Bien sûr que nous soutenons les blouses blanches par un fonds d'urgence ! Et, non, ce n'est pas un « danger pour l'État »
« Hier un amendement du PTB a été adopté au Parlement qui prévoit d’investir 67 millions extra pour le secteur des soins. Les libéraux et la N-VA ont directement commencé à paniquer un peu. « Irresponsable. Il n'y a pas d'argent pour engager des milliers d'infirmières », déclare David Clarinval (MR). Tandis que Peter De Roover (N-VA) prétend que le gouvernement pourrait ne plus être en mesure de payer les salaires des fonctionnaires.
Tout cela parce que le PTB fait octroyer 67 millions d'euros du budget, voté en « douzièmes provisoires », à un fonds d'urgence pour le secteur des soins. Ce qui ne constitue même pas un demi-pourcent du budget total.
La colère des blouses blanches
La création de ce fonds d'urgence est entièrement le résultat de la mobilisation des blouses blanches. Que ce soit dans les hôpitaux, les crèches et les maisons de repos, le personnel soignant est plus que surchargé. Dans notre pays, cela fait des années que les blouses blanches mènent des actions. En juin dernier, les professionnels des soins sont descendus dans la rue tous les mardis. Mercredi encore, le secteur fédéral des soins a fait grève pour insister sur leurs revendications. Dans toute l'Europe d'ailleurs, le secteur manifeste, entre autres en France, en Allemagne, en Pologne, en Grande-Bretagne, parce que la politique européenne d'austérité passe la tronçonneuse dans les soins. Or la santé ne peut pas être une marchandise, et un hôpital ne peut pas être un supermarché.
Le fonds d'urgence qui doit être mis sur pied suite à l'amendement du PTB permet à court terme d'engager du personnel supplémentaire et d'améliorer les conditions de travail. Le personnel soignant est débordé. La charge de travail est énorme en raison des horaires flexibles et du sous-effectif. Les infirmier.e.s ne peuvent parfois pas prendre deux semaines de vacances consécutives. Les salaires sont tellement bas que les postes à pourvoir restent longtemps vacants. Un fonds d'urgence de 67 millions d'euros pour novembre-décembre – 400 millions d'euros sur base annuelle – est le début d'une solution et, surtout, un signal clair : cette situation ne peut plus continuer, le secteur des soins mérite notre entier soutien.
L'épouvantail du shut-down
À en croire les partis de la Suédoise, c'est carrément un shut-down de l'État qui menace. « On ne peut pas improviser et dépenser 400 millions d'euros sans dire comment on va payer cela, juste au moment où la taxe sur les comptes-titres est annulée par la Cour constitutionnelle et que la Belgique se fait rappeler à l'ordre par l'Europe pour son déficit budgétaire. C'est jouer avec le feu pour les prochaines générations », dixit Servais Verherstraeten (CD&V). Mais qui est ici en train jouer avec le feu ? Qui prend ici notre pays en otage ? Est-ce la responsabilité du PTB si le gouvernement de droite a laissé le pays avec une dette d'un abîme financier de 8,5 milliards, qui risque même d'atteindre plus de 11 milliards en 2024 ? Est-ce la faute du PTB si cela fait déjà plus de 150 jours qu'il n'y a toujours pas de gouvernement, et même pas le début de négociations sérieuses ? Le véritable shut-down est le fait des partis séparatistes qui veulent prendre le pays en otage par leurs projets de scission – rejetés par la majorité des Belges, y compris en Flandre.
Les partis au gouvernement reprochent au PTB leur propre impuissance, mais leur manœuvre est évidente. Bien sûr que le pays n'est pas menacé de « shut-down ». Le budget peut être voté jeudi prochain en séance plénière extraordinaire, le 31 octobre, et donc parfaitement à temps. Le pays ne va donc pas s'écrouler. Ce qui, en revanche, s'est écroulé, c'est la crédibilité de la N-VA et des libéraux. Comment expliquer à la population que, sur un budget temporaire de 16 milliards d'euros, on ne peut octroyer 67 millions d'euros pour soulager les besoins aigus dans le secteur des soins ? Voilà qui explique les gémissements de la droite suite à l'amendement du PTB. Le gouvernement n'a pas de majorité pour sa politique d'austérité de droite, et cela devient une douloureuse évidence.
« Vals Belang »
Si l'amendement du PTB a été approuvé, c'est grâce aux voix du sp.a, du PS, de Groen et d'Ecolo. Pour finir, le Vlaams Belang a également voté pour. L'occasion pour le député libéral David Clarinval de s'écrier qu'il y avait eu une « rupture du cordon sanitaire par rapport au VB ». Rien n'est plus faux.
Premièrement, en tant que parti, nous avons toujours soutenu les actions du secteur des soins, également sur le terrain. Hier aussi. Ce que n'a au grand jamais fait Le Vlaams Belang.
Deuxièmement, le Vlaams Belang s'est abstenu quand nous avions déposé le même amendement en juillet. C'est également ce qu'ils comptait faire hier, une heure encore avant la mise au vote.
Le député Egbert Lachaert (Open Vld) a demandé explicitement en séance plénière à Vermeersch (VB) : « Allez-vous soutenir l'amendement van de PTB ? » Il a répondu, bredouillant, qu'il ne savait pas exactement de quel amendement il s'agissait (« certainement pas le nôtre ») et que le Vlaams Belang s'abstiendrait (« là, je peux être particulièrement clair »). Ce n'est que lorsque que ce parti a réalisé à quel point la population soutenait largement les blouses blanches que le Vlaams Belang a tourné casaque.
En outre, nous n'avions aucunement besoin des voix du Vlaams Belang. Si le VB s'était abstenu, comme annoncé, notre amendement aurait encore été approuvé avec sept voix en plus que nécessaire.
Que le Vlaams Belang ait décidé en dernière minute de quand même voter pour n'est pas à mettre au compte du PTB. Non, nous n'avons pas fait d'arrangement de vote avec le Vlaams Belang, et nous ne le ferons jamais. Le PTB est et reste dans ses principes de base un parti antifasciste. Mais ce n'est pas parce que le « Vals Belang » (le « faux intérêt ») tente fiévreusement de se tailler une image sociale que nous, PTB, n'allons plus déposer d'amendements positifs concrets.
Pour des soins de santé à la mesure des gens
Notre fonds d'urgence donne à court terme un ballon d'oxygène au secteur des soins. Il est toutefois grand temps de mener un débat de société fondamental sur les soins et sur la politique de santé menée ces dernières années par la ministre Maggie De Block. La situation est alarmante. Un hôpital sur trois est financièrement dans le rouge. Il y a une pénurie criante de personnel infirmier et la pression de travail est intenable pour le personnel. En Belgique, chaque infirmier.e doit s'occuper en moyenne de 11 patients, alors que c'est 8,3 dans le reste de l'Europe. Et pendant ce temps se succèdent sans cesse des nouvelles sur des médicaments au prix exorbitant, des accords secrets conclus avec Big Pharma et des déficits croissants dans la sécurité sociale. Nous voulons développer et renforcer la sécurité sociale, nous voulons des soins à la mesure des gens, à des prix abordables et avec suffisamment de personnel. Des soins où les professionnels du secteur et les patients sont prioritaires, et non pas les bénéfices de Big Pharma.