Étude exclusive : une contamination sur cinq se produit sur le lieu de travail
« D’après notre étude, menée à l’échelle nationale par Médecine pour le Peuple, le lieu de travail apparaît comme le principal moteur de l’épidémie, contrairement à ce que les représentants du lobby patronal voudraient nous faire croire. Cela montre que des mesures supplémentaires et contraignantes sont nécessaires de toute urgence pour protéger les travailleurs sur le lieu de travail », déclare Sofie Merckx, médecin généraliste à Médecine pour le Peuple et députée fédérale du PTB.
Où contracte-t-on le coronavirus ? À ce jour, il n’est toujours pas possible, en Belgique, de donner une réponse concluante à cette question pourtant essentielle. Cela nécessite une recherche de la source, dans laquelle toute la chaîne des infections est cartographiée en cas de test positif. Les onze maisons médicales de Médecine pour le Peuple, implantées dans les grandes villes de Flandre, de Wallonie et à Bruxelles, ont donc mené leur propre enquête auprès de 517 patients testés positifs. Les résultats sont frappants.
Plus d’un cinquième des patients qui ont été infectés à l’extérieur de leur foyer (21,3 %) ont identifié le lieu de travail comme une source d’infection. « Des résultats similaires ressortent d’études menées à l’étranger et cela va à l’encontre de l’affirmation de personnes comme le président de la FEB, Pieter Timmermans, qui affirment que le lieu de travail serait l’environnement le plus sûr », réagit Sofie Merckx. Le lieu de travail est suivi par l’enseignement (19,5 %), les contacts avec le cercle familial élargi (17,3 %) et les loisirs (15,8 %). « Des mesures importantes ont été prises à propos de ces derniers secteurs, allant du couvre-feu à la fermeture de la restauration en passant par la "bulle de 1", explique Sofie Merckx. Le contraste est frappant avec la politique concernant les lieu de travail, où les mesures restent particulièrement timides. »
« Les médecins de Médecine pour le Peuple reçoivent de plus en plus de témoignages de patients qui sont mis sous pression pour continuer à travailler et ne pas respecter la quarantaine, poursuit Sofie Merckx. Parfois même dans le cas de patients testés positifs. Nos patients sont ainsi confrontés au choix cornélien entre leur santé, leurs revenus et, dans certains cas, leur emploi. Le PTB propose un certain nombre de mesures, telles que le maintien à 100 % des revenus pour les salariés mis en quarantaine, un moratoire sur les licenciements pendant la crise et des contrôles accrus dans les entreprises.
Ce projet pilote mené par Médecine pour le Peuple démontre l’importance cruciale de la recherche de sources et de son intégration dans le travail de première ligne. Sofie Merckx explique : « Nous avons pu identifier la source de contamination chez 93,2 % de nos patients positifs. Pour la Wallonie et Bruxelles, ces chiffres ne sont pas disponibles, mais dans les chiffres de l’Agence flamande de la santé, cette part est beaucoup moins élevée. Moins de deux tiers des sources y sont identifiées. C’est lié à la relation de confiance que les cabinets de médecins généralistes entretiennent avec leurs patients. Mais aussi en raison du temps que les volontaires ont consacré à cette tâche. Le personnel des call centers commerciaux en charge du suivi de contact dispose d’à peine 15 minutes pour la recherche de contacts et de sources, ce qui est vraiment insuffisant. »
Le PTB demande à Frank Vandenbroucke, ministre fédéral de la Santé (sp.a), de mettre en place dès que possible une stratégie nationale pour la recherche de sources. « Ce n’est qu’en recueillant les chiffres correctement et de la même manière pour l’ensemble de la Belgique que nous pourrons déterminer avec précision la manière dont le virus se propage. Et ce n’est qu’ainsi que nous pourrons contenir l’épidémie de manière efficace, sans avoir à confiner complètement la vie sociale. C’est la seule façon d’offrir aux gens des perspectives concrètes pour les mois à venir et de leur donner la possibilité de sortir de cette période sombre », conclut Sofie Merckx.
Retrouvez l’étude complète ici.