Beaucoup de bla-bla, pas beaucoup d'actes... Les partis traditionnels rejettent notre impôt de crise sur les grandes fortunes
Quand il s'agit de faire des grandes déclarations sur « faire contribuer les plus riches », ils sont toujours partants. Mais, quand il s'agit de passer aux actes, il n'y a plus personne..
« Je ne comprends pas que les socialistes et écologistes, qui prétendent vouloir faire contribuer les plus riches, aient voté comme la droite contre notre proposition visant à taxer les patrimoines de plus de 3 millions d’euros », déplore notre député et spécialiste fiscal Marco Van Hees.
Notre prévoit une taxe exceptionnelle (one-shot) de crise de 5 % sur les patrimoines de plus de 3 millions d’euros. Le rendement prévu est de 15 milliards d’euros.
Il faut dire que la Belgique n’a pas été épargnée par les crises successives (sanitaire, guerre en Ukraine, crise énergétique...). L’impact sur le budget de l'État et sur notre portefeuille s’est fait sentir.
« Ce prix a été payé presque entièrement par le monde du travail, par exemple à travers l’augmentation des accises sur l’énergie. Or, les familles belges les plus riches sont exonérées de toute contribution : le seul dispositif mis en place par le gouvernement (la taxe sur les comptes-titres) ne vise pas les plus hauts patrimoines. Ainsi, aucun des 40 milliardaires recensés en Belgique n’est touché par cette taxe », note Marco Van Hees.
Nous avions obtenu que la commission Finances de la Chambre auditionne à ce sujet l’économiste français Thomas Piketty, spécialiste des inégalités, et celui-ci avait soutenu le dispositif proposé.
L’enjeu de cette taxe est double. D’une part, renflouer les caisses des pouvoirs publics pour des investissements publics ambitieux – notamment dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et pour améliorer le régime des pensions. D’autre part, enrayer l’explosion des inégalités de patrimoine de notre pays.
En effet, selon Oxfam, le 1 % des Belges les plus riches possède un patrimoine cumulé de 662 milliards d’euros, soit plus que les 3/4 les moins riches de la population.
Malgré cela, et malgré les belles paroles des partis traditionnels, notamment PS et Ecolo, notre proposition a été rejetée. Le Vlaams Belang et la N-VA ont d'ailleurs aussi voté contre.
Mais nous continuons notre combat pour l’instauration d’une vraie taxe des millionnaires, qui serait permanente. Selon Oxfam, 74 % des Belges se montrent en faveur d’une taxe sur les grandes fortunes. Il ne s’agit d’une mesure qui n’est pas seulement nécessaire, mais aussi très populaire.