Étude de Médecine pour le Peuple : Le télétravail obligatoire ne suffira pas à vaincre le virus sur le lieu de travail
Une nouvelle étude de Médecine pour le Peuple (MPLP) a identifié le lieu de travail comme un moteur important de l'épidémie. Une politique axée uniquement sur le télétravail obligatoire ne changera guère la situation.
« Si on observe le métier des personnes qui sont infectées sur leur lieu de travail, on constate qu'il s'agit presqu’exclusivement de professions impossibles à exercer à domicile, explique Sofie Merckx, médecin généraliste et députée PTB à la Chambre. Pour 35 de nos 36 patients qui ont été contaminés sur leur lieu de travail ces dernières semaines, le télétravail était strictement impossible. Tant qu'aucune mesure ne sera prise pour prévenir et combattre les infections là où le télétravail n’est pas possible, nous ne serons pas en mesure d’endiguer le virus sur le lieu de travail. »
Depuis quelques mois, les maisons médicales de MPLP effectuent leur propre recherche des sources de contamination. Lorsqu’un test est positif, toute la chaîne des infections est cartographiée. Il en ressort que le lieu de travail reste l'une des principales sources d'infections extérieures au domicile. Ce constat correspond aux chiffres nationaux de l'institut de santé belge Sciensano.
« Lorsque le gouvernement annonce qu'il veut réduire les infections sur le lieu de travail en renforçant les contrôles sur le télétravail obligatoire, il passe largement à côté de l'essentiel, affirme Sofie Merckx. La grande majorité des concernés sont des travailleurs pour lesquels il est tout simplement impossible de travailler à domicile. Comment remplir les rayons des magasins, tenir une caisse, nettoyer le sol d'une entreprise, travailler sur la chaîne d'une usine, manipuler des bagages, s'occuper de patients, etc. depuis son domicile ? Énormément de gens doivent se rendre au travail tous les jours, et là, il apparaît que beaucoup d'entreprises ne sont toujours pas en règle avec les mesures corona. »
Le PTB plaide en faveur de mesures supplémentaires pour combattre le virus sur les lieux de travail. Le télétravail seul ne suffira pas. « On doit avant tout mettre tout en œuvre pour prévenir les infections, explique la députée PTB. Pour cela, le travail lui-même doit être adapté au maximum. Je pense à plus de pauses, à un rythme de travail moins soutenu, à un réaménagement du lieu de travail. Nous estimons que les Comités pour la prévention et la protection au travail doivent être obligatoirement impliqués. Les représentants des travailleurs sont les mieux placés pour savoir ce qu'il faut mettre en place sur le lieu de travail pour minimiser les risques. »
En outre, des procédures claires et contraignantes sont nécessaires en cas de formation d’un cluster dans une entreprise. « Dès qu'un travailleur présente des symptômes ou qu'une infection se produit, chaque heure compte. Actuellement, on perd souvent beaucoup de temps et le travailleur est renvoyé chez lui sans qu’aucune mesure ne soit prise. »
Le PTB reste encore sur sa faim en ce qui concerne les tests rapides sur le lieu de travail. « Ce qui est maintenant proposé ressemble davantage à un "football panique" chaotique qu'à une véritable stratégie de test. Nous demandons au gouvernement de travailler à une politique de dépistage ambitieuse, en cas d'épidémies, mais certainement aussi à titre préventif dans les endroits où les gens doivent travailler ensemble en présentiel. »
Enfin, le PTB demande le renforcement des contrôles et des sanctions contre les entreprises qui ne respectent pas les mesures de protection.