Ces héros des soins de santé de Gaza n'abandonnent pas leur communauté

Vous avez peut-être vu la vidéo de l’infirmière étasunienne de Médecins Sans Frontières qui a pu quitter Gaza après 26 jours. Son récit des conditions sur place fait froid dans le dos. 

Mais elle a également apporté une note d'espoir en décrivant ses collègues palestiniens qu'elle a dû laisser derrière elle. Ce sont de véritables héros qui n'ont pas voulu laisser tomber leur communauté.

Nous avons demandé à certains membres du personnel de AWDA, l'organisation locale que l'ONG belge Viva Salud soutient, de nous faire part de leur expérience.

[Note : le lendemain du jour où nous avons reçu ces témoignages, l'hôpital était la cible de bombardements israéliens, comme l'explique le Dr Ahmad Muhanna dans cette vidéo sous-titrée en anglais]

Dr Ahmad Muhanna

Ahmad Muhanna est directeur de l'hôpital Al-Awda à Jabalia (Nord de Gaza).

« Nous sommes proches de la fermeture complète de l'hôpital Al-Awda à Jabalia. Nous essayons de continuer à soigner les gens à l’aide de lampes de poche et de lumières LED. Les chirurgiens travaillent avec des lampes frontales. Les opérations sont pratiquées sous anesthésie locale ou péridurale ; il n'y a pas d'opération sous anesthésie générale. Nous avons besoin de carburant, nous demandons aux organisations internationales d'intervenir et de nous aider ! »

Huda Diab

Huda a 30 ans, elle est résidente du camp de réfugiés de Jabalia, au nord de Gaza. Elle est responsable de jeunesse et fait partie de l'équipe de prévention et de promotion de la santé de AWDA.

« Le 12 octobre, après des jours de bombardements intensifs, nous avons été contraints de fuir vers le centre de la bande de Gaza au milieu de la nuit, après avoir reçu un simple sms d'Israël. Aujourd'hui, j'ai trouvé un foyer à l’hôpital Al-Awda de Nuseirat (Centre de Gaza) pour mes enfants et moi.

La situation ici n'est pas meilleure qu’au nord. Les attaques ne cessent pas et les conditions de vie sont vraiment délétères. On ne vit pas, on survit. Il y a deux jours, nous avons appris que ma belle-sœur a été assassinée avec ses enfants, son mari et d’autres membres de sa famille. Une seule bombe les a tous tués.

Les forces d'occupation israéliennes ont pris pour cible le quartier résidentiel où ils vivaient, dans le camp de réfugiés d'Al Shatee. Ils ont bombardé toute la zone pendant que les gens dormaient. Il n'y a aucun endroit sûr ici. AUCUN ! »

Dr. Raafat Al Majdalawi

Raafat Al Majdalawi est directeur général de l'hôpital Al-Awda à Al Nuseirat, au centre de Gaza.

« Le système de santé à Gaza était déjà complètement usé avant la guerre. Il y avait une pénurie constante de médicaments, de carburant et d'autres matériels essentiels à cause du blocus et du siège israéliens qui durent depuis 16 ans. Aujourd'hui, le système de santé est à l'agonie et se dirige vers une fermeture complète. C’est un désastre. Les femmes continuent d'accoucher, les malades du cancer ont besoin de leur traitement, les blessés doivent se faire opérer. Des gens meurent pour la simple raison qu'il n'y a pas de ravitaillement.

Il est extrêmement difficile de trouver 1 litre de carburant. L'hôpital Al-Awda au nord va devoir fermer ses portes dans quelques jours, alors qu'hier encore, il a reçu 90 patients gravement blessés, tous victimes d'un bombardement. Le jour avant, il comptait un total de 110 patients. L'hôpital Al-Awda à Al Nuseirat (centre de Gaza) est le seul hôpital qui offre des soins de maternité. À cause des migrations forcées, nous avons aujourd'hui 45 naissances par jour au lieu de quatre en « temps normal ». Mais nous continuons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider la population. »