FinCEN Files : 2 000 milliards d'argent sale « lavé » grâce aux grandes banques, le PTB demande une enquête
Une nouvelle fuite de documents (les « FinCEN Files ») révèle le rôle des banques dans la criminalité financière. L’information a été divulguée par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ). Elle provient du service anti-blanchiment des États-Unis. La Belgique et les banques belges sont concernées : notre pays apparaît dans 365 des 2 100 documents des FinCEN Files.
Les quatre principaux établissements bancaires belges ING, KBC, Belfius et BNP Paribas Fortis, sont présentes dans les fichiers FinCEN. Leurs comptes ont été utilisés pour des flux de trésorerie suspects allant de quelques milliers à plusieurs millions d'euros. Un montant d’un demi-milliard de dollars a notamment été transféré d'un compte bancaire belge vers une société offshore des les Vierges britanniques.
De plus, parmi les six grandes banques internationales principalement impliquées dans les FinCEN Files, trois figurent dans le top-15 des bilans bancaires en Belgique : la Deutsche Bank, JP Morgan et la Bank of New York Mellon.
« Depuis les fraudes QFIE ou KB-Lux, on sait que les banques jouent un rôle essentiel dans la fraude fiscale et la criminalité financière, explique le député fédéral PTB Marco Van Hees. Lors de la commission spéciale Panama Papers de la Chambre, en 2016-2017, les responsables des principales banques belges étaient venus nous dire que les choses avaient changé, et que leurs activités étaient aujourd’hui fortement contrôlées par la Banque Nationale et la CTIF. Cette nouvelle fuite montre que ces mesures sont insuffisantes. »
Marco Van Hees ajoute : « Les banques belges disposent toujours de filiales dans les paradis fiscaux. J’ai interrogé le ministre des Finances au Parlement sur le sujet. Il m’a répondu qu’en 2019, un montant total de 122,7 milliards d'euros a été a été versé de la Belgique vers les Émirats arabes unis. 85 % de ces transactions proviennent du secteur financier. »
Le PTB demande une commission d’enquête axée spécialement sur les questions du contrôle des banques, des pénalités à appliquer en cas d’infraction et de l’effectivité des sanctions. « La dernière fois que j’ai entendu parler de banquiers confrontés à la Justice, c’est quand on a appris que les dirigeants de Fortis échapperaient à des condamnations... », rappelle le député PTB.