Élections sociales 2024 : La démocratie sur le lieu de travail
Du 13 mai au 26 mai 2024, 1,8 million d’ouvriers et d’employés éliront leurs délégués au conseil d’entreprise et au comité de sécurité, dans leur entreprise ou leur bureau. Les élections sociales ont lieu tous les quatre ans. Elles se tiendront dans plus de 7 000 entreprises. Elles sont le point culminant de la démocratie.
Photo Geertje Franssen
Depuis qu’elle a vu le jour, la classe travailleuse a cherché à s’organiser. Elle a connu des hauts, des bas, et la répression permanente imposée par le grand capital. Grâce à une lutte permanente, les travailleurs sont parvenus à s’organiser malgré tout en syndicats, à partir des années qui ont suivi la Première Guerre mondiale. Les travailleurs plus combatifs étaient spontanément mis en avant par leur base pour diriger le mouvement.
Par la suite, de véritables élections ont été organisées par les travailleurs, souvent localement et selon leurs propres règles. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale qu’a vu le jour une législation des élections sociales nationales, et que les candidats au conseil d’entreprise et comité de sécurité ont bénéficié d’une certaine protection contre le licenciement.
La résistance pendant et après la Seconde Guerre mondiale a fait plier le grand capital. La résistance communiste était forte et armée. Les ouvriers étaient inspirés par l’Union soviétique, qui avait acquis un immense prestige, parce qu’elle avait vaincu le fascisme. Dans plusieurs pays, de grandes révoltes contre le capitalisme ont éclaté. Afin d’éviter une révolution ouvrière, le grand capital a fait toute une série de concessions, telles que la fondation de la sécurité sociale, la mise sur pied de conseils d’entreprises, et donc aussi l’organisation d’élections sociales, ainsi que la protection des candidats contre le licenciement arbitraire.
Besoin de protection
Cette protection est encore bien trop souvent relative. La législation belge est trop faible, elle comporte bien trop de lacunes. Le PTB a d’ailleurs déposé une proposition de loi visant à combler ces lacunes dans la protection des délégués. Maria Vindevoghel, ancienne déléguée CSC à la Sabena et chez Flightcare, aujourd’hui députée au parlement fédéral pour le PTB, explique : « Avec cette loi, les syndicalistes seront mieux protégés. Elle obligerait par exemple un employeur qui a licencié un travailleur abusivement à reprendre ce dernier, sous peine d’astreintes. Nous nous sommes inspirés de la protection telle qu’elle existe en France. »
Grâce à l'engagement quotidien de milliers de syndicalistes, de nombreux accidents de travail sont évités chaque jour, des vies sont sauvées.
La députée PTB sait de quoi elle parle, puisqu’elle a elle-même été victime des lacunes qui persistent dans la protection des syndicalistes : « Un jour, la direction de Flightcare m’a téléphoné pour me dire que mon badge avait été désactivé par l’exploitant de l’aéroport, BAC. Elle s’est servie de ce prétexte pour me licencier sur-le-champ en invoquant la “force majeure”. Par la suite, il s’est avéré que la direction avait elle-même demandé à BAC de bloquer mon badge. Tout d’un coup, je n’avais plus de travail. Et mes collègues avaient définitivement perdu leur déléguée. »
Les droits des syndicalistes ont été obtenus par un combat acharné, mais sous le capitalisme, ces droits ne sont jamais définitivement acquis. Et ils ne s’amélioreront pas non plus d’eux-mêmes. Hélas, aujourd’hui, le syndicalisme reste un champ de bataille.
Des syndicalistes avec un vrai mandat
Lors des élections sociales, les travailleurs jugent leurs représentants. Comment ont-ils mené leur mandat ces quatre dernières années ? Qui étaient les moteurs d’une délégation combative ? Ont-ils écouté ce qui vit sur le lieu de travail ? Ont-ils sensibilisé, organisé et mobilisé les travailleurs ? Les travailleurs sont proches de leurs délégués, et peuvent donc bien évaluer pour qui il vaut mieux voter. On voit aussi souvent de nouveaux candidats, souhaitant à leur tour se battre pour défendre leurs collègues, et qui méritent d’être élus.
Grâce aux élections sociales, les délégués du personnel sont élus démocratiquement, ce qui leur octroie un vrai mandat pour parler au nom de leur base au conseil d’entreprise (CE) ou au Comité pour la Prévention et la Protection au Travail (CPPT). On ne peut pas en dire autant des directeurs par exemple, qui sont désignés par les actionnaires.
Des syndicats combatifs
Les employeurs et les partis de droite ont leur propre vision de ce que doivent être les syndicats, de ce qu’ils doivent faire : réfléchir avec l’entreprise, collaborer à l’élaboration d’un « nouveau système de rémunération » (par « nouveau », comprenez « plus individuel, et moins sûr »), faire preuve de flexibilité… En d’autres mots, à leurs yeux, les délégués syndicaux devraient préférer la compétitivité de l’entreprise au bien-être et à la prospérité des travailleurs.
Le PTB, lui, a une autre idée du syndicalisme : le PTB prend le parti de syndicats combatifs, qui ont une vision large de la société, qui ont vraiment
voix au chapitre, qui sont présents sur le terrain, libres dans leurs actions, qui s’appuient sur une base bien informée et sensibilisée, et qui sont solidaires par-delà les frontières.
Des syndicats forts sont un pilier essentiel de la démocratie. Plus encore : ils sont une nécessité absolue. Grâce à l’engagement quotidien de milliers de syndicalistes, de nombreux accidents de travail sont évités chaque jour, des vies sont sauvées. Les syndicats veillent aussi à une meilleure répartition des bénéfices. Dans les entreprises où il n’y a pas de syndicalistes, la vie est bien plus dure pour les travailleurs. Ils gagnent moins et risquent davantage d’accidents.
Nous sommes heureux d'accueillir autant de syndicalistes engagés sur nos listes.
Secrétaire général
De nombreux syndicalistes sur les listes du PTB
Ce n’est pas un hasard si le PTB envoie des syndicalistes dans les Parlements. Et lors des élections politiques de 2024, il y aura à nouveau de nombreux syndicalistes sur les listes du parti de gauche. Peter Mertens, secrétaire général du PTB : « C’est un choix conscient de notre part de mettre autant de syndicalistes sur nos listes. Ils ont les deux pieds ancrés dans la réalité. Ils connaissent les difficultés des gens et ils sont le moteur du mouvement syndical. Un tel engagement est une richesse pour la société. Nous sommes heureux de les accueillir sur nos listes. »