Course contre la mort dans les maisons de repos : tous les résidents doivent être testés d’urgence
Les chiffres concernant les tests dans les maisons de repos en Wallonie sont très préoccupants. Si en Flandre, les résultats de plus de 6 000 résidents étaient communiqués hier, on n’en comptait que... 139 pour la partie sud du pays. Pour Germain Mugemangango, chef de groupe PTB au Parlement wallon, il faut accélérer le testing d’urgence, pour les résidents comme pour le personnel...
« Les chiffres délivrés hier par Sciensano concernant le testing dans les maisons de repos en Wallonie sont vraiment inquiétants », réagit Germain Mugemangango, porte-parole francophone et chef de groupe PTB au Parlement wallon. « L’organisme annonce des résultats pour plus de 6 126 résidents en Flandre alors qu’en Wallonie, il n’y a des résultats que pour 139 résidents. On nous parle de testing massif et généralisé mais il y a 49 120 lits dans les maisons de repos wallonnes. Que fait la ministre wallonne de la Santé Christie Morreale (PS) ? Elle choisit de ne pas tester les résidents dans l’urgence. C’est illogique et irresponsable. »
Pour Germain Mugemangango, le dépistage des travailleurs des maisons de repos qui est actuellement en cours est évidemment nécessaire. Il arrive d’ailleurs malheureusement très tard. Mais le testing des résidents est aussi urgent et essentiel : « D’une part parce que si l’ensemble d’une maison de repos n’est pas testée, le risque de contamination est impossible à évaluer mais aussi parce que les chiffres du Nord du pays démontrent l’étendue de la catastrophe sanitaire dans les maisons de repos. » En effet, les chiffres de Sciensano annoncent 20 % de contamination parmi les résidents des maisons de repos du Nord du pays. Si la proportion de résidents contaminés devait être la même dans le Sud du pays ce serait alors près de 9 000 résidents qui seraient diagnostiqués positifs. « Un tel chiffre serait catastrophique et demanderait des mesures d’urgence d’une toute autre ampleur que celles prises actuellement », lance le député du parti de gauche qui ajoute : « C’est la raison pour laquelle on doit clarifier la situation au plus vite. Et pas dans trois semaines ! »
Pour le PTB, la ministre de la Santé n’anticipe pas ce problème pour le moment. Deux structures intermédiaires pour accueillir des résidents contaminés vont être ouvertes à Spa et à Charleroi, mais c’est loin d’être suffisant. « Ces structures vont commencer à être accessibles à la fin de cette semaine mais il y a seulement 50 places qui sont actuellement prévues au sein de ces structures », dénonce Germain Mugemangango.
La sonnette d’alarme est tirée depuis un mois...
Le personnel des maisons de repos est déjà épuisé et ne dispose pas toujours des compétences nécessaires pour gérer les résidents atteints par le Covid-19. « Plusieurs maisons de repos manquent par exemple de l’oxygène nécessaire pour faire face aux problèmes respiratoires des personnes contaminées », explique le porte-parole francophone du PTB. « La ministre répond que ces patients pourront toujours être transférés en milieu hospitalier. Mais des instructions claires ont été données aux maisons de repos pour que l’on ne transfère pas automatiquement les résidents contaminés dans les hôpitaux. La vérité est que la ministre wallonne de la Santé n’a pas de solution dans le cas d’une explosion de contaminations parmi les résidents. C’est inadmissible car des milliers de vies sont en jeu. »
Le parti de gauche s’interroge aussi sur la lenteur du processus de dépistage. « Les maisons de repos tirent la sonnette d’alarme depuis le 20 mars, il y a donc quasiment un mois, et depuis, la ministre tente de noyer le poisson sur la gestion désastreuse en jouant la montre et en multipliant les promesses, » rappelle le député du PTB. En effet, le 29 mars, la promesse de fournir à la Région wallonne 6 597 tests pour les maisons de repos (alors qu’il en faudrait 60 000 pour un testing généralisé) est faite. Le 1er avril, Christie Morreale annonce qu’une solution est trouvée pour le testing en maison de repos. Et ce n’est que le 13 avril que la ministre annonce que la Région wallonne recevra 66 000 tests et commencera enfin sa campagne de dépistage généralisée. Et, ce 16 avril, le bulletin hebdomadaire de Sciensano mentionne que seuls 139 résultats sont connus pour les résidents…
« Cette lenteur et cette mauvaise gestion sont inacceptables en cette période de crise et montre une sous-estimation de la gravité de la situation de la part de la ministre », conclut Germain Mugemangango. Pour ce dernier, « il faut maintenant tester dans l’urgence l’ensemble du personnel et l’ensemble des résidents, garantir que les travailleurs des maisons de repos soient protégés, et garantir que des renforts de travailleurs compétents dans le domaine des soins soient envoyés, avec une garantie de protection, dans les maisons de repos pour aider le personnel essoufflé ».