Élections : la gauche qui pique contre l’Europe du fric
Un sondage vient d’annoncer une bonne nouvelle pour la gauche : le MR perdrait un siège au Parlement européen au profit du PTB. Pour la première fois de son histoire, le parti de gauche enverrait donc un élu à l’Europe. Rencontre des têtes de liste du PTB pour les européennes de mai prochain.
Le PTB a des ambitions très concrètes pour les prochaines élections européennes. Pour la première fois de son histoire, le parti pourrait envoyer un(e) représentant(e) au Parlement européen. Côté francophone, Marc Botenga tirera la liste. L’actuel collaborateur parlementaire du groupe GUE/NGL (Gauche unitaire européenne, groupe parlementaire de la gauche authentique) et spécialiste des questions européennes : « Nos ambitions sont réalistes. La gauche authentique belge doit être présente pour la toute première fois dans les institutions européennes. Nous n’imaginons pas pouvoir tout changer là-bas, mais avoir un pied dans le système européen et des milliers en dehors peut faire une fameuse différence. »
Côté néerlandophone, c’est Line De Witte qui tirera la liste. La jeune élue communale de Louvain a activement participé à la lutte contre les traités de libre-échange et en a tiré un livre : « TTIP en CETA voor beginners » (TTIP et CETA pour débutants).
Entrons directement dans le vif du sujet. Le PTB est souvent considéré comme un parti « eurosceptique », opposé à l’Union européenne. A raison ?
Marc Botenga. Si on parle de l’Union européenne qu’on connaît, oui. Comment ne pas s’y opposer ? A l’heure actuelle, ce sont les multinationales européennes qui dictent les lois européennes. Prenez Miguel Cañete. Aujourd’hui Commissaire européen au climat, il a auparavant dirigé deux entreprises pétrolières. Quant à l’ancien président de la Commission européenne, Emmanuel Barroso, il s’est vu offrir un poste à la banque d’affaires Goldman Sachs en remerciement pour ses bons et loyaux services. Et la liste de cas similaires est interminable. Rien d’étonnant, donc, à ce que cette Union soit synonyme de dumping salarial, de fracture sociale, de détricotage systématique des services publics sous couvert d’austérité. Et lorsque la Grèce a demandé une politique plus sociale, l’Union n’a rien trouvé de mieux à faire que de fermer ses banques et réduire son économie à néant.
Line De Witte. L’Union européenne actuelle est un instrument créé par et pour les multinationales et le grand capital. Nous défendons une coopération européenne, mais sur une base radicalement différente. L’Union européenne est basée sur la concurrence et les inégalités. Nous voulons dès lors une rupture totale avec les traités européens qui nous imposent austérité et libéralisation, broient les services publics, militarisent l’Europe... Nous voulons une Europe totalement différente, qui fait le choix de l’humain, de la nature et du climat.
Pour lutter contre l’évasion fiscale dont bénéficient les multinationales, il faut s’attaquer aux paradis fiscaux européens et imposer une taxation minimale à ces grands groupes
Mais, dans ce cas, pourquoi l’Europe est-elle importante pour le PTB ?
Marc Botenga. Qu’on le veuille ou non, l’Union européenne détermine une bonne partie de notre vie quotidienne. Quand la SNCB ou Infrabel ne libèrent pas les fonds pour dégivrer toutes les voies en hiver, c’est une conséquence directe de la politique d’austérité mise en place par l’Union européenne. Quand Proximus envisage de licencier 1 900 personnes, c’est une conséquence directe de la libéralisation du secteur des télécommunications voulue par l’Union européenne. Quand, à Liège, le tram se fait attendre depuis dix ans, c’est une conséquence directe des règles comptables de l’Union européenne. Quand, en 2017, les rejets de CO2 ont augmenté à cause des quotas d’échange d’émission, c’est encore une fois la conséquence directe des réglementations européennes. Notre combat passe donc naturellement par des actions au niveau européen.
Line De Witte. L’Union européenne est un bulldozer, on ne peut pas l’ignorer. D’autre part, certains problèmes fondamentaux exigent une approche européenne. Ainsi, pour lutter contre l’évasion fiscale dont bénéficient les multinationales, il faut s’attaquer aux paradis fiscaux européens et imposer une taxation minimale à ces grands groupes. La question climatique se pose aussi, au moins, au niveau européen. C’est pour cette raison que nous défendons une révolution climatique sociale ambitieuse à l’échelle européenne. Enfin, c’est aussi au niveau européen que doit s’organiser l’accueil décent des migrants.
