« Fermetures de maternités, hospitalisations écourtées… Le plan du ministre Vandenbroucke cache une nouvelle austérité »
Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) a présenté son plan de réforme du financement des hôpitaux. « Le PTB s’inquiète d’une opération qui se résume à court terme à un plan d’austérité, réagit Sofie Merckx, cheffe de groupe du PTB à la Chambre. Les fermetures de maternités, le recours accru aux hospitalisations de jour et le financement par pathologie vont augmenter la pression sur le personnel déjà épuisé. Le patient devra se déplacer plus loin pour être soigné et sera renvoyé encore plus vite chez lui. Ceci ressemble fort aux plans de Maggie De Block en son temps. »
Quels changements peut-on attendre de ce plan dans les deux ans qui viennent ? Des fermetures de maternités, des hospitalisations encore plus courtes et une pression financière accrue sur les hôpitaux. « Un soignant sur quatre envisage de quitter le secteur, on ferme des lits par centaines par manque de personnel et le ministre nous sort un plan d’austérité, poursuit Sofie Merckx. C’est choquant. Il faudra être encore plus rapide et encore plus rentable. Or c’est cette logique qui pousse notre système de santé au bord de l’effondrement. Le plan du ministre remet à plus tard ce par quoi il faudrait commencer : mettre fin au financement par prestation. »
La crise sanitaire donne des opportunités pour revoir en profondeur le financement des hôpitaux, le ministre doit les saisir. Sofie Merckx : « Au lieu de ça, il se contente de mettre en œuvre les plans de Maggie De Block pour fermer des maternités qui font un travail de qualité et proche des gens. Des soins de qualité et proches des gens, c’est ça la priorité. Mettre maintenant sur la table une logique d’austérité montre que le ministre n’a tiré aucune leçon de la crise Covid. »
Frank Vandenbroucke veut encore limiter la durée des hospitalisations. Sofie Merckx : « Chaque soignant est régulièrement confronté à des patients qui sont renvoyés chez eux trop tôt et sans encadrement suffisant. Les familles des patients et les soins de première ligne ne sont pas suffisamment soutenus. »
Le problème ne fait que s’accroître : chaque année depuis vingt ans, le gouvernement réduit la durée d’hospitalisation autorisée pour telle ou telle maladie. Chaque année, cela conduit donc à fermer des lits et à faire plus avec moins. Cela va de pair avec une incroyable augmentation de la pression au travail. Là où trois patients étaient soignés en 2003, on en soignera quatre en 2025. Rien qu’entre 2010 et 2019, plus d’un lit d’hôpital sur dix a été supprimé en Belgique, ainsi que les 2 000 postes de soignants qui y étaient liés. « L’hôpital est en quelque sorte en restructuration permanente, pointe Sofie Merckx. Le ministre veut encore accélérer ce processus. Quand on voit la souffrance aujourd’hui parmi le personnel soignant, on va droit dans le mur. »
À côté de ça, le moteur actuel du financement des hôpitaux n’est pas fondamentalement remis en question. Les honoraires des médecins restent financés selon le nombre de prestations, ce qui est la source principale de surconsommation et de gaspillage. Le financement des hôpitaux évoluerait lui vers un financement par pathologie, entamé en 2015 par Maggie De Block. « Ce n’est pas positif, pour plusieurs raisons, explique la députée PTB. D’abord, on continue à financer la maladie plutôt que la santé. Ensuite, cela renforcera la tendance à renvoyer les patients trop tôt à la maison, ce qui mettra les soins à domicile sous pression. Enfin, ce nouveau système de financement enlèvera toute transparence quant au nombre de soignants au chevet du patient. Il rendra tout contrôle de l’encadrement impossible et affaiblira les organisations syndicales dans leurs demandes d'augmenter le nombre de soignants au chevet du patient. Or le bien-être au travail des soignants devrait être une priorité numéro un pour le ministre. C’est grave de voir que ce n’est pas le cas. »
Nous avons besoin d’autres leviers pour réformer le financement des hôpitaux, en partant d’une autre logique : comment maintenir la population en bonne santé ? Donnons aux hôpitaux un budget conjoint avec la première ligne de soins. Payons aux médecins un bon salaire fixe. Et mettons fin à la médecine par prestation. C’est meilleur pour la santé des patients, des soignants et des spécialistes. Et ça coûte moins cher.