Encore une taxe injuste : voici pourquoi il faut empêcher l'instauration d'une taxe kilométrique
Nouvel épisode dans la rage taxatoire des partis de droite : la taxe kilométrique fait son retour. L’idée a été relancée par le gouvernement flamand et son ministre de la Mobilité Ben Weyts (N-VA). Sous prétexte de lutter contre les bouchons, il s’agit surtout d’aller chercher l’argent dans la poche de Monsieur et Madame Tout-le-monde. Pour le PTB, il n’en est pas question.
Évidemment, l’introduction serait pour après les prochaines élections. Comme d’habitude, ils ne prendront les décisions injustes qu’après les élections. Mais le projet est clairement déjà sur la table. Le débat a d’ailleurs déjà eu lieu dans les autres Régions et, même si pour l’instant on n’en parle plus en Wallonie et à Bruxelles, cela pourrait quand même revenir. Surtout quand on connaît le goût des partis traditionnels pour les taxes injustes.
Une taxe injuste, antisociale et inefficace
La taxation au kilomètre est une idée stupide pour plusieurs raisons.
Premièrement, elle est injuste. La taxe punit les travailleurs qui ne peuvent pas se débrouiller sans voiture. Et il y en a beaucoup. Les entreprises et usines ne sont pas généralement pas situées à côté des gares, et les bus vers les zones et parcs industriels sont peu fréquents. Par exemple : 62 000 personnes travaillent dans le port d’Anvers, mais il n’y a pas ou à peine de transports en commun vers ces lieux. Pas étonnant que les routes soient saturées. Sanctionner des gens parce qu’il n’y a pas de transports publics près de chez eux ou de leur travail est socialement injuste.
Le CEO dans son Audi A6 paie autant aux heures de pointe qu’une nettoyeuse dans sa Citroën Saxo
En plus, la politique du marché de l’emploi contraint les chômeurs à chercher du travail toujours plus loin de leur domicile. L’Onem oblige les gens à accepter tout travail convenable dans un rayon de 65 kilomètres. Dans un marché du travail hyper flexible et très exigeant, des transports en commun conçus selon les besoins des gens sont une nécessité, mais on en est à des années-lumière.
Deuxièmement, une taxe kilométrique est antisociale. Le CEO dans son Audi A6 paie autant aux heures de pointe qu’une nettoyeuse dans sa Citroën Saxo. Cette taxe est un montant fixe à la consommation, ce qui est tout sauf social. Pour les bas revenus, la taxe au kilomètre est proportionnellement beaucoup plus dure à encaisser, alors que les gros revenus vont à peine le sentir passer. Le droit à la mobilité est-il uniquement valable pour celui qui peut se le payer ?
L’entreprise de mobilité VAB a ainsi calculé qu’à 13 centimes le kilomètre (le tarif appliqué en France), le trajet Anvers-Bruxelles coûterait 14,3 euros par jour, soit 71,5 euros par semaine de travail. Le trajet Hasselt-Bruxelles coûterait 21,32 euros par jour, soit 106,6 euros par semaine de travail. Gand-Bruxelles coûterait 14,82 euros par jour, ou 74,1 euros par semaine de travail. C’est donc loin d’être un détail pour le porte-feuille d’un travailleur ou d’une travailleuse, contrairement à celui d’un ou une ministre…
Troisièmement, la taxe kilométrique n’amène rien de bon pour le climat, alors que des mesures fortes sont nécessaires pour cela. D’une part, une telle taxe ne tient pas compte des émissions de CO2 des voitures – une voiture familiale économique et un gros 4X4 glouton en diesel paient la même chose.
On ne résout pas le problème des embouteillages en faisant payer les conducteurs mais en investissant dans des solutions structurelles
Mais, d’autre part, celui qui n’a pas d’alternative prendra de toute façon sa voiture. Et ce n’est donc pas en sanctionnant financièrement ces automobilistes qu’on réduira le nombre de voitures dans la circulation. On ne résout pas le problème des embouteillages en collant un prix sur chaque kilomètre. Pour cela, il faut des solutions structurelles, de société.