Les salaires des commissaires européens sont de 20 000 à 30 000 euros par mois. Nous voulons diminuer leur salaire de moitié
Il y a beaucoup de critiques disant que l’Union européenne ne serait pas démocratique ou que la recherche de l’enrichissement personnel serait très présente. Qu’en pensez-vous ?
Marc Botenga. Ces critiques sont justes. Les salaires des commissaires européens sont de 20 000 à 30 000 euros par mois. Comment peut-on comprendre ce que vivent les gens quand on gagne tant d’argent ? Nous voulons diminuer leur salaire de moitié. Tout comme celui des parlementaires européens, d’ailleurs. Et également supprimer tous les extras non transparents qu’ils touchent. Savez-vous que les députés européens reçoivent 300 euros par jour simplement pour venir à leur boulot ? En plus de leur salaire ! Et 4 000 euros de « frais de fonctionnement forfaitaires » !
Nous nous engageons, si nous sommes élus, à continuer à vivre avec un salaire moyen de travailleur et pas avec les revenus exorbitants d’un parlementaire européen traditionnel.
Nous voulons aussi en finir avec la politique qui se négocie en coulisses. Les négociations et les réunions entre toutes sortes d’institutions doivent être rendues publiques via la diffusion vidéo en direct sur Internet et des comptes-rendus officiels.
Il faut absolument mettre fin aux portes tournantes entre les institutions européennes et les grandes entreprises. Nous voulons que, pendant les cinq années qui suivent la fin de son mandat, un commissaire européen ou un député ne peut pas accepter de mandat auprès de banques, multinationales et entreprises cotées en bourse.
Nous voulons aussi que les décisions fondamentales sur l’avenir de l’Union fassent l’objet d’un referendum dans chaque État membre.
Et enfin, nous voulons que les députés européens rendent publics leurs contacts avec les groupes de lobbying, y compris en dehors des murs du Parlement.
Il n’y a pas de réelle divergence entre l’Union européenne et l’État belge... Tous deux reposent sur les mêmes familles politiques et, bien souvent, les mêmes personnes
En Belgique, on entend souvent nos politiciens dire qu’ils n’ont pas le choix, que les décisions se prennent à l’Europe…
Marc Botenga. Il n’y a pas de réelle divergence entre l’Union européenne et l’État belge... Tous deux reposent sur les mêmes familles politiques et, bien souvent, les mêmes personnes. À la Commission européenne, il y a une majorité de chrétiens-démocrates et de sociaux-démocrates. Karel De Gucht (Open Vld) a été ministre en Belgique avant de devenir Commissaire européen au Commerce. Marianne Thyssen, Commissaire à l’Emploi, est membre du CD&V. Le Conseil de l’Union européenne se compose de ministres et de diplomates qui font également partie du gouvernement belge. L’Union européenne n’est rien d’autre qu’une arme utilisée contre nous.
Que peut accomplir le PTB à l’Europe ?
Line De Witte. Nous travaillerons tout comme nous le faisons actuellement au Parlement fédéral et au sein des conseils communaux où nous siégeons. Tout d’abord, nous allons soutenir et renforcer les mouvements de lutte qui existent déjà. Il est devenu très difficile de créer de tels mouvements au niveau européen mais le PTB peut y contribuer. C’est ce que nous faisons déjà, mais le fait de siéger au Parlement européen nous rendra beaucoup plus efficaces, jusque dans l’hémicycle.
La lutte contre la machine européenne passe nécessairement par la création d’une autre machine
Marc Botenga. C’est essentiel, en effet. Le changement doit arriver aussi au niveau européen. De nombreux mouvements existent, celui contre les accords de libre-échange, les grévistes européens de Ryanair, tout un mouvement international relatif à l’approvisionnement en eau, des mouvements de grève qui contestent la réforme du marché du travail, en Belgique contre la loi Peeters, en France, contre la Loi Travail, en Italie contre le Jobs Act, en Espagne contre la Reforma Laboral... Nous devons aider ces mouvements à se rapprocher les uns des autres. La lutte contre la machine européenne passe nécessairement par la création d’une autre machine. Et la présence d’un(e) député(e) PTB peut y contribuer.
Line De Witte. Je pense aussi au mouvement pour le climat, qui a vu le jour en Suède, mais s’est quasi-spontanément étendu à toute l’Europe, avec des actions menées en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse... Seul un parti de gauche peut soutenir de telles initiatives et les aider à prendre de l’ampleur.
Pour le PTB, quels sont les principes de base d’une autre Europe ?
