Fatima Ben Abbou, gardienne de la paix… et de la solidarité
Après l’annonce des résultats des élections communales du 14 octobre, Fatima Ben Abbou n’en revenait pas : non seulement, le PTB obtenait six élus à Schaerbeek, mais en plus, avec 787 voix de préférence, elle était élue conseillère communale ! Une surprise pour cette gardienne de la paix de 51 ans au parcours atypique.
En 1997, Fatima quittait sa région de Meknès, au Maroc, pour s’installer en Belgique avec son mari. « Au début, c’était difficile, se souvient-elle. Mon mari partait au travail et je me retrouvais seule à la maison, je ne connaissais personne. » Elle a alors fait des petits boulots et des intérims, travaillant entre autres dans une boulangerie-pâtisserie, dans des grands et petits hôtels... Elle a eu plusieurs promesses de contrat d’emploi fixe, mais qui sont toujours restées à l’état de promesses. Elle suit alors une formation de remise à niveau générale et de bases en informatique. « Et, comme j’aime la nature, être dehors et parler avec les gens, le métier de gardien de parc m’attirait, explique-t-elle. J’ai croisé un gardien de parc et je l’ai interrogé sur le métier d’agent de prévention, ce qu’on appelle maintenant gardien de la paix. » Elle suit donc une nouvelle formation puis effectue un stage. En 2011, elle commence à travailler comme gardienne de la paix à Schaerbeek. Elle fait partie de ces agents en parka mauve qui sillonnent les quartiers. Elle est présente sur les marchés, les brocantes, les sorties d’écoles... Les problèmes et difficultés des gens, leur situation, c’est sûr, elle connaît. Et elle voit avec eux comment avancer. D’ailleurs, impossible de l’accompagner en rue sans que quelqu’un la salue et vienne lui parler.
Entre-temps, devenue patiente à la maison médicale de Médecine pour le Peuple à Schaerbeek, elle participe à diverses activités et promenades organisées par la maison médicale. « C’est là que j’ai découvert le slogan du parti, «Les gens d’abord, pas le profit», la manière de voir les choses et de travailler, j’ai voulu en savoir plus, raconte-t-elle. »
Se battre collectivement, avec les gens, pour plus de justice, d’égalité, de solidarité
Avec elle, c'est la vie des quartiers qui entre au conseil
Elle s’était déjà intéressée à la politique, accompagnant des connaissances qui l’avaient invitée à des événements organisés par d’autres partis. « Je ne m’y suis jamais sentie chez moi, observe-t-elle. Il y a toujours des gens «plus importants» qui nous regardent un peu de haut. Au PTB, par contre, j’ai trouvé une famille, personne n’est «plus important». La base, c’est la solidarité, il n’y a pas de différences entre les gens, qu’on soit ouvrier, médecin ou mère au foyer. Et les élus du parti gagnent la même chose que nous. Eux, ils savent ce que c’est quand la moitié du salaire part dans le loyer, et que l’augmentation du prix de l’électricité, pour nous, c’est une catastrophe. Quand on vit la même chose que les gens, on peut beaucoup mieux les défendre. Qu’est-ce qu’on peut comprendre à nos problèmes quand on gagne 5 000 euros par mois ? »
Pour Fatima, la politique ne doit pas être menée par l’establishment, des gens coupés de la vie de la population. Avec elle, c’est la vie concrète des quartiers qui entre au conseil communal. Comment y envisage-t-elle sa prochaine présence ? « D’abord, je veux apprendre beaucoup, s’enthousiasme-t-elle. Et puis, je suis avec une équipe formidable. On va montrer qu’on est là, et continuer à faire ce qu’on fait : se battre collectivement, avec les gens, pour plus de justice, d’égalité, de solidarité. Et on va y arriver ! »
Article publié dans le magazine Solidaire de janvier - février 2019. Abonnement.