Faut-il avoir peur de l’Evras ?
L’Evras (éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle) doit être un outil pour mieux protéger les enfants. Pour cela, un vrai dialogue avec les parents est nécessaire.
Le 7 septembre, le PTB a soutenu au parlement de la Communauté française la mise en place de l’Evras, c’est-à-dire l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle.
Concrètement, les enfants auront deux heures d’animation en sixième primaire (à 11-12 ans) et deux heures d’animation en quatrième secondaire (à 15-16 ans), qui vont servir entre autres à lutter contre le harcèlement dont beaucoup de jeunes sont victimes, ou encore contre les violences faites aux femmes. C’est ça qui a été voté ce jeudi.
L’Evras a fait l’objet de nombreuses protestations ces derniers jours, et on le comprend. Il est évident que le gouvernement PS-MR-Ecolo n’a pas suffisamment pris ses responsabilités et qu’il aurait dû consulter les parents et les familles beaucoup plus largement en prévoyant des lieux d’échanges et de dialogue particuliers où chacun aurait pu amener ses craintes et ses doutes. Impliquer de manière très large les parents aurait permis d’éviter les malentendus et les rumeurs, et de montrer en quoi l’Evras est utile.
Nous voulons rassurer les nombreux parents inquiets. Nous sommes allés à leur rencontre aux portes du parlement : le but de l’Evras n’est pas de les remplacer. L’Evras prévoit simplement une animation de deux heures en sixième primaire et une animation de deux heures en quatrième secondaire. C’est l’occasion de discuter, d’échanger et de dialoguer sur la vie émotionnelle et affective. Sur les changements qui arrivent quand on devient, petit à petit, adulte. Les animateurs sont là pour répondre aux questions des enfants, et non pas pour leur imposer des choses qu’ils ne demandent pas. Les animateurs sont là pour aider les enfants à se faire respecter et à respecter les autres. L’Evras est donc importante pour répondre aux problèmes de harcèlement qui peuvent arriver à l’école ou pendant les loisirs. L’Evras est aussi très importante pour soutenir la lutte contre les nombreux problèmes de violences faites aux femmes.
Il n’y a pas d’animations destinées aux plus jeunes enfants. La première arrive en sixième primaire. Quand les enfants s’interrogent sur leurs émotions, la violence, la tolérance, c’est là que l’Evras peut répondre à leurs questions. L’Evras respecte la liberté de chacun, dans le dialogue, l’écoute et l'ouverture d’esprit.
Le but n’est pas du tout d’inciter à une hypersexualisation des enfants, ni de leur imposer une orientation sexuelle, ni de faire des exercices de pratiques sexuelles. C’est absolument hors de question.
Le but est d’accompagner les enfants en fonction de leur âge. Pas de les forcer ou de leur imposer quoi que ce soit. L’Evras leur donne des outils pour se protéger de situations ou de comportements potentiellement violents auxquels ils pourraient être confrontés. Par exemple, ce qu’ils peuvent trouver sur Internet. Car malheureusement, sur Internet ou à la télé, les jeunes se retrouvent parfois face à des images qu’ils ne devraient pas voir.
Le guide qui accompagne l’Evras a fait beaucoup de bruit. Il a d’ailleurs été changé, et les éléments les plus contestés ont été supprimés, suite à des critiques qui étaient justes. Mais ce n’est pas un manuel qui sera donné aux enfants. Ils ne le verront jamais dans les animations, ni à l'école, ni dans les institutions d’aide à la jeunesse ou les mouvements de jeunesse. Ce guide est comme un dictionnaire, une sorte de boîte à outils dans laquelle les professeurs, les éducateurs et les moniteurs peuvent piocher pour répondre si jamais les enfants posent des questions. Il n’y a pas eu de vote sur ce guide ce jeudi.
En tant que PTB, nous regrettons que la mise en place de l’Evras ne se soit pas accompagnée d’un meilleur dialogue et d’une plus grande prise en compte des craintes des parents. On voit aujourd’hui que ce décret a généré de la peur. Il faut donc agir pour accompagner les questions des parents. Comme l’a fait par exemple une école du réseau libre de Bruxelles, qui a mis sur pied un comité de dialogue Evras afin de répondre aux préoccupations des parents inquiets. C’est une très bonne chose. Il serait sans doute utile, voire nécessaire, d’étendre ce genre d’expérience. Nous soutiendrons toutes les initiatives pour dialoguer et échanger à ce sujet.
Nous avons voté la mise en place de l’Evras car elle va dans le sens d’une meilleure égalité vers l’information et d’une meilleure prévention contre les discriminations, le harcèlement et les violences de toutes sortes. Mais nous demandons aussi avec insistance à la ministre de l’Éducation Caroline Désir (PS) qu’une concertation et une campagne d’information plus large soient organisées sur un sujet dont on sait depuis longtemps qu’il suscite des réactions. Ça n'a pas été suffisamment le cas jusqu’à présent et c’est très dommage. Pour que l’Evras se déroule sereinement, pour renouer le lien et la confiance avec les parents, le gouvernement doit s’engager à la concertation et au dialogue. Et le PTB y veillera.