Marc Botenga. Avant tout, la coopération européenne doit être consacrée exclusivement au progrès social. Si nous mettons nos efforts en commun pour parvenir à imposer un salaire minimum en vigueur dans toute l’Europe, pour le bien de tous, parfait. Par contre, si les règles européennes laissent le champ libre au dumping social, un pays doit pouvoir dire : non, nous n’acceptons pas. Pour le PTB, les droits sociaux passent avant les libertés économiques. Nous rejetons donc toute mesure susceptible de les dégrader.
Line De Witte. Nous proposons aussi un plan d’investissement public ambitieux qui prendra la forme d’un Fonds pour l’avenir. Il faut impérativement investir dans le social, les services publics, les infrastructures, la transition énergétique, mais les traités d’austérité actuellement en vigueur, comme le TSCG ou le Pacte de stabilité, prévoient exactement l’inverse. Les deux approches sont incompatibles. C’est pourquoi nous voulons mettre fin aux traités d’austérité. Nous sommes le seul parti à le dire en Belgique. Mais c’est incontournable.
Marc Botenga. Troisièmement, nous tenons à ce que la solidarité remplace la concurrence. Pour le moment, en Europe, tout le monde est en concurrence avec tout le monde, ce qui crée des inégalités catastrophiques, dans, mais aussi entre les États. Certains pays se vident, purement et simplement. La Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie ou encore la Roumanie ont perdu jusqu’à un quart de leur population. D’autres sont devenus des déserts industriels, comme l’Italie, qui en près de 20 ans a vu s’envoler 25 % de sa capacité de production, tandis que certains nagent dans les excédents d’exportations. On ne peut pas envisager la construction européenne sans mettre en place de mécanismes de solidarité capables de lutter contre les inégalités.
Un travailleur moyen du secteur de la construction ou des transports a tout intérêt à ce que son collègue polonais soit correctement rémunéré, sinon, les deux seront perdants
Le PTB veut initier une spirale vers le haut sur le plan social, ce qui passe notamment par la lutte contre le dumping social en assurant un salaire égal à travail égal à tous les travailleurs.
Line De Witte. L’ouverture du marché économique européen a permis aux employeurs de faire travailler leur personnel ailleurs pour moins que les salaires locaux. Il s’agit là d’une spirale vers le bas pour une large majorité de la population qui se rend bien compte que l’Union européenne lui est défavorable. Nous voulons donc une Europe basée sur des principes radicalement différents. Un travailleur moyen du secteur de la construction ou des transports a tout intérêt à ce que son collègue polonais soit correctement rémunéré, sinon, les deux seront perdants.
Marc Botenga. Nous sommes à la troisième version de la directive sur les travailleurs détachés (directive relative aux travailleurs envoyés temporairement dans un autre État de l’UE, NdlR). Celle-ci stipule pour la première fois le principe « à travail égal, salaire égal ». Pourtant, tout le monde, y compris son auteure, la Commissaire européenne aux affaires sociales Marianne Thyssen, s’accorde sur le fait que cela ne se réalisera pas. Quelle hypocrisie ! Des maçons ou les chauffeurs de poids lourds bulgares ou polonais, par exemple, auront toujours moins de droits. Seule une logique de solidarité peut entraver cette spirale négative. Nous exigeons un salaire minimum élevé dans toute l’Europe et garantissons à tout travailleur des conditions de travail et un salaire identiques à ceux qui s’appliquent dans le pays où il travaille.
L’Union européenne doit rendre les transports publics moins chers et plus attrayants afin que le moyen le plus intéressant de voyager en Europe soit le train et non l’avion
Quel rôle l’Europe doit-elle jouer par rapport au climat ?
Line De Witte. La question du climat doit impérativement être abordée sous un angle européen, voire mondial. En ce moment, les décideurs politiques s’imaginent tous pouvoir résoudre le problème du climat en en faisant un marché libéralisé où tout pourrait se négocier. Mais que voyons-nous ? On négocie des quotas d’émissions, dont le prix augmente, avec pour conséquence qu’émettre du CO2 devient en fait une affaire rentable. Et les émissions ne baissent pas. Les entreprises utilisent leurs droits d’émissions pour s’enrichir au détriment du climat et des gens. Il faut donc impérativement mettre en place des règles structurelles et notamment imposer des normes contraignantes aux grandes entreprises.
Il faut encourager les transports publics. L’année dernière, avec mes élèves, nous avons cherché un billet de train abordable pour nous rendre à Berlin dans des délais raisonnables. Cela s’est révélé impossible. Très clairement, l’Union européenne doit rendre les transports publics moins chers et plus attrayants afin que le moyen le plus intéressant de voyager en Europe soit le train et non l’avion.
