Deux propositions constructives du PTB pour la culture rejetées par les partis traditionnels
Depuis le début de la pandémie, la situation des travailleurs et travailleuses de la culture est particulièrement difficile. Le PTB cherche à tout prix des solutions pour ce secteur, dont beaucoup d'acteurs sont laissés sur le carreau. En une semaine, deux propositions constructives du PTB et facilement pour soutenir le secteur culturel ont été discutées dans les parlements. Malheureusement, les partis traditionnels les ont bloquées.
Aides directes pour les travailleurs de la culture en Wallonie
La Région wallonne est la seule Région du pays à ne pas avoir octroyé d’aide directe aux travailleurs de la culture. Le PTB a donc déposé une proposition de résolution au Parlement wallon, visant à mettre en place un fonds d’urgence de 6,7 millions d’euros. En faisant cela, il serait possible d’octroyer jusqu’à 2 000 euros aux travailleurs du secteur culturel ayant subi des pertes de revenu, à l’image de ce qui a été fait deux fois déjà à Bruxelles.
Après un long débat en séance plénière, la majorité a voté contre la recevabilité de la proposition, ne s’estimant pas compétente en la matière. Le problème est que la Fédération Wallonie-Bruxelles ne s’estime pas compétente non plus. Les deux Parlements se renvoient indéfiniment la balle.
Pour Amandine Pavet, députée PTB à la Région wallonne et à la Fédération Wallonie-Bruxelles, ce blocage est surréaliste : « La Fédération Wallonie-Bruxelles subsidie des projets culturels mais ne peut pas octroyer d’aides directes aux travailleurs comme l’a encore rappelé la ministre de la Culture. Le Parlement wallon, lui, considère que la culture n’est pas sa compétence. Il y a donc une compétence qui s’est perdue en cours de route ? Ce qui est possible en Flandre et à Bruxelles ne serait même pas discutable ici en Wallonie ? Derrière cette lasagne institutionnelle, on trouve des gens qui n’arrivent plus à remplir leur frigo. Pour le PTB, il s’agit surtout de volonté politique. »
Aide aux musiciens locaux et peu connus
La seconde proposition, débattue ce mercredi au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, avait pour objectif de soutenir les musiciens domiciliés en Belgique avec une attention particulière portée aux musiciens peu connus et aux femmes. Le texte propose une solution simple qui ne nécessite aucun budget supplémentaire : l’augmentation des quotas de diffusion et l’instauration de nouveaux quotas pour favoriser les artistes peu connus, les titres récents et les femmes au sein de la programmation musicale à la RTBF.
« Beaucoup de musiciens vivaient déjà dans la précarité avant la crise sanitaire, mais avec la fermeture des salles, la situation est devenue catastrophique, souligne Amandine Pavet. Donner plus d’espaces de diffusion aux musiciens moins connus, c’est offrir plus de diversité culturelle aux auditeurs et auditrices mais aussi plus de revenus pour les artistes très fragilisés. C’est une revendication de longue date du secteur et ça ne coûte presque rien ! »
« Une majorité de musiciens reste dans l’ombre faute de diffusion et de reconnaissance, tandis qu’une minorité tourne en boucle sur nos ondes, poursuit la députée. Dans ce contexte, il est très difficile de vivre de la musique, particulièrement pour les jeunes qui se lancent. Nous voulons inverser cette tendance. »
La mise en place de ce genre de quotas est défendue depuis de nombreuses années par plusieurs associations telles que le FACIR, l’ACC, Asspropro, Bea Music, Club Plasma, Court-Circuit, Museact ou encore le CCMA, ainsi que par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel.
Deux propositions rejetées par la majorité
Lors du vote, ces deux propositions ont cependant été rejetées par la majorité PS-Ecolo-MR. Le PS et Ecolo ont pourtant appliqué eux-mêmes l’aide directe au niveau bruxellois. Tandis qu’en 2017 tous les partis avaient remis un avis favorable à l’augmentation des quotas de diffusion d’artistes locaux à la RTBF.
Amandine Pavet conclut : « Pour nous comme pour les travailleurs de la culture, ces décisions sont incompréhensibles. Vu l’impact de la crise sanitaire sur ce secteur, des mesures supplémentaires de soutien sont pourtant essentielles. C’est une question de survie. Nous invitons les travailleurs de la culture à poursuivre leur mobilisation et à continuer d’interpeller le politique dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans la rue... C’est la pression qui fera bouger les lignes. »