Christophe Collignon, le ministre du Logement qui ne voulait plus du logement social
Des chiffres chocs : alors que le ministre wallon du Logement Christophe Collignon (PS) vante sa politique pour plus d’accessibilité au logement et répète à souhait les montants investis, les dernières données de l’IWEPS montrent que le nombre de logements sociaux diminue : 126 logements sociaux en moins depuis 2019, le début de la législature. Cette donnée est passée sous les radars pour une raison : le flou langagier, volontairement entretenu, entre « logement public », « logement social » et « logement d’utilité publique ». Le PTB interpellera le ministre Collignon ce mardi à ce sujet.
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Le PTB pointe une baisse du nombre de logements sociaux qui serait cachée par un tour de passe-passe langagier du gouvernement. Selon Germain Mugemangango, chef de groupe PTB au Parlement wallon, « le logement social est en voie d’extinction. C’est grave et la majorité arrive à faire passer ça sous les radars simplement en parlant de “logement public” plutôt que de logement social ».
« Quand je demande à M. Collignon ce qu’il fait pour les 40 000 ménages sur liste d’attente d’un logement, il me répond qu’il investit dans le “logement public”. Mais on constate que ce sont des “logements moyens” ou “à loyer d’équilibre” qui sont créés. Or, ces logements sont accessibles uniquement aux candidats-locataires qui ont un certain revenu ou ont des loyers qui ne dépendent pas du revenu du ménage mais des prix du marché. 98,5 % des demandeurs sur liste d’attente ne sont pourtant pas dans les critères leur permettant d’accéder à ce type de logement, ils sont en attente d’un logement social. Donc pour qui crée-t-il des logements ? Les gens ont le droit de savoir ce que fait réellement le gouvernement Di Rupo », s’étonne Germain Mugemangango. Les chiffres sont en effet parlants : depuis le début de la législature PS-MR-Ecolo, 126 logements sociaux ont été supprimés.
« Mais l’artifice ne s’arrête pas là, on parle désormais de “logements d’utilité publique”. C’est un concept qui vise à inclure des logements subventionnés mais qui appartiennent toujours au privé. Le fait que le gouvernement ne parle plus que de “logements d’utilité publique” n’est donc pas neutre. Il ne s’agit non plus d’avoir une politique d’accessibilité au logement basée sur la solidarité publique, mais une politique du logement calquée sur le marché locatif privé, aux loyers indépendants des revenus, et dont la mise à disposition dépend de l’initiative privée. C’est la voie aujourd’hui privilégié par la majorité PS-MR-Ecolo » explique le député PTB. « Après avoir relégué au second plan le principe “social” du logement public, le gouvernement s’attaque à l’aspect “public”. C’est un tournant politique », ajoute-t-il.
« On a compris l’arnaque : avec un jeu de mot, le gouvernement prépare, à terme, la mise à mort du logement social et ne propose aucune réelle solution pour les 40 000 ménages, soit environs 90 000 personnes, attendant un logement social », conclut Germain Mugemangango.