Marc Botenga. Au lieu de cela, l’Union européenne vient d’adopter le quatrième Paquet ferroviaire qui impose la libéralisation du marché du trafic ferroviaire de passagers. La libéralisation du transport ferroviaire de marchandises a déjà eu lieu et nous en connaissons le résultat : le trafic routier a augmenté au détriment du transport ferroviaire. Nous avons aussi l’exemple de la Grande-Bretagne, où la libéralisation des chemins de fer a été un échec. Et que fait l’Union européenne ? Elle l’impose à tous ses États membres. C’est là un choix aussi nuisible sur le plan social qu’écologique.
Le commerce est un des piliers de l’Union européenne. Quelle est votre vision sur le sujet ?
Line De Witte. Le plus frappant, c’est le pouvoir des grandes entreprises. Les accords de libre-échange sont négociés à huis clos – même les députés y ont difficilement accès –, mais les grandes entreprises, elles, siègent à la table des négociations. 95 % des discussions préparatoires se déroulent avec des multinationales ou leurs lobbys. Quelque 25 000 lobbyistes gravitent en permanence autour du Parlement européen et de la Commission européenne. Leur unique objectif est d’influencer la législation. Dans ces traités de libre-échange, ils font cela de manière tout à fait directe. Ces accords répondent aux volontés des grandes entreprises. Par exemple, une grande entreprise pourrait poursuivre un État en justice si celui-ci prend une décision allant à l’encontre de leurs intérêts. Pour une personne ordinaire, cette possibilité est tout à fait impensable. Imaginez de pouvoir traîner le gouvernement devant les tribunaux parce qu’il économise sur les transports publics !
Les multinationales veulent « harmoniser » les règles, ce qui veut dire, en fait : des règles en faveur des profits et au détriment des gens
On pense généralement que ces traités de libre-échange ne portent que sur la suppression des droits de douane à l’importation et exportation, afin d’organiser davantage la concurrence. Mais le CETA (le traité avec le Canada, NdlR) et le TTIP (le traité avec les États-Unis, NdlR) sont une nouvelle sorte d’accords, qui portent avant tout sur les règlementations. Les pays ont en effet diverses règlementations en vigueur dans différents domaines, comme la législation sur le travail ou celle sur la sécurité alimentaire – pour protéger les gens, donc. Ces règles, les multinationales veulent les « harmoniser », ce qui veut dire, en fait : des règles en faveur des profits et au détriment des gens.
Une autre question à laquelle l’Europe doit faire face, c’est celle des réfugiés et de l’approche commune à adopter à ce sujet.
Marc Botenga. Premièrement, le plus important est de s’attaquer aux causes des migrations. Les partis de droite ne veulent pas des réfugiés dans leur pays, mais ces mêmes partis votent leur accord aux bombardements au Moyen-Orient, ce qui précisément contraint les populations à fuir. S’attaquer aux causes de la migration est fondamental. La guerre, la politique commerciale mais aussi la politique climatique ont un impact direct sur la vie des gens là-bas.
Deuxièmement, les pays européens doivent se répartir de manière juste les réfugiés qui viennent ici suite aux crises que nous avons causées chez eux, et seule l’Europe peut faire cela. Nous voulons aider les communes par un Fonds européen pour les communes hospitalières.
Et troisièmement, les personnes qui arrivent chez nous doivent être traitées de manière humaine et dans une perspective d’intégration. On constate souvent que les réfugiés, une fois qu’ils apprennent la langue, trouvent assez rapidement un emploi et contribuent à la sécurité sociale, ce qui est un bénéfice pour le pays. L’Union ferait mieux de promouvoir cela au lieu de militariser de plus en plus et d’enfermer des gens dans des camps en Libye.
L'Union européenne, par ses politiques antisociales, crée un terreau très fertile pour l’extrême droite
Comment voyez-vous la montée des courants d’extrême droite en Europe ?
Line De Witte. Partout où l’extrême droite est au pouvoir, elle fait des choses qui sont néfastes pour les travailleurs. Voyez la Hongrie, où l’extrême droite a fait passer la « loi esclavagiste ». Ou en Autriche, la semaine de travail de 60 heures. Ou en Italie où elle attaque les syndicats et réduit la liberté de manifester.
Marc Botenga. L’Union européenne crée un terreau très fertile pour le nationalisme. Quand il n’y a jamais d’argent pour la crèche et pour l’école de vos enfants, pour un logement correct, on vous pousse à la concurrence avec ceux dont la situation est encore plus difficile que la vôtre. Cela stimule le discours d’extrême droite. Et là, l’Union européenne joue un rôle central, parce qu’elle rend impossibles les investissements nécessaires.
