Comment le grand patronat tente d’utiliser la crise de l’énergie pour démobiliser le monde du travail
La FEB (l’association des grandes entreprises de Belgique) utilise la crise actuelle pour faire passer ses dogmes libéraux et casser le mouvement syndical en cours pour les salaires. Elle déclare: «l’indexation automatique des salaires est un désastre pour la compétitivité des entreprises. Pour sauver l'emploi, bloquons les salaires et stoppons l’indexation». Voici des arguments pour déjouer la stratégie de la FEB.
Des marges bénéficiaires records
Ce que ne dit pas la FEB, c’est que les entreprises européennes font des marges bénéficiaires historiques et que les entreprises belges sont au sommet européen en la matière.
Nos salaires ne sont pas le problème mais bien la solution
Ce que ne dit pas la FEB, c’est que c’est la consommation intérieure qui sauve encore un peu la croissance en Belgique (Voir le dernier rapport de la Banque nationale de Belgique). Si les salaires ne suivent pas l’inflation, c’est le pouvoir d’achat qui diminue et cela veut dire moins de dépenses et de commandes dans les magasins ou dans les PME. En d’autres mots, casser les salaires, c’est casser ce qui reste de croissance.
L’indexation automatique n’est pas suffisante
Ce que ne dit pas la FEB, c’est que l’indexation automatique des salaires ne couvre que partiellement l’inflation record actuelle. Chaque mois, la classe travailleuse perd du pouvoir d’achat. Et pour une partie des travailleurs et travailleuses du pays, la situation n’est déjà pas tenable alors que l’hiver n’est pas encore arrivé.
La FEB préfère les profits des géants de l’énergie aux intérêts des PME et indépendants
Ce que ne dit pas la FEB, c’est que le problème de l’écrasante majorité des entreprises n’est actuellement pas les salaires mais les prix explosifs de l’énergie. Le grand patronat préfère protéger le marché et les profits honteux du secteur de l’énergie au détriment du reste de l’économie, au détriment de l’immense majorité du petit patronat et des indépendants.
La FEB préfère les profiteurs de guerre à l’économie
Ce que ne dit pas la FEB, c’est que les sanctions contre le gaz russe enrichissent Gazprom (le géant du gaz russe), les monarchies du golfe, les producteurs américains de gaz de schiste et les grandes multinationales de l’énergie. Tout cela au détriment de l’économie européenne.
Tenter de mettre le monde du travail sur la défensive
La FEB tente de plonger la classe travailleuse dans la peur. Elle tente de lui dire que ce qu’elle a, c’est déjà trop. Elle tente de jeter des écrans de fumée sur les vraies causes et solutions de la crise actuelle. En résumé, elle essaie de profiter de la crise pour mettre la classe travailleuse sur une position de peur et une position de paralysie défensive. Une fois mis sur la défensive, il ne reste « qu’à pousser » pour faire reculer toujours plus le mouvement social.
La logique de la FEB fait le jeu de l’extrême-droite
La logique de la peur, de la résignation et de la démobilisation vise à casser les syndicats. Elle vise à ce que les syndicats ne soient porteurs d’aucun espoir dans la classe travailleuse. Et cette logique fait le jeu de l’extrême-droite. Sans perspective de progrès social et sans perspective de changement à travers l’action collective, ce sont les forces de division qui prendront le dessus. Avec des discours qui font croire que le salut des uns se fera au détriment des autres (via le racisme, le nationalisme,…). L’extrême-droite l’a d’ailleurs compris. Partout en Europe, elle cherche à convaincre le patronat qu’elle est la mieux placée pour le servir.
Le mouvement social ne se laisse pas faire
Heureusement, le mouvement social ne se laisse pas faire. L’automne s’annonce chaud et pas seulement à cause du changement climatique. Les organisations syndicales ont appelé à une première action à Bruxelles le 21 septembre prochain. Elles appellent à une grève générale en novembre pour sortir du blocage salarial et pour enfin prendre des mesures contre les géants de l’énergie.
C’est ainsi que la CSC exige du gouvernement qu’il «commence par taxer fortement les ‘super-profits’ des groupes industriels énergétiques et de toutes les autres entreprises qui s’enrichissent exagérément grâce à l’inflation.»
A la FGTB, on réclame « le blocage des prix de l’énergie, la redistribution des excédents de bénéfices des entreprises énergétiques et la réinstauration d’un contrôle public sur le secteur de l’énergie, de manière à garantir la sécurité d’approvisionnement et des prix abordables».