Coronavirus : nous avons besoin d'une politique efficace, pas de 9 ministres qui se marchent sur les pieds
« Les scientifiques, les experts et les professionnels de la santé travaillent d'arrache-pied pour lutter contre le coronavirus, affirme Sofie Merckx, médecin généraliste et députée PTB. Ils ont pour cela notre respect et notre confiance. On se pose par contre des questions quant à l'approche politique du problème : neuf ministres de la Santé qui ont chacun leur mot à dire dans la gestion d'une crise sanitaire internationale, sans aucune responsabilité hiérarchique, cela n'a aucun sens. »
Sofie Merckx a interpellé la ministre fédérale de la Santé Maggie De Block au Parlement. « Nous voulons des garanties que les ressources nécessaires seront mises à disposition du personnel médical, dans les hôpitaux et en première ligne. Or, suite à des années d'austérité dans le secteur, ce personnel est déjà à bout de souffle. Pour nous, la santé doit toujours être au cœur de ce débat et primer sur les intérêts des grands actionnaires. »
9 ministres de la Santé, mais qui est aux commandes ?
Cela fait longtemps que le PTB dénonce la complexité des structures de notre pays. La manière d'aborder cette crise sanitaire internationale apparaît comme une nouvelle preuve de l'inefficacité et de l'inutilité de ce système. « Les réformes successives de l'État font qu'aujourd'hui, en Belgique, pas moins de neuf ministres ont chacun leur mot à dire dans la politique de santé de notre pays. Pour coordonner un minimum leurs politiques, ils doivent multiplier les comités de concertation. Comme preuve d'inefficacité, on fait difficilement mieux. Diviser une autorité, puis organiser réunion sur réunion pour parvenir à un vague niveau de coopération, cela n'a aucun sens », déplore Sofie Merckx.
Aujourd'hui, le parti de gauche dénonce en premier lieu l'absence de responsabilité hiérarchique claire entre ces neuf ministres en charge de la santé. « La responsabilité de chacun s'arrête aux limites de ses compétences, poursuit la députée fédérale. Or, pour nous, il est nécessaire d'avoir une chaîne hiérarchique claire, avec à sa tête la ministre fédérale, qui en assume aussi la responsabilité finale, conseillée en cela par les experts scientifiques en santé désignés. » À terme, le PTB souhaite également voir un certain nombre de compétences refédéralisées. « Ce dont notre pays a besoin, c'est d'un seul ministre, responsable pour l'ensemble du territoire de la politique de santé préventive et curative, de la première à la troisième ligne », affirme Sofie Merckx.
Stop aux coupes budgétaires, consacrons plus de moyens aux soins de santé
La députée PTB interrogera également la ministre De Block sur les moyens dégagés pour soutenir les soins de santé de première ligne et les hôpitaux. « Les professionnels de la santé sont en première ligne pour faire face au coronavirus et doivent être informés, équipés et protégés pour cela, poursuit Sofie Merckx. Je vais notamment interroger la ministre sur l'absence de réserves stratégiques de masques et d'autres équipements de protection et sur la manière de résoudre ce problème dans les plus brefs délais. Les hôpitaux qui devront probablement accueillir un grand nombre de patients dans un avenir proche doivent également bénéficier d'un soutien adéquat et de ressources supplémentaires. Sont-ils suffisamment prêts et outillés pour cela ? N'oublions pas que nos hôpitaux souffrent depuis des années d'un sous-financement structurel et d'un manque de personnel, et qu'ils sont déjà complètement saturés en cette période hivernale chargée. Les mesures nécessaires seront-elles prises pour que chaque patient puisse être pris en charge correctement, sans que cela pèse sur un personnel de santé déjà complètement à bout suite à des années de coupes budgétaires ? Nous voulons des garanties claires à cet égard. »
La santé doit primer sur les intérêts des grands actionnaires
Pour le PTB, les décisions à prendre dans les semaines et les mois à venir pour lutter contre le coronavirus doivent avant tout viser à protéger au maximum la santé des patients et des travailleurs. « La santé est un droit absolu, qui prime par rapport aux intérêts des grands actionnaires, conclut Sofie Merckx. Par exemple, si des travailleurs doivent rester chez eux à titre préventif, ils ne doivent pas être obligés de prendre congé, mais bénéficier d'un revenu garanti. »