Les politiques autoritaires d’austérité et le nationalisme sont deux faces d’une même médaille. Nous optons pour une tout autre voie. Pas celle de la logique de concurrence des néolibéraux, pas celle du nationalisme de l’extrême droite. Nous rejetons tant l’une que l’autre. Nous avons une alternative : la solidarité et la coopération.
Au plan européen, le PTB est déjà lié au GUE/NGL, le groupe de la Gauche unitaire au Parlement européen. Que peut faire ce groupe ?
Marc Botenga. Je collabore déjà avec ce groupe depuis quelques années. Le GUE/NGL rassemble divers partis de la gauche authentique de toute l’Europe, sur la base de certains principes fondamentaux, comme : une rupture avec la politique d’austérité, la coopération au lieu de la concurrence, la lutte contre le dumping social… Nous sommes tous issus de pays et de traditions différents, et il y a donc aussi des points de vue différents. Mais ce qui nous unit reste toujours beaucoup plus important que ce qui nous divise.
Le défi consiste à jouer ensemble un rôle de catalyseur et de lien pour la lutte sociale en Europe. Nous savons bien que ce n’est pas par un petit amendement au Parlement européen que nous obtiendrons le changement nécessaire. Par exemple, nous avons réuni des syndicalistes de plusieurs pays au Parlement européen pour discuter de la manière dont nous pouvons ensemble répondre aux défis. Et peut-être aurons-nous bientôt pour la première fois un représentant belge dans ce groupe parlementaire. Pour eux, il est également significatif d’avoir au sein du groupe une personne du pays qui accueille les institutions européennes.
Qui est Marc Botenga ?
Né au centre de Bruxelles, Marc Botenga a vu les institutions européennes prendre toujours plus de place dans sa ville. Le contraste entre l’Europe du fric d’une part et la pauvreté à Bruxelles de l’autre, le révolte.
En tant qu’étudiant, Marc Botenga participe à l’occupation du rectorat de son université. Le processus européen de Bologne menace alors de privatisation l’enseignement supérieur. Pas question pour le mouvement étudiant de laisser les grandes multinationales décider du contenu de notre enseignement.
Français, anglais, italien, etc. ayant étudié et travaillé dans différents pays, Marc Botenga saute allègrement d’une langue à l’autre. Juriste et politologue de formation, il est employé aujourd’hui par la Gauche unitaire européenne (GUE/NGL) au Parlement européen, où il est en contact quotidien avec la gauche authentique et des syndicalistes de toute l’Europe. Mais son Europe n’est pas celle des institutions européennes. En 2015, le drame grec le marque profondément. Pendant que les Grecs votent contre l’austérité, l’Union européenne sanctionne violemment le pays. Marc Botenga contribue alors activement à la mise sur pied d’un mouvement de solidarité avec le peuple grec contre l’austérité européenne. Il croit fortement dans la force des gens : « J’ai travaillé des années dans la solidarité internationale. Au sud comme ici, il n’y a que la mobilisation des gens que les multinationales redoutent. »
À ses heures perdues, il hésite entre un match de foot italien, un trekking dans la nature ou une exposition culturelle. Amateur de musique, ses goûts musicaux oscillent entre le heavy métal traditionnel et le Grand Jojo, emblématique figure bruxelloise.
Qui est Line De Witte ?
Line De Witte est sociologue, politologue et enseignante de formation. Elle a travaillé en tant que collaboratrice scientifique à l’université de Louvain (KU Leuven) et enseigne actuellement l’histoire et les mathématiques en 2e et 3e année secondaire à l’Institut PISO de Tirlemont.
Durant ses études, Line a rejoint le mouvement étudiant du PTB, Comac, au sein duquel elle s’est activement opposée à l’augmentation des frais d’inscription, aux sanctions administratives communales (SAC) et à l’adoption des traités de libre-échange TTIP et CETA. Convaincue que les accords de libre-échange nous concernent beaucoup plus que nous le pensons, elle a publié en 2017 un ouvrage intitulé : « TTIP en CETA voor beginners » (non traduit en français).
Enfant, ses parents l’emmenaient manifester pour le climat, contre le racisme, contre la fermeture des usines Renault. Quelques années plus tard, elle marchait pour protester contre la guerre en Irak, mais aussi contre la directive Bolkestein et pour une Europe sociale.
Line a rejoint en 2018 le conseil communal de Louvain, où elle est la première élue PTB à siéger.
Lorsqu’elle a du temps pour elle, elle aime se balader à vélo, appeler ses amis pour aller faire du sport, partir en randonnée ou simplement aller boire un café.