Découvrez la véritable histoire du 1er Mai
Chaque année, la classe travailleuse du monde entier se rassemble pour lutter le premier jour du mois de mai. Un jour qui n’a pas été choisi par hasard...
En 1884, les syndicats des États-Unis lancent une campagne massive pour la journée des 8 heures. Ils choisissent la date du 1er mai car c’est celle du début de l’année comptable des entreprises. (voir encadré)
Haymarket square et les « martyrs de Chicago »
Deux ans plus tard, cette date sera scellée dans le sang. À l’appel de l’American Federation of Labour (AFL, Fédération américaine du travail), 340 000 ouvriers se mettent en grève partout aux États-Unis afin d’arracher la journée des 8 heures de travail. Conscients qu’il faudra plus qu’une journée pour obtenir satisfaction, les manifestations se prolongent un peu partout dans le pays.
Le 4 mai, un rassemblement est organisé à Chicago, au Haymarket square. L’écrivain Howard Zinn raconte, dans son Histoire populaire des États-Unis : « Trois mille personnes y participèrent. Tout se déroula d’abord paisiblement. Puis, comme l’orage se faisait plus menaçant et l’heure plus tardive, la foule commença à se disperser. Un détachement composé de cent quatre-vingts policiers s’avança pour ordonner aux orateurs de faire cesser la réunion. L’orateur répliqua que c’était presque fait. C’est alors qu’une bombe explosa au milieu des policiers, faisant soixante-six blessés dont sept allaient plus tard décéder. La police répliqua en tirant sur la foule, faisant à son tour plusieurs morts et quelque deux cents blessés. »
Le pouvoir n’attendait que ça pour faire cesser le mouvement. Sans chercher à savoir qui avait lancé la bombe, la police arrête huit responsables anarchistes, ou présumés comme tels. Un seul des huit accusés était sur place au moment de l’explosion, mais à la tribune – ce qui aurait dû le disculper. Sauf que la justice s’est basée sur un texte de loi qui disait que si quelqu’un appelait à un délit, il pouvait être condamné pour ce délit même s’il n’en était pas l’auteur. Ce qui était le cas pour les huit de Chicago : les soi-disant preuves de la culpabilité des accusés ne reposaient que sur des écrits. Un délit d’opinion, en somme.
La bombe lancée par la police aide la solidarité internationale
Quelques mois plus tard, un procès les condamne à mort : quatre sont pendus, un se suicide dans sa cellule, et les trois autres voient leur peine transformée en peine de prison. Cette répression et le procès expéditif et totalement à charge des accusés a l’effet inverse que celui recherché par le pouvoir : un vaste mouvement de solidarité pour les « martyrs de Chicago » s’organise aux États-Unis et même en Europe. Après le verdict, l’auteur de théâtre irlandais George Bernard Shaw déclare : « Si le monde doit absolument pendre huit de ses habitants, il serait bon qu’il s’agisse des huit juges de la Cour suprême de l’Illinois (État de Chicago, NdlR). »
En 1893, le gouverneur de l’Illinois reconnait que le procès était une parodie et que le vrai coupable de l’attentat était John Bonfield : un officier de police. Trop tard pour les « martyrs de Chicago », mais pas pour leur classe, qui va faire de cette tragédie une force.
1890, le triangle rouge
En décembre 1888, l’AFL décide de faire du 1er mai une journée de revendications de la classe travailleuse. En 1889, quelques mois plus tard, l’Association internationale des travailleurs (AIT, aussi appelée Deuxième Internationale à cette époque), une organisation fondée une vingtaine d’années auparavant par Karl Marx et d’autres révolutionnaires, appuie l’AFL et en fait une journée internationale de lutte de la classe travailleuse.
Le « premier 1er Mai » a lieu en 1890. À Paris, les participants portent un triangle rouge à leur boutonnière. C’est le symbole de la première revendication du monde ouvrier organisé : une pointe du triangle signifie les 8 heures de travail, une deuxième les 8 heures de repos, et la troisième les 8 heures de loisirs. (Lire l'article de Solidaire sur le sujet ici)
Depuis ce jour, partout dans le monde, la classe travailleuse se rassemble pour arracher de nouveaux droits. Augmentation de salaire, droit aux congés payés, suffrage universel, égalité hommes-femmes, réduction collective du temps de travail, fin du travail des enfants, droit à des pensions dignes... Si les revendications diffèrent parfois d’une année à l’autre ou selon les pays, tous les 1er Mai ont en commun l’objectif de gagner de nouvelles conquêtes sociales face au patronat. Et de rappeler que c’est la classe travailleuse qui crée la richesse, pas les patrons ou les actionnaires, et qu’elle a donc droit à plus que des miettes...
1er Mai, jour du « déménagement »
Le premier jour de mai est le jour du « Moving Day » qui marque le début de l’année comptable des entreprises et le renouvellement (ou pas) des contrats des ouvriers. Ces derniers dont le contrat n’est pas reconduit doivent changer d’usine ou de ville pour tenter de retrouver du travail. D’où l’origine du nom (« moving » = déménagement).
1er mai : taxons les multi-millionnaires, maintenant !
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