Commission Congo : un rapport accablant pour les grands groupes capitalistes responsables de la colonisation
Il y a un peu plus de 60 ans, le Congo devenait indépendant. D'abord propriété privée de Léopold II, le pays a été exploité pendant presque 80 ans pour enrichir quelques grands capitalistes belges ainsi que la famille royale. Les experts mandatés par la Commission parlementaire sur la colonisation ont rendu leur rapport. Et il est accablant pour les responsables de celle-ci.
Plus d'un an après le démarrage de la Commission parlementaire spéciale « Congo – passé colonial » au Parlement fédéral, le groupe d'experts mandaté par la Commission publie un volumineux rapport. Le pillage de l'énorme richesse congolaise en matières premières a enrichi l'élite belge et jeté les bases d'entreprises telles qu'Umicore (anciennement Union Minière). Alors que ces mêmes grandes entreprises écrasaient la résistance des travailleurs ici en Belgique et leur refusaient le droit de vote universel, elles organisaient donc en même temps sans pitié et à une échelle sans précédent le travail forcé au Congo. Le régime d'occupation colonial était fondé sur le racisme, les noirs et les blancs étant traités séparément et les enfants issus de couples mixtes étant volés et cachés par les autorités coloniales. « Ce rapport permet de regarder en face la réalité du colonialisme et d'en tirer les conséquences nécessaires », déclare le député PTB Marco Van Hees, membre et rapporteur de la commission . « Ce ne sont pas les travailleurs et tous les belges » qui sont responsables comme on l’entend parfois, mais une série d’entreprises, de familles et d’institutions qui ont tiré leur richesse de la colonisation et qui doivent rendre des comptes. »
Des zones d’ombre encore à éclaircir
« Le rapport pourrait être encore plus complet en développant la manière dont certains centres financiers ont acquis la base de leur capital au Congo et surtout le rôle du gouvernement belge dans la destruction du mouvement anticolonial autour de Patrice Lumumba (premier Premier ministre du Congo indépendant, assassiné quelques mois après cette indépendance, NdlR) ne sont pas suffisamment abordés », ajoute Marco Van Hees. « 80 ans de colonialisme brutal et violent et, par extension, l'assassinat de Lumumba, des décennies de soutien à la dictature de Mobutu et une ingérence constante dans la politique intérieure congolaise ont laissé une lourde empreinte sur la société congolaise jusqu'à ce jour. »
« Mais, il n'est pas surprenant que les nationalistes flamands et l'extrême droite ainsi que certains libéraux défenseurs de ces groupes financiers mettent déjà maintenant tout en œuvre pour mettre le rapport sous le tapis. Les mouvements antiracistes et décoloniaux doivent empêcher cela », conclut Marco Van Hees.