Quatrièmement, la taxe kilométrique existe en fait déjà. Les défenseurs de la taxe kilométrique veulent remplacer la taxe sur la circulation par une taxation « intelligente » au kilomètre, qui ne taxe pas la possession d’une voiture mais son utilisation. En soi, cet argument n’est pas insensé. Simplement, c’est déjà le cas. L’usage de la voiture est déjà taxé et découragé aujourd’hui par les accises et la TVA sur l’essence et le diesel. Plus on roule de kilomètres, plus on paie de taxes sur le carburant consommé. Et, avec le tax shift du gouvernement, on paie déjà bien plus qu’assez de taxes là-dessus.
Investir dans des transports publics adaptés aux besoins des gens
Si les pouvoirs publics veulent vraiment remédier au problème des embouteillages, à eux de mettre en œuvre des alternatives. Au lieu d’une taxe injuste et antisociale, nous ferions bien mieux d’opter pour des solutions durables et sociales. À commencer par deux mesures concrètes.
Si l’on veut réduire l’usage de la voiture, il faut investir dans des pistes cyclables rapides et sûres et dans des transports en commun attractifs
D’abord, si l’on veut réduire l’usage de la voiture, il faut investir dans des pistes cyclables rapides et sûres et dans des transports en commun attractifs. Un réseau développé, dense et avec des meilleures fréquences dans les villes. Un service à mesure humaine, meilleur marché que le transport routier polluant. En Suède, lorsque les chemins de fer ont réduit de moitié le prix du ticket, le nombre de voyageurs a doublé.
Nous devons faire le choix des transports en commun gratuits, comme le PTB le défend et comme la ville de Dunkerque, en France, l’a fait il y a quelques mois. Les résultats y sont très positifs sur tous les plans. C’est une question de vision politique.
Il faut changer de trajectoire, certes. Mais c’est là que le bât blesse. En effet, ces mêmes partis qui veulent instaurer une taxe kilométrique coupent de manière drastique dans les transports publics. Ces dernières années, la SNCB a supprimé 170 lignes de train et fermé des centaines d’arrêts. Le RER autour de Bruxelles, pourtant crucial pour prendre le problème à la racine, ressemble de plus en plus au monstre du Loch Ness : tout le monde en parle, personne ne l’a jamais vu. A l’origine, le projet était prévu pour 2012, mais personne n’ose aujourd’hui encore parler d’une date de fin…
De même, le même gouvernement flamand qui se plaint sans cesse des embouteillages et veut instaurer la taxe kilométrique est celui qui a imposé une austérité drastique à De Lijn.
Force est de constater que la taxe kilométrique « intelligente » qui est évoquée est surtout une manière intelligente de lever de nouveaux impôts. Les problèmes structurels des embouteillages, eux, ne sont absolument pas traités.
Réduire fortement le nombre des camions
Pour remédier au fléau du trafic routier, il est également fondamental de s’attaquer à la question du transport (international) par camion. Nous routes sont saturées, et les camions n’en sont pas les moindres responsables, surtout à cause du transport international de transit. C’est la conséquence du chaos du libre marché « just-in-time ». Pourtant, les pouvoirs publics pourraient investir dans le transport par train ou par bateau. Le PTB défend le transport durable de marchandises obligatoire par voie fluviale ou ferroviaire.
Allons chercher l’argent chez ceux qui n’arrêtent pas de recevoir des cadeaux du gouvernement : les millionnaires et les multinationales.
Bref, la taxe kilométrique est inefficace et antisociale. Il s’agit d’une nouvelle taxe injuste imposée en plus des accises, de la TVA et compagnie. Pour le PTB, il faut refuser clairement ce genre de taxes. Il faut investir dans des alternatives sociales et écologiques, comme les transports en commun gratuits. Et, pour cela, aller chercher l’argent chez ceux qui n’arrêtent pas de recevoir des cadeaux du gouvernement : les millionnaires et les multinationales.v
Faisons plier le gouvernement
Le PTB se bat pour une fiscalité plus juste, des meilleurs salaires et plus de pouvoir d’achat, et soutient les actions des gilets jaunes, rouges, verts… pour des mesures sociales.
Nous avons aussi lancé une pétition pour le pouvoir d’achat
Signez sur www.augmentonslepouvoirdachat.be