De Wever reste totalement sourd au signal social de l'électeur
« Le président de la N-VA, Bart De Wever, promet à nouveau cinq années de politique froide et dure qui démantèle les droits sociaux et qui monte les gens les uns contre les autres. Avec sa note de formation d’un gouvernement flamand, De Wever reste totalement sourd au signal social de l'électeur », a réagi Jos D’Haese, le chef de groupe du PTB au Parlement flamand.
Sa note pour une nouvelle coalition suédoise ne contient pas la moindre ambition pour s'attaquer à la pauvreté croissante, pour garantir des logements payables ni pour faire du climat une question prioritaire. « Notre pays a besoin de gouvernements qui ont la volonté d'améliorer la situation de chacun, souligne Jos D’Haese. C'est précisément ce que n'a pas fait la coalition suédoise des cinq dernières années et c'est pour cela qu'elle a été sanctionnée par l'électeur.
La pauvreté des enfants a doublé, l'ambition de la combattre disparaît
En dix ans, la pauvreté des enfants en Flandre a doublé. Cette question est l'un des grands défis auxquels le gouvernement devrait s'attaquer. Toutefois, alors qu'un enfant sur six grandit dans la pauvreté, le mot « pauvreté des enfants » n'apparaît même pas dans la note de De Wever. Il y a cinq ans, la ministre N-VA Liesbeth Homans promettait encore de réduire de moitié la pauvreté des enfants, mais aujourd'hui, toute ambition en la matière à disparu, même en mots. Or pour combattre la pauvreté des enfants et la pauvreté en général, il faut des mesures ambitieuses : des logements abordables, des emplois fixes et corrects, des factures d'eau et d'énergie moins chères. Au lieu de se centrer sur le grand problème de la sous-protection sociale, on va rendre les droits sociaux encore plus conditionnels et à nouveau mettre l'accent sur les sanctions.
Le logement abordable constitue un levier essentiel dans la lutte contre la pauvreté. Pourtant, de plus de plus de Flamands ont beaucoup de difficultés à trouver un logement payable et de qualité. Alors que les prix des loyers explosent, De Wever ne formule aucune mesure pour les locataires. Il y a actuellement quelque 135 500 personnes sur une liste d'attente pour un logement social. Pour résorber cette liste d'attente, il faut aller vers au moins 20 % de logements sociaux dans les zones urbaines et 10 % dans les autres communes. Mais De Wever refuse de s'attaquer à la crise du logement. Ce sont justement les villes où le manque de logements sociaux est le plus important, comme Anvers, Gand ou Genk, qui ne recevront plus d'argent pour construire des logements sociaux supplémentaires. La N-VA organise ainsi elle-même l’explosion des loyers.
Pas de factures plus basses
En Flandre, beaucoup de gens n'arrivent plus à payer les factures de plus en plus chères et à boucler les fins de mois. Ces problèmes sont froidement niés par De Wever. Il n'y aura pas d'instauration de facture maximum dans l'enseignement secondaire pour limiter les frais scolaires devenus très élevés. Aucun budget supplémentaire ne sera libéré pour diminuer la facture des soins. Pour les maisons de repos et de soins, on opte pour un « contrôle plus strict des augmentations des prix journaliers » au lieu de faire baisser ceux-ci. En effet, aujourd'hui en Flandre, trois personnes âgées sur quatre n'arrivent plus à payer la facture de la maison de repos. Ce sont souvent les enfants qui doivent contribuer. C'est de diminutions contrôlées des prix dont nous avons besoin, non pas de contrôles sur les augmentations de prix.
La note n'évoque pas non plus la moindre mesure concrète pour faire baisser la facture d'énergie des ménages. Les coûts de l'électricité verte continuent à leur être facturés. Il n'y aura pas d'interdiction générale de couper l''eau et l'électricité en cas de difficultés de paiement, ni d'envoyer les huissiers. De la sorte, on enfonce les personnes qui ont des dettes encore plus profondément dans les problèmes.
Des murs à la place de ponts
La note n'opte pas pour une Flandre inclusive. Au contraire, elle choisit clairement une politique d'identité flamande dure qui monte les gens les uns contre les autres et élève des murs au lieu de construire des ponts. La culture est réduite à un outil de propagande nationaliste (personne n'est dans l'attente d'un musée flamand sur la Bataille des éperons d'or). L'enseignement et la VRT sont incités à présenter une image nostalgique de l'identité flamande. Un « canon flamand » sera établi, comprenant des « points d'ancrage de l'histoire et de la culture flamandes » que devront connaître les nouveaux arrivants. C'est là un signal clair que la diversité ne constitue pas un enrichissement mais une menace.
Par ailleurs, De Wever and co veulent exclure de plus en plus gens. On a beau présenter la Flandre comme une région chaleureuse, cette note promet un accueil glacial aux nouveaux arrivants. Ceux-ci n'auront pas droit avant des années à la Vlaamse Sociale Bescherming (la Protection sociale flamande, un ensemble de systèmes de financement pour les personnes nécessitant des soins de longue durée en Flandre). Même chose pour les allocations familiales, qui ne seront attribuées que lorsqu'on a séjourné suffisamment longtemps dans le pays. Dans l'attribution des logements sociaux, De Wever met en œuvre le principe du « eigen volk eerst » (« nos gens à nous d'abord »). De cette manière, on n'intègre pas les gens dans la société mais on en fait des citoyens de second rang. Cette politique antisociale pousse les nouveaux arrivants dans la pauvreté au lieu de leur donner une place à part entière dans notre société.
L'écoréalisme rate toute ambition
La note manque également totalement d'ambition en ce qui concerne le climat. Ce n'est pas le seul progrès technologique qui va sauver le climat. Il faut des objectifs contraignants pour les multinationales polluantes, afin que celles-ci traduisent concrètement le progrès technologique en réduction d'émissions de gaz à effet de serre. Il faut aussi soutenir les gens dans l'usage de nouvelles technologies, comme une meilleure isolation ou l'installation de panneaux solaires. Ce serait possible en ayant recours au système du tiers payant. Mais cela non plus, la note ne l'évoque en rien. En outre, De Wever continue à s'en tenir à des objectifs européens bien trop bas.
Vers un enseignement encore plus élitiste
L'enseignement Flamand est un des plus inégalitaires d'Europe. Pourtant, selon De Wever, notre enseignement n'est pas encore suffisamment élitiste. On veut une lutte contre « la poursuite de l'égalité » et privilégier « l'excellence ». Cette « excellence » s'opère au détriment d'un diplôme pour chacun. Le système en cascade de l'enseignement général vers l'enseignement technique puis vers l'enseignement professionnel est maintenu. Il est pourtant prouvé qu'un enseignement inclusif, qui veut garder tout le monde à bord, améliore les résultats de tous les élèves. Avec l'instauration d'une interdiction générale des signes religieux, on donne à des milliers d'élèves en Flandre le signal que leur conviction n'est pas la bienvenue à l'école. Cela aura comme résultat que des élèves ne pourront se sentir totalement eux-mêmes là où ils passent le plus de temps : les bancs de l'école.
L'instauration de tests standardisés va attiser la compétition entre les écoles pour obtenir les meilleurs résultats. Le double contingentement qui avait été instauré pour promouvoir la mixité sociale dans les écoles est supprimé. Ces deux mesures contribueront à rendre l'enseignement encore bien plus élitiste et à organiser la compétition entre les établissements scolaires. La vision de l'enseignement de cette note est totalement contraire à un enseignement social qui donne à chaque enfant la possibilité de s'épanouir de manière optimale.