bpost : une victoire importante dans le combat pour de meilleures conditions de travail
À travers un mouvement d’ampleur nationale particulièrement bien organisé, les travailleurs de bpost ont fait reculer le CEO Koen Van Gerven dans ses plans et ont arraché de belles avancées. Une étape importante dans leur lutte pour de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires, et plus de respect.
Le contenu de la nouvelle convention collective de travail négociée par les syndicats n’est pas encore totalement connu. Mais des premières infos qui circulent sur les réseaux sociaux, on sait déjà que les postiers ont obtenu de belles avancées :
- Maintien de la prime de production (qui était menacée de disparaître au profit des actionnaires).
- Augmentation barémique des agents auxiliaires (+ 1 % à quatre reprises les 12 premières années).
- Deux jours de congés supplémentaires pour les agents auxiliaires et ceux qui travaillent le samedi.
- Augmentation de la prime de fin d’année de 75 euros bruts et transformation en un vrai 13e mois pour les agents auxiliaires.
Ces mesures permettront aux postiers de souffler un peu financièrement (un facteur gagne environ 1400 euros par mois, sans possibilité d’augmentation avec l’ancienneté). Mais cela démontre surtout que, par l'action collective, les postiers peuvent décrocher des victoires. Et c'est sans doute la leçon la plus importante pour la suite. Car, avec des salaires en-dessous de 10 euros de l'heure, on est encore très loin des minima salariaux généralement réclamés par les syndicats. Pour rappel, la FGTB demande un salaire brut minimum de 14 euros par heure pour vivre dignement.
Cinq points forts du mouvement
Il n’y a pas de secret. Si les postiers ont su arracher cette belle victoire, c’est parce que leur mouvement était particulièrement bien pensé et bien organisé. On peut dégager cinq grands points forts.
1. L’unité. La grève était nationale, en front commun et rassemblait l'ensemble du personnel. Trieurs, camionneurs, facteurs, guichetiers, personnel du nettoyage ou agents des call centers : tout le monde était mobilisé. Il y avait également une magnifique solidarité interculturelle, que l’on a pu constater à tous les piquets. Travailleurs de toutes origines, Flamands, Wallons et Bruxellois, tous étaient unis avec la même rage de vaincre. Au « diviser pour régner » patronal, les postiers ont répondu par l’unité.
2. La planification. Organisée intelligemment par tournantes, la grève a permis à chacun de participer sans être trop sanctionné financièrement. Pour, au final, bloquer la distribution pendant plus d'une semaine.
3. Des revendications concrètes. La grève a commencé sur fond de ras-le-bol général, et c'est bien normal : les raisons d'être en colère chez bpost ne manquent pas. Au fur et à mesure de la grève, cependant, des revendications concrètes ont commencé à se dessiner, dont le maintien de la prime de production et l’augmentation des agents auxiliaires. Aussi, lorsque la direction a voulu trouver un accord en ignorant ces deux points, les postiers n’ont pas été dupes. Et ils ont eu raison, puisqu’ils figurent désormais dans la CCT.
4. Le soutien de la population. Les postiers ont pu compter sur le soutien de la population pendant leur combat. Les messages de solidarité étaient très nombreux sur les réseaux sociaux.
5. Une pression maintenue jusqu’au bout. Lorsque les négociations ont repris au terme des cinq jours de grève, les actions spontanées étaient toujours couvertes par les syndicats. De nombreux postiers ont continué à protester aux quatre coins de la Belgique. D’autres avançaient l’idée d’une opération escargot à l’occasion du Black Friday. Tout cela a mis la direction sous pression jusqu’au bout et a permis d’obtenir les avancées que l’on sait.
C’est cinq points forts doivent être soulignés et retenus. Ils permettront aux postiers d’arracher de nouvelles victoires dans les luttes futures.
Le besoin d’une vraie poste publique
Dans cette grève, nombreux sont ceux qui ont fait le lien entre les multiples dysfonctionnements chez bpost et la libéralisation. Beaucoup ont mis en avant le besoin d'une vraie poste publique : une poste ayant pour mission de rendre service à la collectivité, et non d'enrichir une poignée d’actionnaires.
Le ministre des Entreprises publiques, Alexander De Croo, a clairement fait comprendre qu’il n’était pas du même avis que les postiers. Pour lui, la direction actuelle de bpost est la bonne. Il faut donner priorité absolue aux actionnaires privés et pour cela, bpost doit entrer à fond dans le jeu de la concurrence avec les géants du colis comme Amazon.
Pour le PTB, au contraire, les postiers ont raison. Il faut revoir le modèle actuel de bpost. C’est le message que le porte-parole du PTB, Raoul Hedebouw, a fait passer dans le Parlement. Et c’est aussi le sens de notre pétition pour sortir bpost des griffes de la Bourse. Nous sommes pour une vraie poste publique, au service des gens et non du profit. Une poste respectueuse des travailleurs. Et nous soutiendrons les postiers dans leurs luttes futures pour une telle poste en Belgique.
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