Déconfinement : « Le lobby des grandes entreprises est plus fort que le lobby du coeur. Inversons cela »
Pour le PTB, les décisions qui ont été prises par le Conseil national de Sécurité ne vont pas dans le bon sens. « Les intérêts économiques ont pesé plus que les considérations sanitaires et les besoins des gens, selon Raoul Hedebouw, porte-parole national du PTB.
Les grandes entreprises et les commerces rouvrent alors que nous ne pouvons toujours pas voir nos proches et qu’il reste des questions fondamentales sur les risques sanitaires. Auprès de nos gouvernement, le lobby des grandes entreprises est apparemment plus fort que le lobby du cœur. Il est grand temps que nous inversions cela. »
Le lobby des grandes entreprises plus fort que le lobby du coeur
« Selon les décisions du Conseil national de Sécurité, nous verrons donc nos collègues au travail plus tôt que nos amis et notre famille. Nous pourrons aller acheter des vêtements pour enfants, avant de pouvoir revoir notre petit filleul. Sauf si nous nous rencontrons au H&M », regrette Raoul Hedebouw.
« Auprès de ce gouvernement, le lobby des grandes entreprises est plus fort que le lobby du cœur. La FEB et les organisations patronales ont fait passer leur agenda. La stratégie de déconfinement aurait dû placer les besoins des gens au centre, mais cela n’a pas été le cas. Presque rien sur les mesures de sécurité au travail. Elles doivent être garanties, et ce n'est pas du tout le cas partout actuellement (85 % des entreprises contrôlées ne respectent pas les règles sanitaires). Peu de choses ont été dites sur la reprise de la vie sociale. Il n'est pas encore clair quand nous pourrons revoir nos proches. Or c’est pourtant crucial pour notre santé sociale et mentale. Nous sommes des êtres sociaux qui avons besoin de contacts avec leurs amis et leur famille », explique le porte-parole du PTB.
Tester, tracer et isoler : une condition essentielle pour déconfiner
Pour pouvoir sortir du confinement, nous devons être capables de tester, tracer et isoler à grande échelle. C’est la seule manière de passer d’une stratégie collective à des mesures ciblées pour casser la chaîne de transmission du virus. Les experts ont mis cela très clairement comme condition essentielle (à côté de la capacité hospitalière) pour pouvoir envisager des mesures de déconfinement le 4 mai.
« Mais cette condition est loin d’être remplie actuellement et nous n’avons pas beaucoup entendu le Conseil national de Sécurité là-dessus », constate Raoul Hedebouw. Les tests ? Nous sommes à 8 350 par jour, loin des 25 000 tests annoncés ou des 45 000 qui seraient effectivement nécessaires. Le traçage ? Nous en sommes aux premiers stades, aucun ministre fédéral ou régional n’a pu donner le moindre détail sur la manière dont nous pourrons mettre les équipes au travail dans les 10 jours qui viennent. L’isolement ? Il n'y a encore rien sur le papier à ce sujet. Plusieurs experts ont pointé qu’au rythme actuel nous ne serons pas prêt d’ici le 4 mai. « Le gouvernement ferait mieux de les écouter. Nous devons investir massivement dans le dispositif pour tester, tracer et isoler », déclare Raoul Hedebouw.
« Nous voulons bien sûr redémarrer la vie. C'est crucial. Socialement, économiquement, mentalement. Mais cela doit se faire en toute sécurité et selon une approche globale et sociale, non pas selon l'agenda de certains groupes de pression », conclut Raoul Hedebouw.
PTB contre N-VA : santé, économie et stratégie de sortie de crise Pour sortir du confinement, il faut que le virus soit confiné. Ce n’est possible qu’avec une stratégie de sortie de crise sûre. Or, la FEB (la Fédération des grandes Entreprises de Belgique), la N-VA et les partis de droite veulent coûte que coûte nous faire retravailler rapidement. « La santé et la sécurité des travailleurs doivent être garantis », répond le président du PTB, Peter Mertens. Et pour cela, nous avons besoin d’un approche qui puisse contenir le virus, une approche permettant de « tester, tracer et isoler ». Un débat entre deux visions de sortie de crise. PTB