre l’instauration de cette taxe masquée qu’est l’assurance autonomie ou pour le maintien des emplois APE, le député Frédéric Gillot s’est battu avec acharnement dans l’intérêt des travailleuses et des travailleurs de Wallonie. Il l’a fait hors du Parlement en allant soutenir les mouvements sociaux, en étant présent aux piquets de grève ou dans les manifestations, en allant régulièrement au contact des représentants syndicaux ou du monde associatif. Mais il l’a aussi fait dans le Parlement en traduisant la richesse des ces contacts en questions et interpellations. Pour le PTB, le bilan du travail réalisé lors de cette première législature est positif.
1. Le Soir, 16 mars 2017
* Ruddy Warnier, ex chauffagiste, a siégé de nombreux mois avant d’avoir de sérieux soucis de santé. Il a sérieusement contribué au travail parlementaire du PTB mais il a ensuite connu plusieurs longues périodes de maladies. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement.