Comment le budget du gouvernement wallon MR-Engagés va toucher notre portefeuille
Ce mercredi 16 octobre à Namur, le gouvernement wallon a présenté son budget pour l’année 2025. MR et Engagés ont évoqué des « budgets raisonnables et prudents, qui réforment sans brutaliser » et ont assuré qu’il n’y aurait aucune nouvelle taxe. Fact-checking.
Le nouveau gouvernement wallon, en place depuis trois mois, a enfin dévoilé ses fameux budgets… juste après les élections communales. « Il s'agit d'un assainissement des politiques publiques en minimisant l'impact sur les citoyens », a prétendu le ministre-président wallon Adrien Dolimont (MR). En réalité, MR et Engagés prévoient 268 millions d'euros d'économies structurelles pour 2025 et plusieurs mesures vont clairement toucher les travailleurs et leur portefeuille.
Une menace pour les emplois publics
« Les premières victimes de ce gouvernement, ce sont les communes », affirme notre chef de groupe au parlement wallon, Germain Mugemangango. Le gouvernement prévoit en effet de supprimer le financement supplémentaire prévu pour le Fonds des communes (une des principales sources de financement pour les communes wallonnes) et de geler l’indexation du financement des points APE (une aide à l'emploi sous forme de subsides octroyés entre autres à de nombreux emplois publics dans les communes). Les communes vont ainsi perdre 30 millions d'euros de financement.
Autant d’argent qui ne pourra pas être investi dans des emplois publics ou des services. « Cela va mettre en péril des centaines d'emplois pourtant indispensables aux citoyens, dénonce Germain Mugemangango. Les communes vont devoir compenser cette baisse de financement, soit en supprimant des services, soit en allant chercher l'argent dans la poche des travailleuses et travailleurs. »
Nos déchets vont nous coûter plus cher
Le gouvernement wallon veut aussi supprimer un subside de 8 millions d’euros aux intercommunales qui gèrent les déchets. Cela signifie que ces intercommunales devront aller chercher de l’argent ailleurs. Et cela se répercutera immanquablement sur la facture adressée aux citoyens, à travers la taxe déchets que les communes leur font payer.
Le ministre chargé de la gestion des déchets, Yves Coppieters (Engagés) va même plus loin : il parle d'autoriser les intercommunales à facturer directement la gestion des poubelles aux citoyens, sans passer par les communes. « Or, quand on voit comment Idelux, le groupe d'intercommunales qui gère les déchets en province du Luxembourg, veut augmenter de 30 % ses coûts pour les communes, on peut craindre, avec ce nouveau système, une augmentation directe sur la facture adressée aux citoyens », estime Germain Mugemangango.
Des services publics moins accessibles
Non-remplacement des départs à la pension, non-prolongation des contrats à durée déterminée, limitation des embauches… Les fonctionnaires vont aussi subir la cure d’austérité que le gouvernement prévoit sur les services publics, avec des conséquences concrètes pour les citoyens.
Par exemple, avoir quelqu’un au téléphone pour obtenir des informations sur une prime à la rénovation deviendra de plus en plus long et compliqué. « D’un côté, l’accès à un service de qualité sera plus difficile pour les citoyens, et de l’autre, les travailleurs vont encore plus crouler sous la tâche à cause du manque d’effectifs », pointe notre chef de groupe.
Des coupes dans tout… sauf dans les privilèges des politiciens
Le ministre-président Adrien Dolimont prétend faire des efforts, lui aussi. Parce qu'il a réduit légèrement la taille de son cabinet. Mais son salaire et celui de ses collègues, à plus de 10 000 euros nets par mois, restent inchangés.
Rien n'est prévu non plus pour supprimer les primes de départ des parlementaires et mettre fin aux sursalaires pour fonctions spéciales - qui font grimper le salaire du président du Parlement, Willy Borsus (MR), à plus de 15 000 euros nets par mois - ou encore aux pensions exorbitantes auxquelles ils ont droit.
Le portefeuille des parents et des étudiants impacté
De son côté, le gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles annonce lui aussi 100 millions d’euros d’économies. Avec des mesures qui auront des conséquences directes sur le portefeuille des familles : la fin de la gratuité scolaire pour 56 000 enfants en 4e primaire, l'absence de plafonnement des coûts liés à l'école comme les voyages scolaires et les frais de garderie, ou encore le refus de limiter les coût exorbitant des études supérieures alors que les étudiants tombent de plus en plus dans la précarité. Par ailleurs, il n’y a pas eu un mot du gouvernement sur les 5 000 places en crèche publique annoncées.
« Au final, avec MR et Engagés aux manettes, c’est plus de taxes et moins de pouvoir d’achat pour les gens, résume Germain Mugemangango. On comprend mieux pourquoi ils ont attendu que les élections communales soient passées pour présenter la note aux citoyens. »